Casodom Talents d'outre-mer
Le Casodom récompense des parcours d’excellence
Loin des paillettes et des strass des trophées des arts afro-caribéens, le Palais d’Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental, ironiquement baptisé par certaines mauvaises langues, chambre des recalés, était, lundi dernier, la chambre des super calés ! Le Casodom (Comité d’action sociale en faveur des originaires des départements d’outre-mer en métropole) remettait pour la troisième fois ses prix Talents d’outre-mer. 12 jeunes talents et 13 talents confirmés ont ainsi été récompensés. Ils sont élève officier, ingénieurs, chercheurs, experts, super diplômés. Ils ont été sélectionnés ur une centaine de candidats ayant accompli dans un environnement métropolitain souvent difficile des parcours d’exception dans des filières sélectives ou des secteurs compétitifs. L’ambition de ces prix est, outre la reconnaissance que cela confère aux lauréats, d’inciter à travers ces modèles les jeunes ultramarins à visés des secteurs élevés de la vie économique sans se laisser décourager par des barrières raciales ou sociales. Les lauréats ont reçu un chèque de 2000 euros (pour les jeunes talents), un ordinateur offert par le CNES pour trois d’entre eux, et une médaille frappée, réalisée par Art de fondre, la société du président du groupement des entrepreneurs français originaires d’outre-mer (GEFDOM), Ruddy Jean-Jacques, par ailleurs le créateur de la statuette du trophée des arts afro-caribéen.
FXG, agence de presse GHM
Les jeunes talents
Antoine Raphaël, 28 ans, originaire de la Réunion, est chercheur en volcanologie et titulaire d’un doctorat de géophysique (Toulouse III). Ses travaux l’ont déjà fait remarquer de la communauté scientifique internationale car il est le premier à avoir démontré, par ses explorations sur le Piton de la Fournaise à la Réunion, qu’un volcan pouvait être ventilé par circulation d’air alors qu’ils sont généralement refroidis par eau. Ce qui lui a valu d’obtenir un post-doctorat de deux ans au Japon au sein d’une équipe de l’Earthquake Research Institute de l’université de Tokyo, qu’il rejoindra en fin d’année. A côté de ça, il est aussi guitariste et pilote amateur. « Je remercie la génération de mes parents qui se sont saignés pour que je sois là », a-t-il déclaré en recevant son prix.
Melina Baala, 23 ans, originaire Guadeloupe, est ingénieur en Génie urbain del’Ecole des ingénieurs de la Ville de Paris, où elle a été admise après un concours auxgrandes écoles (tronc commun Mines/Ponts et Chaussées). Elle effectue actuellement une spécialisation en Management et Ingénierie des transports à l’université de Berkeley en Californie où elle a été acceptée sur dossier, d’où son absence.
Célia Bichara, 26 ans, Guyanaise, est diplômée de HEC Paris, 2007. Elle est actuellement chef de projet chez SFR où elle s’occupe de l’accompagnement et du recadrage de la chaîne de recouvrement de l’entreprise. Emue, elle a déclaré au perchoir du palais d’Iéna : « La reconnaissance professionnelle est importante, celle de ses pairs l’est encore plus. »
Ludovic Bissol, 21 ans, a eu son bac S à 15 ans avec 20/20 en mathématiques. Ce Martiniquais a fait un double cursus : ingénieur en génie mécanique et conception, diplômé en 2008 de l’Ecole Nationale des Sciences appliquées (INSA) de Lyon, et prépare pour 2010 un mastère spécialisé en management de la technologie et de l’innovation à l’Ecole de Management de Lyon, business school européenne à vocation internationale. Il est actuellement en stage à l’Institut français du Pétrole. Il a, outre ce parcours brillant, initié toute sa promotion à la salsa en étant à la fois professeur et chorégraphe !
Ary Deleray, 22 ans, Martiniquais, est élève ingénieur en 3e année à l’Ecole nationale supérieure d’Agronomie et des industries alimentaires de Nancy en spécialisation biotechnologies. Il prépare également en cours du soir à l’Institut d’Administration des Affaires (IAE) de Nancy un mastère d’administration des affaires. Il est actuellement en stage dans une société de biotechnologies à Paris. Son mot de remerciement : « Tchinbé red pa moli ! »
Euzhan Mancée, 25 ans, , Guyanaise, est ingénieur, diplômée de l’école centrale d’Electronique de Paris (2006) et cumule un mastère en management et gestion internationale de projets obtenu à l’université de Paris Dauphine. Depuis 2008, elle est embauchée chez Microsoft France où elle gère un portefeuille de support technique grands comptes et coordonne les équipes techniques dédiées aux grandes entreprises. « Mes parents m’ont toujours fait comprendre qu’il n’y a pas de limites, quelles qu’elles soient ! »
Céline Montfort, 23 ans, Martiniquaise, est ingénieur agronome, diplômée de l’Ecole nationale d’Agronomie de Paris, (INA PG/Agroparistech), en spécialisation marketing. Elle est en stage à la direction marketing international de L’Oréal à Paris. Elle prévoit une spécialisation complémentaire à HEC ou à l’ESSEC. Heureuse de sa distinction, elle s’est écriée : »La représentation de la fgemme antillaise comme une femme forte, une femme poto mitan est une vérité ! »
Madaï Moutoussamy, 21 ans, a été bachelière à 15 ans. Cette native de Deshaies en Guadeloupe est élève officier ingénieur en 2e année à l’Ecole navale de la marine nationale française. Elle est la seule domienne dans cette filière. Elle a participé à une mission humanitaire organisée par l’ONU au large de Beyrouth en octobre 2008 avant de passer 3 semaines sur un voilier de la Coast Guard américaine, à patrouiller le long de la côte est des Etats-Unis. « Je suis fière de ma famille, a-t-elle déclaré, elle avait peu de moyens mais beaucoup d’amour ! » Elle raconte comment sa mère tout juste divorcée a pris en main le destin de ses enfants : « On avait une toute petite voiture qu’on appelait Torpedo, elle montait les côtes ! Ma mère avait un champ de patates douces qu’elle vendait 2 euros le kiolo et ça a fait plein de billets ! ». La jeune fille raconte encore qu’en terminale, à Lyon, elle ignorait tout des classes préparatoires : « J’ai manqué le coche… » Heureusement, un professeur, originaire comme elle de Deshaies, lui a parlé de la possibilité de faire une seconde terminale pour prendre le temps de la réflexion. Elle décroche un second baccalauréat avec mention et entre en prépa. Par la suite, elle passe plein de concours avec succès mais elle ne donne pas suite, elle ne visait qu’une école militaire. C’est chose faite.
Sylvia Payet, 26 ans, est ingénieur en génie mécanique, diplômée de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan qui forme à la recherche aérospatiale. Première Réunionnaise admise à cette école scientifique de haut niveau, elle prépare pour 2010 à l’Ecole des Mines de Paris un doctoraten sciences et génie des matériaux, spécialisé dans la recherche aérospatiale. Elle a effectué un stage de mécanique numérique à l’universitéd’Austin au Texas et prépare actuellement sa thèse de doctorat à l’Office national d’Etudes et de Recherches aérospatiales (ONERA), premier acteur de la recherche aérospatiale en France. « En rendant visible nos trajectoire, on élargit la vision des domiens. »
Benjamin Resid, 23 ans,Guadeloupéen, est ingénieur diplômé de l’Ecole spéciale des Travaux Publics, ESTP (2009). A l’issue de son stage, il vient d’être recruté par la filiale suisse de Bouygues Construction à Lausanne. Ancien champion junior de Guadeloupe d’athlétisme (100 et 200m) et médaillé du relais 4x 100m aux championnats de France d’athlétisme junior, il a passé son bac à Baimbridge. « Ce prix récompense le talent, mais aussi beaucoup de travail ! »
Elodie Trouillefou, 24 ans, Guadeloupéenne a un mastère 2 en nouvelles technologies de l’énergie (3e cycle à l’Ecole des Mines de Paris) et un mastère spécialisé en ingénierie et gestion de l’énergie (sept 2009). Elle vient d’être recrutée à la Réunion comme chef de projet dans un bureau d’ingénierie spécialisé dans le photovoltaïque, et l’énergie solaire et thermique. Sa mission : ouvrir une agence en Guadeloupe afin d’y développer des projets d’énergies nouvelles. En recevant son prix, elle s’émerveille : « Ca fait plaisir de voir tant de domiens qui ont réussi ! »
Talents confirmés
Pascal Vairac, 41 ans, Guadeloupéen, a eu un DUT de génie électrique et informatique industrielle en 1989 à l’IUT de Belfort, il n’a cessé de valoriser son potentiel jusqu’à l’obtention d’un doctorat en sciences de l’ingénieur à l’université de Franche-Comté (1996). Devenu maître de conférence en 1998, il passe le diplôme d’habilitation à diriger des recherches (2002) et accède, deux ans plus tard, à la qualification de professeur des universités ; poste qu’il occupe en 2007 à l’Ecole Nationale Supérieure de Mécanique et des Microtechniques de Besançon (ENSM, 2e école nationale supérieure d’ingénieurs en France). Il y dirige une équipe de recherche de 100 personnes en tant que directeur adjoint d’un département de recherche dépendant du CNRS. Depuis juin 2009, il est directeur adjoint de l’ESNMM.
Marie-Laure Clain, 25 ans, est une Réunionnaise ingénieur agronome, diplômée de Supagro à Montpellier, spécialisée dans les nouvelles technologies de l’information adaptées au monde agricole. Elle a fait son stage en Australie dans un centre de recherche international sur l’agriculture de précision et vient d’être recrutée à Montpellier, comme chef de projet dans une société éditrice de logiciels de traçabilité pour le monde agricole ; une entreprise à la pointe de ce secteur. « Je remercie mes enseignants qui m’ont orientée et j’engage les Domiens à poursuivre des études en France métropolitaine. »
Régis Cornélie, 34 ans, Guadeloupéen, est diplômé de HEC, ancien banquier d’affaires au sein de la Compagnie Financière de Rothschild, chargé de conseils en fusions et acquisitions. Il a ensuite exercé à New York dans une filiale de Crédit Lyonnais, avant de rejoindre en 2001 à Paris le leader mondial du conseil en stratégie pour les grands groupes (Boston Consulting Group). Actuellement chef d’entreprise, il a créé en 2006 en Guadeloupe la Fabrique des Douceurs, une entreprise produisant des fruits confits tropicaux pour une clientèle à l’exportation. « Mon père m’a montré qu’on peut prendre l’ascenseur social en travaillant. »
Ryaz Daoud Aladine, Réunionnais, 26 ans, est diplômé de l’Ecole Centrale de Paris (2006), ingénieur nucléaire chez AREVA. Actuellement il est détaché en Allemagne pour une durée d’un an, où il représente la partie française au sein d’une équipe en charge des analyses de sûreté et de dimensionnement du projet de future centrale nucléaire EPR de Flamanville 3 actuellement en construction. Il est le seul Français de l’équipe. « Il y a un manque d’informations criantes pour m’accès à certaines filières. »
Jean-Christophe Duton, 28 ans, Martiniquais, est avocat au barreau de Paris depuis 2007, spécialisé en Télécommunications, Média et Technologies. Il a effectué un sextuple cursus : diplôme de l’Institut national des Télécommunications en 2000 (Télécom Sud Paris), avec un échange académique pour un MBA de l’université de Singapour ; maîtrise de sciences de gestion, option Finances ; DESS de droit des systèmes et du multimédia (2e de sa promotion à l’université Robert-Schumann), diplômé de sciences-po Paris, 2004, (mention affaires publiques). Il obtient son certificat d’avocat en 2007 à Paris, de même qu’un mastère en droit des affaires à l’université de Sceaux. Il exerce actuellement dans un cabinet d’avocat d’affaires international consulté par des gouvernements et des autorités de régulation pour la mise en place de réformes en matière de télécommunications et de technologies de l’information. Il se forme également en droit anglais et est en passe d’obtenir un mastère de droit de l’University College de Londres. Il fait partie des trois avocats du barreau de Paris sélectionnés en 2008 pour un échange avec le barreau de Londres. « Ma réussite relative est le résultat d’efforts individuels intenses et de sacrifices de mes parents. »
Christophe Elie-dit-Cosaque, 28 ans, est maître de conférence en sciences de gestion à l’université Paris Dauphine. Il a fait un double cursus : doctorat en sciences de gestion (Dauphine, 2008) et PHD en systèmes d’information de l’université d’Etat d’Atlanta (USA). Il a salué « la valeur du travail et de la persévérance ».
Laurent Fontanaud-Fontaine, 34 ans, Réunionnais, est un ancien éducateur spécialisé, devenu agriculteur pour reprendre l’exploitation de ses parents décédés. Il a suivi un cursus complet dans le domaine agricole et s’est spécialisé dans les cultures hors sol. Il se forme ensuite en agriculture raisonnée et, par le circuit de la validation des acquis, obtient sa licence à Supagro à Montpellier en 2009. Sa reconversion en a fait un des pionniers de l’agriculture raisonnée à la Réunion. Il a transformé l’exploitation de canne à sucre de ses parents en plantation de letchis et s’est spécialisé en arboriculture fruitière afin de se lancer dans la production de confitures fermières. Avec la certification Agriculture raisonnée en 2005 pour l’ensemble de son exploitation, il est labellisé en 2008 de « la Clef Verte » pour le management du camping à la ferme, une activité d’appoint qu’il ajoute à son exploitation. Brillant étudiant à Supagro, son jury de licence lui a proposé de devenir formateur pour la licence d’agriculture raisonnée afin de faire bénéficier d’autres agriculteurs de son expérience.
Livio Gautier Rufine, 31 ans, Guadeloupéen a obtenu un doctorat de chimie soutenu à l’Institut Français du Pétrole. Il a fait son post-doctorat à la prestigieuse université Imperial College of London où il a participé à un projet piloté par le ministère de l’Industrie britannique. Actuellement chercheur au département des géosciences marines de l’IFREMER, Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer, il est spécialiste des hydrates de méthane et représente un profil unique en France dans une spécialité encore très rare dans le monde. Il a apporté un plus à l’Ifremer en lui permettant de se positionner dans la recherche des réservoirs pétroliers et gaziers dans les fonds marins. Des recherches qui suscitent un grand intérêt dans le monde puisqu’elles permettront de savoir si ces hydrocarbures marins seront exploitables ou pas. Il a participé à différentes missions d’explorations en mer, notamment dans une zone pétrolifère au large du Nigeria, en mer de Marmara en Turquie pour y évaluer les risques sismiques et géologiques, et enfin dans la zone arctique sur un programme mené par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni.