Cesaire a Paris
"Ici a vécu Aimé Césaire..."
Sur la grille de la résidence des Deux-moulins, coté rue, une plaque de marbre indique sobrement : « Ici a vécu Aimé Césaire de 1945 à 1993. » Le maire du 13 arrondissement, l’adjoint à la culture de la ville de Paris et la ministre George Pau-Langevin l’ont inaugurée vendredi en fin d’après-midi au niveau du 8 de la rue Albert-Baylet, à deux pas de la place d’Italie A l’origine de cette stèle, Diane Pelta, aujourd’hui décédée, ancienne présidente de l’association des résidents. Elle fut longtemps voisine d’Aimé Césaire. La plaque comporte une erreur car le député maire de Fort-de-France ne s’y serait installé que vers 1980. Pierrette Lombes habitait deux étages au-dessus de chez lui. L’entrée est toujours au 25 et l’appartement d’Aimé Césaire était au 5e, face aux espaces verts.
A peine le poète a-t-il pris ses quartiers, Pierrette se fait dédicacer son exemplaire de « Moi laminaire » acquis peu de temps auparavant. « Une vie et ses blessures, un combat, une diffuse et têtue espérance, tout cela se décante dans ces poèmes, jalons d’une vie d’homme », a écrit Césaire. Pierrette Lombes et Aimé Césaire se rencontraient dans les espaces communs, les allées de la résidence. « Nous discutions une dizaine de minutes de temps en temps… C’était un homme doux, toujours seul, qui marchait lentement, souriant, paisible… C’était paradoxal par rapport à ses écrits. Tout le monde le connaissait dans la résidence et bien qu’il fut une sorte de lumière en ce lieu, il était un petit peu en retrait. » Elle se souvient de lui au moment de la sortie de La tragédie du roi Christophe à la Comédie française. « Comme je faisais la moue, il m’a dit : il ne faut pas confier les mises en scène à certains intellectuels… » Quand sort Rue Case-negre, il lui parle d’Euzhan Palcy qui a été son élève. « Et il me racontait l’histoire de sa grand-mère… » Au moment des 80 ans de Senghor, il lui lâche ; « Vieillir et s’approcher de la mort, ce n’est pas rien. »
Césaire venait habiter cet appartement quand il venait siéger à l’Assemblée. Il y rentrait souvent fort tard et toujours seul. Son fils Jean-Paul avait un appartement dans la même résidence. « Il a déménagé quand il a laissé son mandat de député en 1992 », se souvient Pierrette… Elle est allée le voir à Fort-de-France, l’année avant sa mort. Il l’a reçue dans son bureau de l’ancienne mairie. « Ça a été nos adieux. »
FXG, à Paris