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Publié par fxg

 

Aimé Césaire au Panthéon

Le poète antillais rejoint aujourd’hui (mercredi 6/04) d’illustres prédécesseurs tels Victor Hugo, Jean Moulin, André Malraux ou encore Alexandre Dumas. Mais qui était vraiment Aimé Césaire ? Retour sur un parcours unique, qui épousa les méandres de la République.

« Préservez-moi de toute haine, ne faîtes pas de moi un homme de haine pour que je n’aie que haine… » Extrait du Cahier du retour au pays natal, 1939, les écrits de Césaire portent « La marque d’un des plus grands poètes du XXe siècle… » doué d’ « une géniale impertinence qui allait marquer profondément la littérature française », selon Frédéric Mitterrand, qui a présenté la semaine dernière la panthéonisation de l’ancien député (1945-1993) et maire (1945-2001) de Fort-de-France.

Né en 1913, Aimé Césaire était enseignant, poète, co-fondateur avec Léopold Sédar Senghor de la revue L’étudiant noir (1934) et du concept de la négritude. Il fut également à l’origine de l’appel à l’émancipation avec Le Discours sur le colonialisme (1955) ­- «  que de sang dans les mémoires » - ou du premier congrès des écrivains noirs à Paris (1956). Il est encore, en 1946,  l’homme de la départementalisation des quatre veilles colonies (Guadeloupe, Réunion, Guyane et Martinique) contre « la citoyenneté marginale », en même temps que le militant du parti communiste, jusqu’à sa lettre de rupture à Maurice Thorez (1956). On se souviendra également de son refus, en 1981, de répondre favorablement à François Mitterrand pour devenir ministre de la Culture, « pour ne pas abandonner les Martiniquais ».

Mais pourquoi alors panthéoniser cette voix, celle de l’homme que toute la France gaullienne, pompidolienne et giscardienne et ses représentants politiques vouaient aux gémonies ? « Parce que cette mémoire et ces chants, répond l’actuel ministre de la Culture, appartiennent à tous et, dans la mémoire postcoloniale, il faut nous donner l’occasion d’embrasser toute notre histoire… » En 1949, Victor Schoelcher, celui par qui l’esclavage a été aboli, entrait au Panthéon. Puis ce fut le tour d’Alexandre Dumas, le métis de Saint-Domingue, en 2002. En 1991, la pièce d’Aimé Césaire, La tragédie du roi Christophe (1963), était incorporée au répertoire de la Comédie française. Cette fois, comme Aimé Césaire, mort en 2008, a voulu reposer en terre martiniquaise, c’est une plaque qui va incarner sa présence sur la colline Sainte-Geneviève, le faisant rejoindre les grands hommes qui l’ont précédé: Victor Hugo, Jean Moulin, André Malraux…

La cérémonie d’hommage national aura lieu aujourd’hui (mercredi 6 avril) à partir de 17 heures. Elle sera présidée par celui qui avait dû essuyer dans un premier temps le refus du poète de le recevoir en 2005, parce qu’il dirigeait alors l’UMP, le parti politique qui avait fait adopter la loi sur « la colonisation positive », Nicolas Sarkozy.

FXG (agence de presse GHM)

 

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