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Publié par fxg

La poésie politique de Césaire revisitée au Sénat

comediennes-ert-Maximin.jpgAprès l’Assemblée nationale en juin, c’est le Sénat qui a rendu hommage à Aimé Césaire, mercredi après-midi, dans les salons de la présidence du palais du Luxembourg en présence, entre autres, de Christiane Taubira, Victorin Lurel, le president Jean-Pierre Bel, les sénateurs Larcher, Antiste, Gillot et Desplan, l’eurodéputé Tirolien et quelques adolescents emmenés par Marie-Victoire Venus-Ploton.

L’hommage a débuté avec une lecture de textes par les comédiennes Marie-Noëlle Eusèbe et Mylène Wagram, ponctuée par des interventions de Daniel Maximin. Voulant éviter pour une fois les œuvres les plus connues du poète martiniquais, Daniel Maximin a choisi de s’intéresser aux « fondements poétiques, politiques et historiques d’Aimé Césaire ». Ainsi l’assistance a pu entendre des textes issus de la revue Tropiques, « des textes sur le programme de ce que devait être la vie apres la guerre, écrits par un jeune homme de moins de 30 ans… Il y a là quelque chose d’assez enraciné, a expliqué Daniel Maximin, et c’est cette Martinique qui lui a donné cette pensée qui, ensuite, a été vers le monde. » L’enracinement politique de la poésie césairienne s’est ainsi révélée au fil des lectures. « Le peuple, l’emancipation, la liberté sont porteurs de poésie et de l’engagement du poète et de l’homme politique », poursuit Daniel Maximin qui pose la question essentielle : « Comment un poète ne se trahit pas ? » Car si la libération politique est un moyen, la liberté est le vrai but. Et c’est par le théâtre que Césaire répond à cette question. « Au moment de l’indépendance, les oppressions intérieures peuvent commencer : Christophe et Pétion en Haïti, Lumumba et Mobutu au Congo… Césaire s’empare ainsi de la tragédie qui suit la libération. » Et c’est ce qui explique son évolution vers l’autonomisme.

Sans la poesie, la politique est un songe creux

Colloque-Cesaire-tribune-et-assistance.jpgL’évolution politique de Césaire, ses relations avec Frantz Fanon ont été au cœur des débats de la table ronde qui a suivi avec Romuald Fonkoua, professeur des littératures francophones et rédacteur en chef de Présence africaine, et Christiane Chaulet-Achour, professeur de littérature comparée et francophone. « Fanon est allé au bout d’une idée qui était chère à Césaire », a rappelé Mme Chaulet-Achour. « L’indépendance pour la Martinique le fascine et l’effraie à la fois, reprend Romuald Fonkoua N’est-ce pas de son île qu’il a dit : beaucoup de dictateurs en puissance… »

Dans les salons du Sénat, une vérité émerge : sans la poésie, la politique ne serait que « songe creux ». La réalité profonde de l’engagement ne doit pas se limiter à la conquête et la prise du pouvoir. « Le garant de la justesse politique, c’est quelque chose que disent l’art et la poésie, conclut Daniel Maximin. La culture qui est l’identité prime le politique et c’est elle qui légitime qu’un peuple se libère, s’émancipe. »

FXG, à Paris


Ils ont dit

Christiane Taubira : « Vous savez l’attachement que je porte à Aimé Césaire et la part qu’il a prise à mon éveil de conscience lorsque j’étais adolescente. »

Jean-Pierre Bel : « Aimé Césaire appartient aux grands personnages qui ont balisé mon parcours idéologique et politique au même titre que Jean Jaurès. Je l’ai rencontré, lui ai longuement parlé et j’ai gardé une impression si forte que j’essaie de comprendre encore pourquoi. Ce colloque m’a fait avancer… »


Taubira face à « une imbécillité absolue »

Antiste-Larcher-Taubira-Bel-Lurel.jpg« Il ne me vient pas du tout à l’idée de lier un hommage à Aimé Césaire à une imbécillité absolue. » La réponse de Christiane Taubira à une question de nos confrères de la radio publique d’outre-mer, à la sortie d’un hommage à Césaire au Sénat, mercredi, a coupé court au débat. Une tentative pour faire réagir la ministre de la Justice à la sortie d’Anne-Sophie Leclère, une candidate du Front national dans les Ardennes, qui a comparé la garde des Sceaux à un singe. Et tandis que le Collectifdom et le CRAN, chacun de leur côté, ont annoncé qu’ils déposaient une plainte contre la militante du FN, nombre de personnes présentes lors du colloque ont fait part de leur admiration envers la ministre de la Justice qui a préféré répondre par le mépris, en renvoyant le parti de Marine Le Pen à « sa pensée mortifère et meurtrière » plutôt que par voie de justice à cette attaque digne du temps de l’exposition « Le Juif et la France », à l’époque vichyste.

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