CIOM
Aujourd’hui premier conseil des ministres consacré à l’outre-mer
Tous les ministres du gouvernement sont convoqués ce vendredi à 11 heures à l’Elysée pour le premier conseil interministériel de l’Outre-mer (CIOM), une promesse de campagne du candidat Sarkozy, mais surtout l’aboutissement des états généraux de l’Outre-mer décidés le 19 février par le président de la République pour mettre fin à la crise de l’hiver dernier aux Antilles. « Nicolas Sarkozy veut montrer l’intérêt de tout le gouvernement pour l’Outre-mer », souligne un proche du dossier qui ne veut rien dévoiler des mesures qui seront prises parce que c’est le président de la République qui les révèlera lors du discours (plus d’une heure !) qu’il prononcera à 17 heures devant plusieurs centaines d’invités (les élus d’outre-mer, les rapporteurs et les membres des ateliers des états généraux, les forces économiques et sociales et le monde du sport et de la culture d’outre-mer… 1000 personnes attendues). Pendant ce CIOM qui doit durer environ une heure, derrière Nicolas Sarkozy, François Fillon, Brice Hortefeux, Marie-Luce Penchard, la secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Christine Lagarde, Jean-Louis Borloo et sans doute un cinquième ministre devraient prendre la parole.
Quelles mesures censées changer la donne en outre-mer seront prises ? Depuis la restitution des états généraux de l’outre-mer, le 1er octobre dernier, il y a eu dix-huit réunions interministérielles et des dizaines d’autres informelles. On peut s’attendre à quelque 200 mesures dont 70 transversales. « Le président de la République n’aurait pas convoqué un CIOM pour vingt mesures ?! », s’offusque une source qui souligne le caractère inédit dans l’histoire de la Ve République de ce conseil des ministres. Pour autant, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, et le conseiller outre-mer du président, Olivier Biancarelli, ont imposé le silence. Malgré le secret, on peut s’attendre à des mesures touchant à la transparence de la formation des prix, la lutte contre les monopoles, l’insertion des territoires dans leur environnement régional, l’emploi local, la production locale et le développement endogène, la gouvernance et d’importantes décisions autour de projets structurant en matière de tourisme, de santé ou d’énergie.
FXG, agence de presse GHM
L’emploi local
La crise de l’hiver dernier a révélé un malaise au niveau de l’emploi. Notamment celui des jeunes diplômés qui sont condamnés à l’exil ou au chômage. Ainsi, l’on sait que le gouvernement réfléchissait ces derniers temps à un programme cadre visant à favoriser les expériences professionnelles des jeunes diplômés en métropole afin de leur ouvrir les portes des entreprises qui jusqu’alors préféraient avoir recours à des cadres métropolitains.
Production locale et développement endogène
Autre élément révélé par le LKP (Collectif contre l’exploitation abusive) : la cherté du coût de la vie et l’absurdité d’une politique commerciale axée sur l’importation à tout crin. Le gouvernement devrait tenter d’y répondre par des mesures propres à favoriser une production locale et un développement endogène. Ce serait la fin d’une économie dite de comptoir. Ces mesures devraient être permises par la publication des décrets d’application de la loi d’orientation pour le développement économique de l’outre-mer, mais aussi la structuration des filières, l’accompagnement technique et humain des productions agricoles. Il devrait aussi être question de la création de commissaires au développement endogène.
Renforcement des conditions de concurrence
Le gouvernement devrait prendre des mesures propres à abaisser les seuils de notification des opérations de concentration dans certains secteurs, comme la grande distribution. Dans le même temps, il s’agira aussi de renforcer les capacités de contrôle.
Gouvernance
L’Etat devrait réaffirmer l’idée qu’il est prêt à accorder plus d’autonomie aux collectivités qui la demande, mais parallèlement on s’attend à un chapitrer important sur le renforcement du rôle de l’Etat et de ses marges de manœuvres : décentralisation et déconcentration.
La coopération régionale
Elle a été l’un des thèmes forts de ces états généraux de l’outre-mer : comment insérer les territoires d’outre-mer dans leur environnement géographique ? L’Etat ira-t-il jusqu’à déléguer une partie de sa représentation aux collectivités territoriales, notamment au sein du Caricom (marché économique caribéen) ? L’idée maîtresse reste d’utiliser les DOM comme une task force de la technicité française en matière d’énergies nouvelles et de nouvelles technologies de l’information et de la communication en Caraïbe et dans l’océan Indien.