CIOM
SARKOZY PROMET UN NOUVEAU DEPART POUR L'OUTRE-MER
Un observatoire des prix indépendant, un cursus complet d’études de médecine aux Antilles et une promotion pour Marie-Luce Penchard. Tels sont les premiers faits marquants qui ressortent parmi les 160 mesures annoncées hier à Paris
« Nous avons collé aux états généraux et apporter nos propres idées », commentait hier peu avant le discours du président de la République un conseiller de l’Elysée. Au final, il ressort de ce premier conseil des ministres de l’outre-mer (CIOM) 71 mesures transversales, communes à tous les DOM et 66 territoriales (elles doivent être mises en ligne sur le site de l’Elysée). Après François Fillon, qui a présenté l’historique et la méthode et les lignes forces de ce CIOM, Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur a évoqué les mesures liées à la gouvernance. Nonobstant les référendum de janvier 2010 qui concernent la Guyane et la Martinique, il a été question de l’évolution du rôle des services déconcentrés de l’Etat, qui devraient gagner en souplesse et en adaptation aux réalités locales. L’Etat sera aussi plus présent puisque les préfets pourront désormais se substituer aux collectivités en cas de carence de celles-ci ; il pourra aussi décider d’ajuster localement les investissements des crédits d’Etat. « L’esprit est un meilleur accompagnement des collectivités locales », résume un conseiller de Nicolas Sarkozy. Sur le plan régional, l’Etat permettra désormais aux collectivités régionales de représenter la France sous mandat dans les négociations internationales de bassin. Marie-Luce Penchard qui doit ainsi devenir ministre de l’Outre-mer auprès du ministre de l’Intérieur a évoqué l’égalité des chances, la culture et la jeunesse avant que Jean-Louis Borloo n’évoque le développement durable et la biodiversité. Le CIOM a notamment décidé que les DOM parviendraient à l’autonomie énergétique en 2030. Pour cela, le prix du rachat de l’électricité issue des énergies propres sera augmenté de 20 % (y compris l’électricité marine ou géothermique en Guadeloupe).
Observatoires des prix présidés par une autorité indépendante
Hervé Novelli est intervenu lui pour parler concurrence, tourisme et développement endogène. Les règles de la concurrence seront donc durcies avec un abaissement des seuils de notification à l’autorité de la concurrence pour la concentration dans la grande distribution. Les seuils ne sont toutefois pas encore fixés. L’Etat, pour renforcer les contrôles va créer des groupement d’intervention régionaux de la concurrence. Ces GIR « concurrence » seront à même de contrôler sur place et sur pièce des transports aux grossistes jusqu’aux distributeurs. Ils seront composés de la répression des fraudes, des douanes ou encore des services vétérinaires. De même les observatoires des prix seront présidés par une autorité indépendante et pourront saisir directement l’autorité de la concurrence. En matière de tourisme, un moratoire sur les dettes sociales sera accordé à court terme à l’hôtellerie aux Antilles et les chèques vacances utilisés sur ces départements seront bonifiés, de l’ordre 20 %, histoire de relancer la destination. Un commissaire du développement endogène sera nommé dans les trois bassins que sont les Antilles, la Guyane et l’océan Indien.
Créer un véritable marché antillais
Aux Antilles, son rôle sera de créer un véritable marché antillais pour permettre la mise en place de lignes industrielles, comme la banane antillaise a su le faire. En Guyane, il devra mettre en place un marché commun du plateau guyanais et du Brésil afin de permettre un meilleur approvisionnement du marché local. « Il y a des problèmes de droit que nous résoudrons », précise le conseiller. Dans l’océan Indien, ce commissaire aura pour rôle de diversifier les relations commerciales avec les pays de la zone et ses 58 millions de francophones, notamment Madagascar.
Un débat s’en est suivi entre les ministres. Eric Besson a parlé d’intégration des identités ultramarines dans l’identité nationale, Lemaire a annoncé la généralisation des instituts techniques pour les filières agricoles, notamment pour la pêche, afin, à terme, d’arriver à créer une filière d’exportation. Pour cela, une enveloppe de 40 millions d’euros dédiée à la diversification sera inscrite au collectif budgétaire de 2010. Frédéric Mitterrand qui a annoncé la création d’une agence des cultures d’outre-mer, la diffusion de France Ô sur l’ensemble de l’Hexagone et un événement : 2011, année de l’Outre-mer en France. En terme de santé, Roselyne Bachelot a officialisé la création d’un cursus d’études de médecine complet aux Antilles, la création d’une filière hospitalo-universitaire à la Réunion, prémisse d’un CHU et, dans les quatre DOM, d’un institut de formation aux métiers de la santé. Elle a annoncé pour la Guyane, la création d’une plateforme préparatoire pour les sportifs de haut niveau en prévision de la coupe du monde de foot et des jeux olympiques, pour la Guadeloupe, la création d’un pôle d’excellence sportive et, à la Réunion, un renforcement du CREPS. Bernard Kouchner a proposé 130 mesures d’allègement de visa, notamment avec le Brésil et de nombreux Etats caribéens. Eric Châtel s’est engagé à lancer un plan massif contre l’illettrisme ,avec une scolarisation dès l’âge de 3 ans pour les non-francophones, un fonds spécial, dès 2010, pour la construction et l’entretien de bâtiments scolaire pour la Guyane. Enfin, au nom de la Justice, Michèle Alliot-Marie a annoncé la création de lieux d’incarcération à Saint-Martin et le renforcement de la chambre détachée de la cour d’appel en Guyane. En matière le logement, l’Etat devrait céder du foncier gratuitement, notamment en Guyane pour construire du logement social et les bailleurs sociaux pourront se substituer financièrement aux collectivités défaillantes. Côté fonction publique, les règles de mobilité seront assouplis pour les agents B et C pour faciliter leur emploi dans leur territoire, de même qu’un vivier interministériel sera mis en place. Par ailleurs, les nominations de chef de service seront désormais soumises à la double signature du ministre de tutelle et de celui de l’Outre-mer. En matière de dialogue social, le président a déclaré qu’il allait saisir les organisations syndicales nationales pour modifier les règles de représentativité des syndicats au niveau local.
Avant que Nicolas Sarkozy ne conclue cette intense journée, un proche du président confiait que « la boîte à idées ne se refermait pas brutalement et qu’ il y aura d’autres CIOM… La matière des états généraux n’a pas été épuisée. »
FXG (Agence de presse GHM)
Réactions
Chantal Berthelot, députée (groupe SRC) Guyane
« Je me réserve quelques jours pour consulter les documents mais je peux avoir deux réactions. La première : quand le président de la République dit on va importer de la viande du Brésil je dis danger par rapport aux éleveurs guyanais, dont je fais partie. Deuxième chose : la mise en place d’un institut agricole. Je dis bravo parce qu’on a besoin d’une interface entre la recherche et le développement. Le monde agricole a besoin d’être boosté.
Le seul chiffre qui apparaît, c’est les 40 millions pour la diversification agricole. Je crois que quel que soit l’analyse que j’aurai sur les mesures dans quelques jours, tout dépendra de la volonté en Guyane de mettre en œuvre ce qui a été acté. Le président de la République peut faire des déclarations, mais c’est à nous à exiger de l’administration que les mesures soient mises en œuvre. »
« Ca n’était ni un catalogue à la Prévert, ni une distribution des prix. J’ai entendu des choses fortes qui se disaient sous le manteau et qui ne se sont jamais dites dans un palais comme celui de l’Elysée. Maintenant, je ne suis pas né de la dernière pluie, je vais attendre pour voir dès 2010 comment tout cela va se mettre en route. Les mesures sur le développement endogène sont fortes, sur les relations internationales dans les différents bassins aussi. Quelques vérités qui ont été dites en ce qui concerne ce que l’outre-mer apporte à la France, pour la première fois, un président de la République l’a dit dans un discours solennel ! Et enfin pour ce qui concerne la culture, même si je suis un peu resté sur ma fin, d’entendre dire que France Ô va passer sur le réseau national, c’est une mesure importante car cette TNT permettra de faire en sorte que les Français de l’Hexagone connaissent un peu mieux ce qui se passe ailleurs. Là encore, il faudra savoir comment sera traitée cette France Ô nationale. Il faut qu’elle devienne une télévision de plein droit. »
Louis-Daniel Bertome, président chambre d’agriculture de Martinique
« Les mesures prises à l’issue de ce conseil interministériel sont très intéressantes pour l’agriculture puisqu’il y a trois propositions majeures que nous avions faites à la chambre et qui ont été retenues : l’institut technique multi-filière pour la diversification, l’abondement du POSEI et le regroupement des structures agricoles notamment pour les filières d’élevage. C’est une grande avancée et je crois que nous avons de quoi travailler pour quelques années. »
Léon Bertrand, maire UMP de Saint-Laurent-du-Maroni, ancien ministre
« Le marché commun entre le Brésil, le Guyana et le Suriname, la création de ce poste de commissaire au développement endogène, le fait de permettre au président du conseil régional de discuter directement avec des chefs d’Etat, sous mandat, tout ça sont des avancées importantes à tel point qu’on se demande s’il est nécessaire encore d’aller consulter les Guyanais pour savoir s’ils sont pour ou contre l’article 74, parce que finalement tout en restant dans le registre de l’article 73, on a des avancées considérables. Bien entendu, tout le monde a constaté qu’il n’y avait pas d’annonces budgétaires mais je crois que nous avons aujourd’hui des moyens politiques importants et à nous de savoir les utiliser. »
Jany Marc, députée (groupe SRC) de la Guadeloupe, présidente de l’atelier jeunesse, égalité des chances, promotion de la diversité aux EGOM Guadeloupe.
« Pendant le discours, je me suis prise un peu à rêver parce que j’ai entendu un certain nombre de choses qui pouvaient me permettre de penser qu’il y avait une évolution pour l’Outre-mer. Malheureusement ce qui m’intéressait le plus n’avait pas derrière la notion de durée et celle de budget. Ca ne peut être qu’un catalogue. Il y a peut-être des éléments intéressants qui sont présentés mais j’ai comme l’impression qu’à la crise de janvier-février 2009 qui faisait ressortir des problèmes de pouvoir d’achat, des problèmes de position dominante au niveau de la concurrence, il n’y a pas eu de réponse. J’ai une plus une réponse politique par rapport à une question économique. Mais je ne suis pas oiseau de mauvais augure ! »
Jean-Etienne Antoinette, senateur (groupe PS) de Guyane
« Dans la forme, il faut reconnaître que le président de la République a pris en compte la dimension des problèmes mais il n’y a pas d’annonces révolutionnaires. Et puis comment cela pourrait se décliner du point de vue budgétaire sachant que le budget de l’outre-mer a été voté… Je ne vois pas cette lumière tant annoncée. On n’a pas parlé de filière de développement économique… Il y a de petites mesures sur le tourisme mais on n’a pas évoqué les problématiques des collectivités locales, notamment leur financement alors qu’elles jouent un rôle majeur dans le cadre du développement économique. Il n’y a pas de quoi être particulièrement réjoui. »
Serge Larcher, sénateur (groupe PS) de Martinique
Christiane Taubira, députée (groupe SRC) de Guyane
« Il n’y a pratiquement rien de critiquable dans le discours. On est dans une situation assez ordinaire me semble-t-il de devoirs ordinaires de l’Etat vis-à-vis de territoires qui relèvent de la République. Je n’ai pas relevé de mesures exceptionnelles. J’ai constaté une difficulté à comprendre les fondements mêmes des rapports entre l’Etat et les outremers. Ils sont inégalitaires. En outre-mer, il y a un principe inégalitaire de relations entre l’Etat et les outremers et ce n’est pas remis en cause. Il a reconnu des situations difficiles et délicates, un discours relativement volontariste pour mettre en place des mesures qui vont rétablir simplement la justice et le droit. Ca me parait normal en terme de responsabilité de l’Etat mais il n’y a pas ce souffle qui permet de voir que les mouvements sociaux interpelaient la République en tant que telle.
Il aurait fallu avoir le courage de dire clairement qu’on sait pourquoi nos économies sont des économies de comptoir, pourquoi nous sommes dans un système rentier, pourquoi les privilèges ont la vie dure. Qu’on le sait et qu’on ne va plus l’admettre. Que l’on prend des risques de rupture avec des catégories sociaux économiques qui vivent de cette situation et que dorénavant on met des systèmes économiques basés sur le travail, sur l’effort, sur l’efficacité, la justice… »
Patrick Karam, DIMECFOM et coordonnateur des états généraux de l’outre-mer en Hexagone
« 2009 sera inscrite dans l'Histoire comme une véritable révolution pour l'outre-mer au même titre que 1848 avec l'abolition de l'esclavage et 1946 avec le passage du statut de colonie à la départementalisation. Nicolas Sarkozy a pris la mesure de la faillite d'un système qui condamnait l'outre-mer à l'injustice. Il marquera les Ultramarins comme l'homme de l'égalité réelle et le garant d'un pacte républicain plus juste. Enfin, l'Histoire de l'outre-mer se remet en marche. (…) Des propositions des ateliers des EGOM dans l’Hexagone que j’ai défendues, sont devenues des mesures : la création d'une Agence nationale des cultures de l'outre-mer dédiée à la promotion et à la diffusion de ces cultures, l'organisation de l’année de l'outre-mer en France, l'extension de France Ô sur la TNT, la diffusion des médias de service public en outre-mer, la réforme des modalités des concours de la Fonction publique, une nouvelle organisation de la mobilité dans les emplois publics, le soutien à la structuration du mouvement sportif local et régional, un meilleur accompagnement des sportifs de haut niveau ultramarins dans l'Hexagone, la nomination auprès du secrétaire d'État aux Sports d'un référent ultramarin en charge de ces questions, enfin la mise en place d'un outil global d'analyse de la situation des Ultramarins vivant dans l'Hexagone ou encore la réalisation d'une étude sur l'état de santé des Ultramarins dans l'Hexagone. »
Jean-Michel Penchard, conseiller économique et social national (Guadeloupe)
« L’arrivée d’un ministère à la place du secrétariat d’Etat à l’Outre-mer donnera une autre dimension à l’outre-mer. La possibilité assouplie pour les fonctionnaires ultramarins de prendre des responsabilités dans des conditions plus accessibles qu’elles ne le sont aujourd’hui est une chose remarquable comme le fait que 2011 soit une année de l’outre-mer en France. Si on est intelligent, on doit pouvoir greffer sur cette année 365 manifestations ! Il y a aussi, de la part du gouvernement, une volonté d’aider le secteur de l’hôtellerie très endetté aux Antilles et ces annonces vont le bon sens. »
Colette Koury, présidente de la CCI de Pointe-à-Pitre
« J"etais avec l'ancien ministre de l'Outre-mer, Dominique Perben et globalement, on a vu qu'il y avait un ensemble de mesure dont on a eu à demander pendant des années les unes après les autres sans jamais les obtenir. C’est-à-dire que tout d’un coup dans une globalité de vue, on a de quoi repenser l’avenir. Mais je crois qu’avec quelques mesures phares comme celles qui ont été annoncées, que ce soit le business act, les départs de Roissy pour lesquels je me bats depuis quatre ans, la décentralisation de nos présidents de collectivités pour être ambassadeur de la France dans leur environnement, on le demandait depuis tellement longtemps, même Lucette Michaux-Chevry l’avait réclamé en vain ! Pour les préfets aussi ! Que des fonds inutilisés puissent être reconvertis rapidement pour ne pas les perdre ! Tout ce que j’ai entendu, ce sont des choses que nous avons eu à demander et c’était toujours impossible. Brusquement, le voile se lève. On attend de voir si vraiment ça se met en place. »
Madeleine de Grandmaison, Comité Tourisme Martinique, ex-eurodepute
« Apparemment tout n’est pas mauvais, comme le moratoire pour les hôteliers sur leurs dettes sociales, maintenant, il y a à affiner et à développer. Je dirai par exemple en ce qui concerne les visas, une question qui m’a beaucoup mobilisée ces quatre dernières années, j’ai beaucoup entendu parler de Polynésie, je n’ai pas entendu parler de visa dans la zone caraïbe. J’ai entendu parler d’un marché Martinique Guadeloupe, ça ne me satisfait pas. C’est d’un marché intra-caribéen que je souhaite entendre au moment où précisément il y a les APE qui nous concernent vis-à-vis de tous les autres. J’ai entendu parler d’institut technique, je voudrais savoir comment on articule cela avec l’existant. Il ne s’agit pas de créer, il faut prendre en compte ce qui existe et peut-être faire évoluer ce qui existe. »
Victorin Lurel, député PS de Guadeloupe, president du conseil regional
« Le président est un homme de bonne volonté ; il a voulu faire des états généraux, nous y avons participé. Et aujourd’hui en écoutant ce qu’il a dit, je ne suis pas mécontent mais si j’avais tout de suite à émettre un regret, c’est qu’il n’y a pas de traduction budgétaire. Il faut absolument avant la fin de l’année, dans le collectif budgétaire qui va être examiné début décembre, que l’outre-mer ne soit pas oublié. Sur le reste, il a annoncé des mesures symboliques : la promotion de Marie-Luce Penchard, une année de l’outre-mer en France, l’extension du champ de France Ô sur le territoire de la République, c’est déjà ça car il manque une radio de la bande FM, une maison des outre-mers. Il manque dans chacun de nos territoires des crédits conséquents à la conservation de notre patrimoine, il manque des conservatoires nationaux en région, il manque un accompagnement Mémorial Act… Mais on a obtenu une faculté de médecine de plein exercice, un small business act, un moratoire avec possible abandon de créances, c’est déjà ça. Et il m’a apparemment donné ce que je demandais, un fonds d’investissement de proximité. Mais ce que je demande, c’est qu’on puisse drainer l’épargne locale et on passe à côté. Il manque des crédits pour que la culture soit le moteur du développement… Au total, ce sera bien, si tout ça est effectif très rapidement, avant décembre 2009 et s’il y a un calendrier d’exécution rapidement adopté. »
Daniel Dalin, président du Collectifdom
« Le président de la République a lancé un message fort à l’Outre-mer, maintenant le tout est de savoir comment cela va se mettre en place. Il a aussi fort peu parle d’annonces pour l’Hexagone et je reste dubitatif. »
Alfred Almont, député UMP de Martinique
« Le président de la République tient ses engagements. Il a d’abord dit qu’il est temps de mettre un terme à l’uniformité de traitement des situations, il est temps de prendre en compte les irréductibles particularismes de l’outre-mer. Il va mettre en place un GIR pour renforcer la lutte contre les abus de la concurrence ; Les PME vont recevoir un soutien très particulier notamment avec la défiscalisation, il y aura un sous-préfet affecté à la jeunesse et à la cohésion sociale et pour le développement endogène, des moyens seront mis à notre disposition pour mettre en valeur nos atouts concurrentiels. Je ne peux que me réjouir des orientations annoncées ce soir. Il nous appartient maintenant de prendre nos responsabilités et d’être attentifs à ce qui va se passer dans le cadre le la mise en œuvre de ces mesures. »
Janine Maurice-Bellay, Martiniquaise, conseillère régionale Ile de France (Apparentée PRG)
« Je suis très embarrassée parce que je l’ai trouvé assez clair et, pour une fois ; qu’on parle de nous concrètement, j’avais le sentiment d’avoir été entendue de tous les combats que je mène depuis toujours. Maintenant, je ne suis pas dupe non plus parce que la politique, j’en fais depuis 17 ans et je vais être vigilante. Le président a dit pour le prendre en défaut : « On annonce les choses parce que c’est les élections… », j’espère qu’il n’a pas fait ces annonces parce que c’est les élections. Mais aujourd’hui, j’ai tout de même l’impression qu’on nous entend autrement. »
Sylviane Cédia, chanteuse guyanaise
« Un discours très prometteur mais ce n’est pas une conclusion. Il y a des idées qui semblent être bien définitives. On attend que les choses soient mises en route tout de suite. Chacun attend ça alors que non, certaines choses ne pourront être mises en œuvre tout de suite parce que ça demande de la restructuration, de la concentration, de la motivation pour arriver à ! Là,, on se dit : c’est quand le bon jour ? Mais on est sur la bonne route. »
Amédée Adélaïde, homme politique et d'affaires retraité, Guadeloupe
« C’est d’abord un discours très riche, très dense en propositions, notamment à caractère administratif et économique. Mais il a manqué un élément essentiel, c’est le retour à la stabilité institutionnelle. En 2003, on a ouvert une crise institutionnelle et je n’ai pas trouvé dans ce discours les éléments de retour à une situation stable à long terme. Je dirai même que grâce à ces mesures, nous aurons un retour à une certaine paix sociale et à un développement économique et tout cela risque plus ou moins à moyen terme, cinq ou six ans, d’être remis à nouveau sur la table par des visées indépendantistes. »
Daniel Picouly, écrivain
« J’ai aimé l’idée de la fusée à plusieurs étages : la place et l’importance de l’outre-mer, un retour à l’histoire parce que c’est pédagogiquement nécessaire et ensuite, il y a le catalogue de mesures qui sont des réponses aux préoccupations des états généraux. C’est très difficile d’apprécier l’importance, le cout de tout ça, mais à regarder la réaction des élus, il semble que eux comprennent ce qui se passe et qu’il est bon de rappeler qu’on ne parle pas d’indépendance, mais d’accroissement de l’autonomie des territoires. »
Germain Soumbo, président de la ligue de tennis de Martinique
« J’ai entendu parler d’université de médecine, d’institut du métier du sport… On parle depuis longtemps d’excellence sportive et je suis heureux de voir que le sport n’a pas été oublié car il est important aux Antilles autant dans l’élite que dans la masse. Et on a parlé de l’ouverture des frontières et le sport a vraiment sa place dans cette dynamique là. »
Marijosé Alie, France Ô
« France Ô sur l’ensemble de l’Hexagone, c’est une satisfaction pour nous tous, tous les Français car il y a une méconnaissance, une mal connaissance des histoires des outre-mers qui va être réparée par cette généralisation. Tant qu’on reste confinés à lIle de France, ça veut dire qu’il y a un bassin de population ultramarine plus importante… On ne fait pas de la télé pour les Ultramarins, on fait de la télé pour faire le lien, le vivre ensemble. A RFO, on sait faire ça, on a toujours fait ça ! On a une expertise par rapport à ce vivre ensemble qu’on peut apporter grâce à cette chaîne à toute la France. J’espère qu’on aura les budgets qui vont avec. »
Georges Patient, sénateur (groupe PS) de Guyane
« Un marché ouvert sur les Guyanes qui sont des partenaires à notre niveau, mais le Brésil… Il faut des garde-fous, même s’il y aura un pont sur l’Oyapock ! C’est un géant de 200 millions d’habitants avec une économie émergente qui, bientôt dépassera la France. Donc, il faut être vigilant. Il semble qu’un effort particulier soit fait pour les constructions scolaires, sur la place faite aux ultramarins de la fonction publique mais je suis un homme de chiffre et ils ne sont pas annoncés. Je demeure septique. Quand le chef de l’Etat parle d’un plan de relance en France, il annonce des chiffres, là rien. Il va nommer des sous-préfets, des commissaires, ok… mais des chiffres pour accompagner toutes ces mesures pour le développement endogène, il n’y en a pas. Ce sont ces assurances que je voulais avoir. Oui, il faut un développement endogène pour sortir de l’assistanat, mais là… C’est comme la LODEOM qui n’a toujours pas de décrets d’application."
« L’outre-mer ce n’est pas simplement un budget »
Quelle est votre réaction au discours du président de la République ?
C’est vraiment la reconnaissance de l’outre-mer. On a beaucoup dit que ce gouvernement ne s’intéressait pas à l’outre-mer. Je crois que c’est une ère nouvelle qui s’ouvre. C’est du respect, la prise en considération de la diversité de la richesse de l’outre-mer, mais aussi le droit des outre-mers d’avoir cette égalité républicaine avec un Etat plus présent, plus juste, qui puisse garantir l’égalité, l’intérêt général. Les mesures qui viennent d’être annoncées par le président de la République montrent à quel point ce gouvernement porte une attention toute particulière à l’outre-mer. Je suis très heureuse aujourd’hui de voir les élus ultramarins satisfaits des annonces parce que pour une fois on a apporté des vraies réponses aux préoccupations de mes compatriotes.
Vous allez passer de secrétaire d’Etat à l’Outre-mer à ministre de l’Outre-mer que ressentez-vous ?
J’ai toujours dit que ma nomination était celle des ultramarins. Je mesure encore beaucoup plus au regard des pouvoirs qui sont donnés au ministre de l’outre-mer la responsabilité qui est la mienne. Je n’ai pas le droit de décevoir. Depuis le premier jour que je suis rentrée a Oudinot, je me suis engagée à travailler pour mes compatriotes, rien ne me détournera de ma mission, de la mission que m’ont confié le président de la République et le premier ministre. Nos compatriotes veulent qu’on puisse apporter des solutions. Le président de la République a soulevé un certain nombre de difficultés auquel il fallait mettre un terme. Ca faisait plus de vingt ans que l’on était dans cette situation. Je me félicite qu’aujourd’hui il y ait une vraie prise en considération des problèmes.
Concrètement comment cela va-t-il se passer ?
Le chef de l’Etat a annoncé des mesures très concrètes. Des commissaires au développement endogène vont être mis en place, des sous-préfets à la cohésion sociale pour suivre toute la politique en direction de la jeunesse. Mais l’outre-mer ce n’est pas simplement un budget. C’est aussi prendre en compte la responsabilité des hommes et des femmes qui sont dans les outremers et qui ont a mettre en œuvre ces dispositifs. Le ministère va se donner les moyens pour suivre la mise en œuvre. Le président a annoncé que les ateliers allaient devenir des comités de suivi pour l’ensemble des mesures. Je serai amenée à me déplacer dans chacun des territoires pour expliquer d’une part les mesures qui concernent l’ensemble de l’outre-mer et celles qui concernent plus particulièrement affectées à chaque territoire. Dès la semaine prochaine je pars en Martinique et en Guadeloupe. J’irai en Guyane. J’irai à La Réunion. Il est de mon devoir d’expliquer à la population la démarche du gouvernement et de montrer que l’Etat est là, qu’il n’abandonne pas l’outre-mer.
Faudra-t-il intervenir dans le collectif budgétaire pour apporter de nouveaux financements ?
La plupart des mesures ne nécessitent pas forcément dans l’immédiat l’application de crédits budgétaires supplémentaires. Mais s’il faut, par un projet de loi rectificatif, prendre en compte certaines dispositions nous le feront. Il est certain que c’est plutôt le budget 2011 qui sera impacté.
Propos recueillis par David Martin (Agence GHM)