Clarissa Jean-Philippe
Hommage républicain et cérémonie religieuse pour Clarissa
Hier, des hommages ont été rendus aux trois policiers tués lors des attaques terroristes de la semaine dernière à Paris, dont Clarissa Jean-Philippe.
Son corps embarquera vendredi pour la Martinique et sera inhumée lundi à Sainte-Marie.
Marie-Louise sa maman, Justine Sonia sa mamie, Marie-Georges sa soeur, Jean-Pierre Labanche son compagnon, Elodie Labil sa "soeur de coeur", mais encore des cousines, Mireille Bartin, Nicaise Dalaize, Fleurine Mirella, Marlène Potiron, et de nombreux amis dont Sandra Citony ou Dellye Delyon, étaient encore avec Clarissa Jean-Philippe, hier, à la préfecture de police de Paris. Sous leurs yeux, François Hollande a déposé sur chacun des trois cercueils exposés au centre de la cour et recouverts du drapeau français la médaille de chevalier de la légion d'Honneur. Ils étaient deux fonctionnaires de la police nationale et une policière municipale. Franck Brinsolaro et Ahmed Merabet, les premiers, ont été tués par les deux frères Kouachi le 7 janvier pendant l'attentat contre Charlie Hebdo,Clarissa Jean-Philippe, la troisième, par Amédy Coulibaly, le 8 janvier à Montrouge (92). "Vous pouvez être fière de votre fille. Elle a fait ce que la République attendait d'elle !", a déclaré la ministre des Outre-mer George Pau Langevin hier soir, à l'occasion de la cérémonie religieuse et républicaine qui lui a été consacrée au beffroi de Montrouge. "Nous avons tout fait pour que Clarissa soit traitée comme les autres, il y va de notre insertion dans la République. Mais surtout, insiste la ministre, le sacrifice de Clarissa prend du sens. Elle est un symbole de la mort gratuite et elle représente un espoirs pour le nombreux Antillais !"
Au beffroi, hier soir, il y avait près de 2000 personnes. Après l'office religieux présidé par le père Pierre Bourdon, accompagné des pasteurs réformé et évangélique de Montrouge et d'une chorale dirigée par Henri Mandeng, les personnalités politiques se sont succédé à la tribune dressée contre une grande croix de bois et au-dessus des couronnes de fleurs, des photos et de la profession de foi de Clarissa. Son image est celle d'"une jeune fille ultra-marine, heureuse de servir sa ville et son pays", pour citer François Hollande.
Taubira et Létchimy
Après le maire de Montrouge et la ministre des Outre-mer, applaudie malgré l'ambiance ecclésiale, Christiane Taubira est montée à son tour à la tribune. Symbole fort du moment : la garde des Sceaux a reçu l'assistance du père Bourdon pour ajuster son micro ! Fustigeant "l'absence d'intelligence, la cécité des meurtriers", Christiane Taubira a évoqué une image courageuse de Clarissa : "Les photos la montrent toisant avec un grand mépris cet assassin si lâche." Puis, Mme Taubira s'est fait glissantienne, regrettant leur "incapacité de la relation, leur incapacité de comprendre que chez l'autre, il y a une part de soi, que l'autre est plus précieux que soi et que l'on doit veiller sur lui..." Puis : " Tous les enfants de la République doivent avoir leur chance comme Clarissa." Et enfin plus personnelle : "Clarissa habite nos coeurs, nos esprits... Elle vivra car nous sommes dorénavant si nombreux à la connaître." Déclenchant à son tour une salve d'applaudissements.
Dans la salle, derrière la famille et les proches de Clarissa, derrière les politiques, les collègues policiers, les amis, les anonymes, la foule... Parmi elle, Jacques Martial, Frédéric Régent, Jenny Hippocrate, Sourya Adèle, Jean-Claude Cadenet, le président de la FEDOM et ceux de nombreuses associations...
Serge Létchimy était au premier rang, assis à côté des ministres, du maire, du préfet des Hauts de Seine, de Patrick Dévedjian, le président du conseil général, de Valérie Pécresse ouis Christian Estrosi. Serge Létchimy était à l'Assemblée nationale dans l'après-midi pour l'hommage aux 17 victimes. Pour la première fois depuis 1914, les députés ont tous chanté la Marseillaise. "J'ai voulu participer à tous les moments de recueillement..." Serge Létchimy est "touché" par la mort de Clarissa : "J'espère que son sacrifice ne sera pas vain...". Il est persuadé qu'un "processus s'est enclenché" avec ces attentats et n'hésite pas à prononcer le terme de "troisième guerre mondiale".
Lundi George Pau-Langevin représentera le gouvernement aux obsèques de Clarissa à Sainte-Marie.
FXG, à Paris
Le martyrolgue de Clarissa
Clarissa est née à Fort-de-France et est venue très jeune dans l'Hexagone. Elle avait un projet familial et un projet de vie. Elle a été élève de l'école de police de Pantin et a postulé le 15 juillet 2013 à la police municipale de Montrouge. Elle vivait avec son compagnon Jean-Pierre Labanche... Le président de la République a pris le temps d'évoquer le parcours de la victime : "Elle a grandi dans le quartier de Derrière-Morne à Sainte-Marie. Elle aimait son quartier, elle aimait son île, elle aimait la France. Elle voulait servir et elle cherchait comment être utile (...) Elle est impatiente, elle est rayonnante, elle est ardente. Elle a hâte de mettre en pratique, là où on lui dira d’aller, les connaissances qu’elle a acquises à l’école." Le 15 octobre 2013, elle est reçue stagiaire à Montrouge et en février dernier, elle est assermentée par le procureur de la République de Nanterre. Elle devait recevoir son diplôme et sa plaque hier et être titularisée dans les semaines à venir. Jean-luc Metton, le maire de Montrouge l'a fait brigadier de police à titre posthume.
"Sa responsabilité, a encore dit le président de la République, c’était d’assurer la tranquillité publique de sa ville, à la sortie des écoles, sur les voies de circulation, au contact des jeunes, des familles, des commerçants, des passants..." Le 8 janvier, accompagnée d'un collègue policier et de quatre personnels de la voirie, elle assurait la sécurité de la voie publique après un accident de la circulation avenue Pierre-Brossolette, près de la porte de Châtillon. Elle portait son uniforme mais, comme tous les policiers municipaux de Montrouge, elle n'était pas armée. Elle reçu subitement, dans le dos, un projectile de gros calibre.Un fonctionnaire de la voirie, Eric Urban, a été grièvement blessé (ses jours ne sont plus en danger). Son collègue Laurent Jeannel s'est jeté sur Amédy Coulibaly et est parvenu à le faire fuir. Il y avait une école à quelques centaines de mètres... "Elle (la) protégeait par sa présence, a lancé le président. L’enquête le dira. C’est donc en martyr qu’est tombée Clarissa Jean-Philippe."