CReFOM
Le conseil représentatif des Français d’Outre-mer enfin dévoilé
C’est ce vendredi que le Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CReFOM) est porté officiellement sur les fonts baptismaux par le ministre des Outre-mer. Son conseil d’administration, son bureau et la composition de ses collèges (associations, personnalités, élus) seront enfin connus.
Le président du CReFOM, ainsi qu’annoncé par le ministre des Outre-mer lors de ses voeux, le 17 janvier dernier, est l’UMP Patrick Karam, le fondateur du Collectifdom et le premier délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer. Autour de lui, trois vice-présidents, Georges Patient, sénateur PS de la Guyane, Jean-Michel Martial, acteur et metteur en scène, et José Pentoscrope, president du CIFORDOM et ancien vice-président du CRAN chargé des relations avec l’Outre-mer. Viennent ensuite les six vice-présidents délégués. Parmi eux deux parlementaires socialistes, Erika Bareigts (Réunion) et Karine Claireaux (Saint-Pierre et Miquelon), deux personnalités des médias, Marie-José Alie et l’ancien délégué interministériel, Claudy Siar, et enfin deux responsables associatifs, Michel Lauret de l’Amicale des Réunionnais de Paris et Serge Romana du CM98. Viviane Romana intègre elle aussi le bureau en tant que responsable du collège des élus de l’Hexagone.
Au secrétariat général, confié au président du Collectifdom, Daniel Dalin, on compte cinq adjoints : Sara Briolin, présidente de l’association Femmes en devenir, Lilian Mallet, délégué général de l’ACCDOM, Tony Mardaye, juriste, économiste, rédacteur de piépimanla, Keyza Nubret, communicante, et l’artiste polynésien Théo Sulpice, président de Tahiti Nui.
230 membres fondateurs
Le trésorier est l’avocat Jean-Max Delaisser et ses adjoints sont Roger Anglo, président de l’UNOM et porte-parole de la fédération des associations africaines et créoles, Jeanne Docteur, présidente de La France d'Aujourd'hui, et Nassuf Mohamed, secrétaire général adjoint de l’association des fonctionnaires Mahorais en métropole.
A cela s’ajoute une commission santé avec Jenny Hippocrate, et une commission déontologie et éthique avec deux hommes de la télévision publique, Michel Reinette, rédacteur en chef de France 3 et documentariste, et Luc Laventure qui achève sa carrière à France Télévisions comme directeur éditorial après avoir dirigé France Ô.
Le conseil d’administration est plutôt pléthorique puisqu’ils sont 23 à y siéger au titre des associations, 20 au titre des personnalités, 25 au titre des élus d’Outre-mer, et 5 au titre des élus de l’Hexagone. En tout, ils sont quelque 230 membres fondateurs.
Le CReFOM a vocation à se développer dans les Outre-mer et dans les régions de l’Hexagone et structurer un réseau global. C’est la mission que s’est confiée l’équipe fondatrice pendant un délai de 18 mois. A l’issue de cette période, Patrick Karam promet que le renouvellement des instances se fera alors par des élections.
FXG, à Paris
Diversité et représentativité
L’actuelle déléguée interministérielle des Français d’Outre-mer, Sophie Elizéon (voir son interview ci-après) s’est interrogée sur la radio publique d’Outre-mer la composition du CReFOM. Elle a regretté, en substance, la trop forte représentation des hommes, des quinquagénaires et des Guadeloupéens. C’est ainsi que, sollicitée par Jean-Michel Martial, elle a émis une réserve sur sa participation. Pourtant, Patrick Karam qui a été à la manœuvre, avec le cabinet du ministre, pendant les 18 mois de gestation, estime avoir réussi un rassemblement oecuménique avec 5 Réunionnais et 7 femmes au bureau (sur 24). Il explique avoir dû tenir compte de la représentativité de chacun, mais aussi de leur territoire, tout en valorisant la diversité. Ils sont artistes (Pascal Légitimus, Sylviane Cédia, Jacob Desvarieux, Euzhan Palcy, Philippe Lavil), gens de media (Stéphane Bijoux, Sébastien Folin, Mémona Hintermann, Christine Kelly), préfets (Richard Samuel, Gilbert Payet), hommes d’affaires (Eric de Lucy)…
« La voix unique de nos territoires »
Le CReFOM assure refuser le communautarisme et se battre pour les intérêts des originaires d’Outre-mer et des départements et territoires d’Outre-mer. Il préconise « le recensement et la promotion des compétences et qualités des originaires des Outre-mer, la structuration des réseaux associatifs, la mise en réseau des personnalités politiques en rapport avec les Outre-mer, la promotion de la formation et la mise en réseau des compétences et des métiers, la facilitation des projets économiques et la création de nouvelles entreprises au sein de nos populations, une attention particulière portée aux problématiques de santé publique, et la lutte contre la discrimination par tous moyens, y compris l’action en justice. » Le CReFOM, ajoute son président, a aussi vocation à contrôler, évaluer les conditions dans lesquelles les opérateurs, administrations, institutions agissent et remplissent leur mission au service des outre-mer et des ultramarins.
Sophie Elizéon, déléguée interministérielle à l’égalité des chances des Français d’outre-mer
« Le CReFOM l’interlocuteur privilégié de la délégation »
Quelles sont les valeurs qui guident votre action en faveur des ultramarins ?
Respect, efficacité, loyauté, confiance et liberté. Ces valeurs sous-tendent la manière que nous avons d’intervenir et celle dont nous nous adressons à la communauté ultramarine.
L’essentiel de votre message, c’est l’audace, pourquoi ?
Cette notion d’audace est un message positif qui tire vers le haut. Il ne s’agit pas de se cacher derrière son petit doigt. Les réalités, les difficultés existent, mais donner un message et des exemples de réussite engage davantage les gens. Ça les motive sur du plus long terme, davantage que des messages de victimisation ou de désolation.
La délégation est-elle suffisamment à l’écoute des ultramarins ?
Nous sommes là pour leur répondre avec les moyens qui sont les nôtres, en déployant l’énergie nécessaire pour aller chercher d’autres moyens, d’autres partenaires… Mais cette délégation est celle des ultramarins. Il faut s’en saisir, ne pas hésiter à travailler avec nous, oser !
Que pensez-vous du Conseil représentatif des Français d’outre-mer ?
L’avantage de ce type d’instance est qu’elle facilite le travail des services de l’Etat en lui offrant un interlocuteur unique pour représenter l’ensemble de la communauté. Maintenant, le sujet est celui de sa représentativité : la place des jeunes, des femmes, des territoires. Si cette représentativité est garantie, ce conseil devra être l’interlocuteur privilégié de la délégation pour faire un travail de veille, d’interpellation, d’alerte, de remontée d’informations, mais aussi pour rediffuser les messages de la délégation, pour agir concrètement sur le terrain en direction des ultramarins et puis pour être vigilant sur la mise en œuvre des actions que nous avons présentées. Si cela fonctionne, il n’y a pas de raison qu’on ne travaille pas ensemble.
Allez-vous en faire partie ?
Il me semble réglementairement difficile que la délégation en soit membre.
Propos recueillis par FXG, à Paris