D'de Kabal monte Le petit chaperon en sweat rouge
Le petit chaperon en sweat rouge de D'de Kabal
D' de Kabal crée « Le petit Chaperon en sweat rouge » au Théâtre d’Ivry.
Un chaperon qui a de la bouche !
Le petit chaperon rouge joue à la DS, prend le RER, fait de la boxe et ne s’en laisse pas conter ! Voilà le spectacle surprenant et musical qu’a créé D' de Kabal au Théâtre d’Ivry. L’artiste s’est emparé du conte de Charles Perrault pour le mettre en perspective avec notre monde contemporain sous forme de pièce musicale vocale. Avec du hip hop, du slam, de la human beat box, quatre artistes, Charlotte Etc, Franco Mannara, Blade, K.I.M et lui même déploient leur talent vocal pour raconter ce « conte buccal » écrit et mis en scène par D DE KABAL. Dans ce spectacle jeune public (mais aussi pour les autres), Charlotte Etc, le fameux chaperon en sweat rouge surprend le loup dissimulateur interprété tour à tour par les quatre autres artistes qui sont tour à tour Faf le chien, le contrôleur du RER, un dealer… Autant de figures contemporaines du loup.
La tchatche gouailleuse du petit chaperon
Chaque séquence est une initiation où se confronte l’inconscience de l’enfant et un monde d’adultes rempli de dangers et de dissimulations. Aucun commentaire manichéen ou didactique ne ponctue les différentes séquences et c’est une qualité du spectacle. Les figures sont drôles et le chaperon se défend avec une tchatche gouailleuse pleine de finesse. Les figures du loup original de Charles Perrault sont aussi présentes, mais leur détournement par D DE KABAL est hilarant, notamment quand le loup prend la place de mère-grand. Les prouesses vocales mélangées à l’adresse de la narration théâtrale fonctionnent à merveille et rattrapent notre enfance. La scénographie simple et bien utilisée donne à voir cinq espaces, un pour chaque interprète. La narration se fait par un dialogue et des déplacements entre ces différents espaces. La lumière joue son rôle et donne une identité à chaque musicien et à chaque séquence. La figure de l’initiation présente dans ce spectacle questionne directement les enfants comme les adultes ; le public sort de ce « conte buccal » diffèrent de l’état où il était quand il y est entré.
Régis Durand de Girard
Franco Mannara, Blade, D' de Kabal, Charlotte Etc, K.I.M (photos RDG)
Sortie du Disque « le petit Chaperon en sweat rouge » chez l’Autre Distribution.
Du 1 au 18 Décembre 2011 au Théâtre d’Ivry Antoine Vitez, 1 rue Simon Dereure 94200 Ivry-sur-seine 01 46 70 21 55.
En tournée en 2012 du 11 au 13 janvier au Safran, Amiens. Du 18 au 20 Janvier au Théâtre de l’Agora, Evry. Du 24 au 28 Janvier au Deux Pièces Cuisine, Le Blanc- Mesnil. Le 4 Février à La Grange Dimière, Fresnes. Du 11 au 12 Février au théâtre de L’Arlequin, Morsang-sur Orge. Du 14 au 16 Fevrier au Théâtre Jean Marais, Saint Gratien. Le 17 Février à la MC d’Épinay-sous-Sénart. Du 8 au 9 Juin à l’Espace 1789, Saint Ouen.
Pas de dates prévues aux Antilles, mais c’est à l’étude. Messieurs les responsables culturels à vous de jouer !
ITW D' de Kabal
« Je suis un Antillais dans toute sa complexité »
Qui êtes-vous ?
Qui je suis ? Si cela tenait en trois phrases, je ne ferais pas tout ce que je fais.
Etes-vous natif des Antilles ?
Non, je suis né à Paris, de parent martiniquais, de Fort-de-France. J’ai grandi dans le 93, à Bobigny. Dans ma construction, j’ai été élevé comme un gars du 9-3 avec ses spécificités, ses approches et ses frottements avec les autres cultures. J’ai grandi au contact de Maghrébins, de Portugais, de Mauriciens, de Comoriens, d’Africains de tous les pays d’Afrique, donc j’ai avant tout une identité qui vient de là. Ado, j’ai découvert la culture hip hop ; cela m’a énormément touché. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à fabriquer quelque chose qui ressemblait à une identité qui m’était propre. J’ai commencé à écrire du rap. Plus tard, vers la vingtaine, à force de travailler, je me suis rendu compte que j’étais Antillais et ce que ça voulait dire, d’être Antillais. J’ai traversé toutes ces périodes et aujourd’hui je suis un Antillais dans toute sa complexité.
Enfant, vous a-t-on raconté le petit chaperon rouge ?
Oui bien sûr, ! J’étais très gourmand quand j’étais jeune ; j’étais partagé entre ces deux trucs, le petit pot de beurre et la galette, cela faisait vraiment envie et ça me prenait la tête de savoir qu’elle ne pouvait pas ramener cette galette et ce petit pot de beurre chez la grand-mère. Je trouvais ça très stressant. C’était plus de l’inquiétude et de l’angoisse que de la peur, à cause cette mission que le petit chaperon n’arrive pas a accomplir.
Pourquoi avoir choisi de l’adapter ?
J’ai choisi d’adapter ce conte parce que ce qui est intéressant c’est que, tout de suite, se présente une triangulaire très simple : le chaperon, le loup et la grand mère. Il y a une sorte de facilité mnémotechnique qui fonctionne à plein pot, et puis j’adore le rouge.
Vous avez une sensibilité particulière au langage et à l’oralité ?
J’ai fait du rap et je continue à en faire. J’ai fait des disques et je continue à en faire. J’ai fréquenté beaucoup de scènes slam, j’ai organisé pas mal d’événements slam. Je me suis toujours intéressé à l’adresse (adresser une parole a quelqu’un). Quand j’ai découvert le théâtre, cela a été un électrochoc dans la mesure où je me suis retrouvé dans des salles où le silence et l’écoute étaient très différents de la scène slam. Les gens étaient là pour écouter une parole. Je me suis alors demandé ce qui pouvait venir de moi que je pourrais mettre dans le théâtre. Et la réponse a été ma connaissance aiguë et acérée de la langue et de sa musicalité. Je travaille sur différents niveaux de langage, d’adresses, et l’oralité dans toute sa largeur. Avoir de la théâtralité et de la musicalité dans mon propos, c’est la marque de la compagnie depuis qu’elle existe.
Le langage est votre came ?
Absolument le langage est ma kame, avec un K !
Propos recueillis par RDG