Delver versus Perec
Gérard Delver demande à la justice de dire qu’il est le nègre de Marie-Josée Perec
Gérard Delver face à Marie-Josée Perec… La confrontation aura lieu devant le tribunal de grande instance de Paris le 23 mai prochain. Mais pourquoi le directeur des affaires culturelles de la ville de Basse-Terre et président de l’association glissantienne Tout-Monde assigne-t-il la quadruple championne olympique d’athlétisme ? La réponse tient en un livre, celui publié par Marie-Josée Perec en 2008 chez Grasset, Rien ne sert de courir. Gérard Delver assure qu’il a été son nègre littéraire et que, depuis la sortie du livre, elle refuse de lui dédommager financièrement de son travail. Il réclame devant la juridiction parisienne 20 000 € à titre de provisions sur droits d’auteur. Pour comprendre cette action en justice, il faut revenir sur la genèse de l’ouvrage. Marie-Josée Perec et Grasset lancent ce projet de livre en 2004, après les Jeux olympiques de Sidney. A l’approche des Jeux de Pékin, Grasset relance la championne qui n’a encore rien produit, et lui propose l’assistance d’un nègre littéraire en la personne de Luc Levaillant du journal L’Equipe. Quoique rétribué à hauteur de 15 000 €, ce dernier met un terme à la collaboration en raison d’un différend avec Marie-Josée Perec. Celle-ci ne valide pas son travail. Grasset rappelle alors ses obligations à Marie-Josée Perec qui aurait touché un à-valoir de 70 000 € sur un total prévu de 100 000. Devant l’urgence de la situation, en février 2008, alors qu’il ne lui reste que trois mois pour livrer son manuscrit, elle demande à Gérard Delver de prendre la suite. Celui-ci refuse, propose d’autres noms comme celui d’Ernest Pépin, mais Marie-Josée Perec insiste pour que ce soit lui, par ailleurs proche ami de son père. Finalement, les deux s’entendent pour que le nouveau nègre soit rémunéré comme le premier. Ils échangent alors beaucoup par téléphone, par mails pour abonder la matière du livre. Mais il n’est plus temps de parler du contrat et Gérard Delver finit par s’en remettre à la confiance. Il achève l’ouvrage en lui donnant « une poétique et une créolité particulière et une structure qui épouse le déroulé des figures de la danse quadrille ». Et, cerise sur le gâteau, il lui trouve un illustre préfacier en la personne d’Edouard Glissant dont il est très ami. Enfin, le 20 mars 2008, à l’hôtel Lafayette Concordia de Paris, Gérard Delver remet à Marie-Josée Perec, sur clé USB, le manuscrit de Rien ne sert de courir. Les deux Guadeloupéens passent ensuite quelques jours ensemble à finaliser l’ouvrage. « J’ai posé un congé et Marie-Josée Perec a pris à sa charge mes frais de déplacement et d’hébergement pendant quatre jours », soutient Gérard Delver.
A la sortie du livre, celui qui n’est pas encore l’écrivain fantôme demande à Marie-Josée Perec de régulariser financièrement leur collaboration. Elle ne donne pas suite, expliquant simplement qu’elle est en conflit judiciaire avec son éditeur qui a suspendu la suite des paiements. A ce moment-là, Grasset reprochait à Marie-Josée Perec de ne pas avoir joué le jeu pour promouvoir son livre à la télévision… Après plusieurs relances amiables, toutes restées vaines malgré une ultime médiation de M. Perec père, Gérard Delver a fini par saisir la justice. C’est donc un juge qui dira si Gérard Delver est ou non le co-auteur de l’autobiographie de la championne.
FXG, à Paris