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Publié par fxg

Eddy Murté, l’enfant de la télé

Eddy-murte-hauteur-serre.jpgAncien responsable des programmes et des partenariats de France Ô et ex-animateur de Ô Rendez-vous, le Martiniquais Eddy Murté revient sur Europe 1, aux côtés des Laurent Ruquier, le 23 janvier, et anime depuis la rentrée de septembre le magazine Business code sur Numéro 23. Portrait.

Eddy Murté est né d’une mère, employée au service communication de TF1 et d’un père comptable à la Maison de la Radio. Normal qu’à sa naissance, en 1979, les fées de l’audiovisuel se soient penchées sur son berceau. Elles lui donnèrent un don, des yeux couleur de miel. A 6 ans, ses parents, originaires du Gros-Morne, rentrent au pays, s’installent à Cluny (Schoelcher) et trouvent du boulot à RFO. Eddy va suivre sa scolarité au collège Perrinon, puis au lycée Schoelcher où il décroche son bac scientifique, et repart dans l’Hexagone. Il rejoint sa sœur étudiante à Toulouse et suit des cours de gestion comme papa. « Je rêvais de faire du trading à l’international… » Ce sera Londres d’abord, pendant 18 mois. Puis New York où il se lance dans un MBA. « Je suis arrivé juste après les attentats de 2001. L’ambiance était morose… » De retour en Europe, il trouve un job dans une banque de Monaco. « J’y suis resté un an, ça ne me plaisait pas. » Il retourne à Toulouse et se lance dans l’organisation de soirées. C’est dans ce contexte qu’on lui propose de travailler sur la promotion du film Neg marron, lors de sa sortie à Toulouse, puis à Paris. Il enchaîne les télés avec Jean-Claude Barny, Mathieu Kassowitz et Stomy Bugsy. Puis, en février 2005, c’est Jean-Pierre Sturm qui lui propose de participer au lancement de France Ô. Il organise avec Chantal Néret la partie pipol et rencontre ainsi pour la première fois, Luc Laventure, alors patron de la nouvelle chaîne de France Télé qui succède à RFO Sat. Trois mois plus tard, il reçoit un appel. Une voix de femme : « Luc Laventure souhaite vous voir ce soir. » « Non, demain. » « Je serai vous, je viendrais… » Le patron de France Ô veut créer une grille de programme complète. « Pour cette nouvelle aventure, je cherche des esprits neufs. Si tu veux tu commences demain à 9 heures. » Il suit toutes les réunions éditoriales du patron, prends des notes et, le soir, Luc Laventure et lui se livrent au débriefing de la journée. Puis, il participe à l’écriture d’un documentaire, Noire memoire, avant de s’attaquer au concept d’une quotidienne qui voit le jour en septembre 2005. C’est la première « émission d’accueil » de la chaîne, animée par Fly Lerandy, Ô quotidien. Il réalise alors son premier buzz avec Marc-Olivier Fogiel qui vient sur le plateau s’excuser pour avoir laissé déraper Dieudonné sur son émission. Droit de réponse de Dieudonné qui vient à son tour. Ô quotidien est lancé ; il y en aura 100. Eddy devient peu à peu l’assistant éditorial de Luc Laventure, préfiguration du poste de responsable des programmes et des partenariats dont il sera titulaire à la fin de ce début de carrière sur France Télévision.

Mais ses yeux cristallisent les regards et, en 2007, son mentor le veut devant la caméra. Ce sera une saison à présenter la première émission de sport extrême de la chaîne, Riding zone, puis Ultramarine et, enfin, en 2009, Ô Rendez-vous qu’il va porter pendant 18 mois. Elle sera la vitrine de France Ô jusqu'à la liquidation de Laventure par le nouveau patron, Claude Esclatine. Ce dernier jette le bébé avec l’eau du bain. Eddy est remercié. Il paye sa trop grande proximité avec Luc Laventure.

Les 300 numéros de Ô Rendez-vous

Eddy-Murte-gros-plan.jpg« Parce qu’il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. » C’est par cette formule qu’Eddy Murté clôture chacune des émissions. Sur le plateau de son émission installée dans un café lounge parisien, il reçoit aussi bien des créateurs qui débutent, comme la chanteuse guadeloupéenne Hermann, que des stars comme Stromae, Bouba, Ben l’oncle soul, Princess Lover, Jocelyne Béroard et même… Didier Super. Ça fera le buzz ! Son équipe a vu la pochette du CD du chanteur punk. Elle figure un beau Noir joufflu et souriant. Surprise sur le plateau quand on voit débarquer ce Gaulois bon teint qui explique qu’il a mis un Noir sur sa pochette par ce qu’il trouve ça « joli ». « Cette émission était l’antighetto. Toute la diversité de la société était représentée. On a un public captif, mais on peut attirer au-delà sans faire référence au tiers-monde et à la banlieue sous prétexte d’ouverture au monde ! » Concept qui vaudra aux successeurs de Laventure l’inimitié des associations et des hommes politiques ultramarins. « Les audiences qualitatives étaient bonnes et quantitativement on faisait de 50 à 150 000 téléspectateurs », affirme Eddy. Sur sa page facebook, il a alors plus de fans que la chaîne elle-même. « Nous étions alors une télé miroir », songe-t-il avec un brin de nostalgie. Sa référence télévisuelle, c’est Jamel Debbouze.

En juin 2011, pour la 300e, c’est l’apothéose avec la venue de Christophe Mahé. Laurent Ruquier l’invite sur le plateau d’On n’est pas couché pour parler de cette 300e . Un succès qui n’en fera pas moins dire à son nouveau patron : « Trop tard. » La derniere émission est enregistrée en juin 2011. Fin juillet, il est licencié et l’apprend par la presse.

FXG, à Paris


« Mes yeux cristallisent »

Les-yeux-d-Eddy-Murte.jpg

« J’ai toujours tendance à croire que le regard est le reflet de l’âme. Je joue du mien un peu malgré moi, mais on se rend compte qu’il y a autre chose derrière. Donc, je n’en fais pas un complexe. »


Interview

« Grâce à Fogiel, j’ai rebondi sur 23 »

Eddy-Murte-hauteur.jpgY a-t-il une vie après France Ô ?

Oui, heureusement ! A 33 ans, bien évidemment qu’il y a une vie après France Ô et c’est plutôt une vie agréable. Je prends plaisir à faire différentes choses, notamment de la radio avec Ruquier et de la télé avec Numéro 23.

Vous animez Business code sur Numéro 23. Quelle est cette émission ?

C’est une émission sociétale. Nathalie Drouère, la directrice des programmes de 23, m’avait parlé de son envie de lancer ce magazine à tendance économique. Après un rendez-vous avec Etienne Mougeotte, on m’a proposé la présentation de ce magazine qui a pour but de vulgariser des evenements sociétaux comme le luxe qui ne connaît pas la crise. Un film de 90 minutes est tourné spécialement pour chacune de nos émissions. On décrypte un univers à travers quatre ou cinq personnages qui ont des parcours différents, qu’ils soient très business ou un peu moins. On essaie d’apporter des clés de lecture, de compréhension aux téléspectateurs.

C’est plutôt Arte ou Zone interdite ?

C’est plutôt un petit Capital. Ça reste très accessible, simple avec des clés économiques, des chiffres d’affaires, l’étendue du business… Je participe également aux choix éditoriaux quand on propose les sujets. Je devrais même en réaliser un prochainement. Une fois qu’on s’est mis d’accord, on a deux semaines d’enquête, deux semaines de tournage et deux autres de montage. On travaille à flux tendu.

Comment Nathalie Drouère est-elle venue vous trouver ?

Le hasard ! Avant même que la chaîne existe, Pascal Houzelot, le patron a été contacté par Marc-Olivier Fogiel qui souhaitait faire une émission de talk show sur Numéro 23 et il a proposé mon nom. L’émission de Marc-Olivier Fogiel ne s’est pas faite, faute de moyens, mais mon nom est resté dans les tuyaux et est arrivé jusqu'à Nathalie Drouère. Elle m’a rencontré lors de la conférence de presse de lancement de la chaîne et nous sommes restés en contact. Huit mois après, elle m’a proposé l’émission.

Vous êtes une sorte de joker de Marc-Olivier Fogiel ?

Non (rires) ! J’aimerais bien, pourquoi pas, ça ne me dérangerait pas, mais c’est juste qu’il avait pensé à ma personnalité comme quelqu’un d’intéressant pour intégrer son équipe dans le talk show qu’il envisageait de faire… Aujourd’hui, grâce à lui, j’ai pu rebondir sur 23.

Quelles sont les thématiques abordées ?

Nos thématiques sont très ouvertes, simples et intéressent beaucoup de gens. Les images sont dépaysantes puisqu’on part beaucoup à l’international… On a fait par exemple les vacances de rêve avec l’Afrique du sud, la Grèce, le Maroc… On a fait le Brésil sous l’angle de l’émergence des nouveaux talents, des nouveaux business et, surtout, des Français qui sont partis là-bas et qui ont réussi. Miami, encore, sous un angle plus festif : les Français qui ont réussi dans l’univers de la nuit, des restaurants, des discothèques… On a fait également le New York insolite avec le Français qui a lancé le fameux Cronuts, pour croissant et donuts. Sa boutique ne désemplit plus avec des clients aussi célèbres que la première dame des Etats-Unis… Bientôt, nous serons à Shanghai ou à Saint-Barth.

Vous faites aussi votre retour à la Radio, sur Europe 1 chez Ruquier…

J’ai rencontré Ruquier en 2011, par l’intermédiaire de Babette de Rozières qui était invitée mystère dans On va se gêner sur Europe 1. A l’époque, je faisais partie du classement des plus beaux animateurs avec Michalak… Ça avait été l’occasion d’une petite plaisanterie entre Babette et Laurent Ruquier. Babette avait dit être fière que je sois dans ce classement. Résultat : Ruquier m’avait invité dans son émission. On a sympathisé… Quand il a connu mes déboires avec France Ô, il m’a proposé de venir faire un test pour être un de ses chroniqueurs dans On va se gêner. J’y suis allé la première fois en 2012.

Comment ça se passe en studio ?

On est plongé directement dans le bain avec les autres animateurs. A ma première, j’étais avec Fabrice Eboué, Christine Bravo, Yann Moix, Jean-Marie Bigard et Christophe Beaugrand. Pas le temps d’avoir le trac. Laurent Ruquier m’avait mis rapidement à l’aise. Ça avait même fait l’occasion d’une petite blague avec Fabrice Eboué qui me disait qu’il avait réussi  à dégommer tous les petits nouveaux de l’émission. il ne m’a pas eu et m’y revoilà.

Il y a eu de nouvelles arrivées, notamment celle très remarquée de Christophe de Chavannes et moi je reviens le 23 janvier.

Quelle carte allez-vous jouer ?

Je vais rester ce que je suis et je dirai ce que j’ai à dire car il y a souvent des choses qui me hérissent le poil. Je ne me cache jamais de mes opinions personnelles, maintenant, ça doit rester bon enfant. Je suis dans le divertissement et davantage dans le rayon humour que dans le rayon polémique.

Avec cette audience nationale, en profitez-vous pour glisser quelques références à votre antillanité ?

Bien sûr, mon antillanité s’exprime avec mes références musicales, uniques dans l’équipe. J’écoute du Johnny mais aussi Kassav ! Et d’ailleurs, j’ai fait partie du dernier clip de Kassav, Pwan pié mwen. Je ne me lancerai pas dans une tirade d’Aimé Césaire, mais je parlerai de jeunes artistes, de jeunes auteurs qui sont moins connus. Mais ça pourrait m ‘arriver de citer Césaire, pourquoi pas !

 

Fort de votre expérience sur France Ô avec Ô Rendez-vous et, au vu des critiques qu’essuie France Ô sur sa ligne éditoriale, auriez-vous un conseil à donner à son directeur des programmes ?

Je ne crois pas qu’on ait besoin de mes conseils. Mais, en tant que simple téléspectateur, je me suis réjoui d’un certain nombre de nouvelles émissions et j’ai déploré d’autres émission qui, pour moi, n’étaient pas un reflet très dynamique, très moderne, de ce qui se passe aujourd’hui dans la société antillaise ou française.

Réduire France Ô à l’Outre-mer est-il suicidaire comme le disait son ancien directeur Claude Esclatine ?

Ceux qui pensent qu’il y a une niche antillo-antillaise se trompent. Il y a bien une niche captive d’Antillais, mais elle est bien plus ouverte que celle dans laquelle on voudrait nous restreindre. Pourquoi ? Parce qu’il y a de plus en plus de jeunes qui naissent dans cette France de la diversité, avec des copains antillais qui ont été baignés dans une culture latine, anglo-saxonne ou française, donc qui sont ouverts. Et puis, il y a de plus en plus de Français de souche qui sont intéressés par cette culture, cette diversité, cette mixité, cette façon de se vivre ensemble… Par le biais des sportifs, de la culture, de la musique, il y a de plus en plus de gens qui regardent de ce côté-là et qui sont nés avec pour exemple cette antillanité, cette diversité.

N’est-ce pas plus porteur pour sa visibilité de représenter cette antillanité sur 23 plutôt que sur France Ô ?

Les deux sont porteurs. Plus nous porterons cette antillanité au plus haut niveau national, mieux ca sera. France Ô a un rôle essentiel à jouer sur cette voie car c’est une chaîne ultramarine, mais d’autres chaînes aussi ont leur rôle à jouer. Il ne faut pas cantonner tout ce pan de la culture à France Ô. Par mon petit biais, je represente cette antillanité sur Numéro 23. Je la représente à la radio sur Europe 1. Et puis, par d’autres biais j’espère, sur France télévisions. Je pense vraiment que le service public a ce rôle à jouer sur toutes ses chaînes. Je suis un amoureux du service public, mes parents y ont travaillé toute leur vie et je compte bien un jour y retravailler, dans les prochains mois, les prochaines annees… En tout cas, c’est un souhait que je nourris.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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T
<br /> A ce jour, la vidéo la plus vue de Dieudonné sur Youtube fait environ 3 800 000 vues, la population française est de 65,8 millions et l'audience télé globale dépasse rarement 10 000 000 de<br /> téléspectateurs. Le fait qu'une affaire Taubira ait été montée, puis suivie d'une affaire Anelka, puis une autre affaire Dieudonné démontre qu'il y a une volonté de "Casser du Noir". La mouvance<br /> actuellement au pouvoir venue d'on ne sait où diffère de la précédente. La volonté de placer le ROM et le noir médiatiquement au bas de la liste est évidente.<br /> <br /> <br /> Lorsque Monsieur Ruquier et Madame Barma remplacent sur la 2 l'émission précédente en n'y plaçant qu'1 petit noir (plus jeune que les autres co-animateurs) cela fait un peu "light" et paraît être<br /> une perverse manipulation du concept de "Diversité".<br /> <br /> <br /> Le mieux serait que comme pour les films de Cinéma ou les séries télé, des émissions anglosaxonnes UK ou US soient simplement traduites en plus des productions locales, pour gagner du<br /> temps.<br />
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A
<br /> N'importe quoi les promoteurs de télés ghettos...on se réveille svp!<br />
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