Emilie Porry, de la Martinique à la Chine
La réalisatrice martiniquaise Emilie Porry lève des fonds pour son doc
Elle a été la correspondante d’ATV à Paris et on la voyait souvent rue Oudinot. Et puis un jour, elle a disparu. Emilie Porry est partie en Chine. En errance dans les fins fonds de l’Empire du Milieu avec sa caméra et son micro, elle a découvert le peuple Mosuo. Cette minorité ethnique, menacée de disparition, l’a accueillie pendant plusieurs mois en 2008. « Je veux les retrouver et savoir ce qu’ils sont devenus », déclare la jeune martiniquaise qui a choisi de leur consacrer son prochain documentaire. Pour produire La trace des Mosuo, elle a décidé de lever des fonds auprès du grand public. « Cinq semaines de collecte et nous avons réuni le tiers du budget nécessaire à la production du documentaire », indique-t-elle. En échange, elle promet « un CD, un DVD, un tirage photo, une formation au cadrage et bien d’autres choses encore… » A l’heure actuelle, près de 40 souscripteurs auront déjà le plaisir de voir leur nom défiler au générique du film « La trace des Mosuo »,
Pour participer à la collecte organisée par kisskissbankbank.com, il suffit de suivre ce lien :
http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/sur-la-trace-des-mosuo
La collecte démarre à 5 €. « Ca paraît peu, mais dit Emilie Porry, sé épi grenn diri ou ka plen sac diri. » (C'est avec des grains de riz que l'on remplit les sacs de riz) !
FXG, à Paris
La genèse du projet
L’hiver 2007/2008 reste dans les annales en Asie du sud comme le plus rigoureux de ces 50 dernières années. Cet hiver-là j’étais sur la route, à la découverte du monde, de passage dans le sud de la Chine.
Bloquée par la neige sur une montagne du Yunnan, à 2700 mètres d’altitude, j’ai partagé malgré moi, pendant près de trois mois, le quotidien de familles Mosuo, une minorité ethnique chinoise, composée de 40 000 individus vivant selon les règles du matriarcat. Au fil des jours, Naji, la fille de la première famille à m’avoir accueillie, est devenue mon amie.
Le moyen le plus simple d’accéder au lac, à l’époque, consistait à venir en voiture ou en bus de Ninglang, et par extension de Lijiang, à 7 heures de route. Un vrai parcours du combattant ! Mais la réputation sulfureuse des femmes Mosuo, colportée par des guides touristiques peu scrupuleux, associée à la beauté du site, étaient des raisons suffisantes pour que des centaines de milliers de touristes chinois fassent le déplacement : déjà en 2008, dans certains villages, des hôtels aux parois vitrées avaient remplacé les maisons traditionnelles, et des hordes de touristes suréquipés s’enivraient d’exotisme.