Esclavage
Gérard Théobald : « L’esclavage n’est pas une exception, c’est son industrialisation l’exception. »
Après avoir travaillé avec une caméra pendant plus d’une dizaine d’années sur les Noirs de France et la politique, le journaliste et cinéaste Gérard Théobald sort un ouvrage de réflexion au titre évocateur : « L’abolition de l’esclavage, utopie des sociétés modernes » (édition Dédicaces, du Québec). « Ce livre contextualise l’expérience subjective des descendants d'esclaves », indique l’auteur, lui-même descendant d’esclaves (entre autres). En replaçant la traite transatlantique dans l'histoire globale de l'esclavage, il veut mettre un terme au mythe de « l’exception monstrueuse et incompréhensible de l’expérience horrifique ». C’est-à-dire qu’il dénonce la façon dont les descendants d’esclaves analysent l’esclavage et la traite transatlantique. « Cet esclavage n’a rien d’une situation exceptionnelle, sa seule exception est son industrialisation. » Il veut aussi replacer l’humain au cœur de cet esclavage industriel et met en évidence la résistance des esclaves, consubstantielle de l'histoire de l'esclavage. « Les hommes déportés n'ont jamais abdiqué leur qualité d'hommes », écrit-il avant d’ajouter : « La révolte haïtienne n'a rien d'une exception incompréhensible, il y a eu des précédents avec les Maroons de la Jamaïque… »
Le but de l’auteur, outre d’amener le lecteur à s’intéresser à une histoire complexe, passionnelle mais surtout qui s’inscrit dans le domaine de la culture générale, à comprendre les évolutions des populations noires dans les pays occidentaux. « Il peut se saisir des grands évènements qui marquent l’histoire contemporaine des pays esclavagistes ou des anciens pays à esclaves… Et au delà du sujet, le lecteur découvre avec un autre regard ces mêmes pays… » Ainsi, Gérard Théobald revient sur la ségrégation raciale aux USA, sur les mouvements abolitionnistes, sur la loi Taubira et la reconnaissance du crime contre l’humanité pour mieux asséner son sous-titre : « L’esclavage n’est pas terminé aujourd’hui ; il persiste avec des formes nouvelles comme le travail au noir, la prostitution… Ces différentes formes ont construit la société moderne avec le sempiternel rapport dominant dominé. » Et ce faisant, il évacue la problématique de la couleur, mais pas celle de l’humain.
FXG (agence de presse GHM)