Etats généraux des télévisions d'Outre-mer
Les états généraux des télés d’outre-mer prônent une coopération public/privés
Alain Méar, membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel, en charge des Outre-mer, a présidé les états généraux des télévisions d’outre-mer, hier au siège du CSA à Paris. Il avait tenu à ce qu’ils se tiennent un an après le passage au numérique. « L’idée des états généraux était de réfléchir sur les voies et moyens pour assurer la pérennité et la viabilité des paysages télévisuels ultramarins », déclarait-il à l’issue des travaux. Il y a deux mois, les acteurs des ces paysages audiovisuels s’étaient fait remarquer par de vifs échanges entre l’association des télévisions privées d’outre-mer et le directeur général de France Ô/Outre-mer 1ère. Parmi les questions litigieuses, la volonté des télés privées d’avancer l’heure du prime time. Le débat à ce sujet n’a pas eu d’issue favorable. Globalement, les débats de ce mercredi ont été « francs et loyaux, mais républicains », selon M. Méar. Il y a donc eu des avancées avec notamment l’annonce de la prise en charge des coûts de diffusion. L’aide précédente courait de manière dégressive pour les années 2011 à 2013. « Le ministère des Outre-mer s’est montré très ouvert et le budget ne m’a pas semblé fermé », a commenté le conseiller. Du point de vue des bonnes pratiques concurrentielles, il a été question d’ouverture pour des coproductions locales public/privé, et encore de mise en commun de moyens techniques. « Ce sont des avancées, indique M. Méar, qui peuvent sembler mineures mais qui témoignent de la prise de conscience que chacun doit pouvoir vivre, chacun à sa place avec un concept nouveau qui est en complémentarité. Il s’agira donc de définir une place pour chacune des trois catégories de télévisions locales ultramarines : le public, les mini-généralistes commerciales qui vivent de la publicité et les chaînes d’ultra-proximité qui, elles, sont moins dépendantes des recettes publicitaires. »
Tout cela devrait être développé lors des prolongations locales de ces états généraux dans chaque territoire où seront vraiment développées les possibilités d’une plus grande coopération entre le privé et le public, qu’il s’agisse de captation de concert, de synergie, de mise à disposition de car régie…
Face aux télés privées, le directeur de France Ô et Outre-mer 1ère, Claude Esclatine (voir Itw ci-dessous), s’est dit prêt à travailler avec tous les présidents de chaîne privée, mais visant Chahine Fazel Soleymani, le fournisseur de programmes Cyrus Média qu’il soupçonne d’être à l’origine de la plateforme revendicative des télés privées, il a ajouté « pas avec ceux qui se contentent d’engranger des commissions ». « Pas tout à fait faux », a commenté la patronne d’une chaîne privée de proximité.
FXG
Ils ont dit
Sylvie Brival, GTV
« Il faut qu’avec Outre-mer 1ère, nous travaillons ensemble, non pas en tant que concurrent parce que je n’ai pas les moyens de concurrencer le groupe France Télévision, mais en trouvant des alliances pour trouver des moyens de coproduire certaines choses pour plaire et satisfaire le téléspectateur. »
Jean-Claude Asselin de Beauville, ATV
« L’ouverture sur l’aide à la diffusion est quelque chose d’important que nous avions demandé ? Il y a eu la mise en place de simplex qui permettront à des télés d’être dans les trois DFA… On est un petit peu malheureux que pour la publicité et le prime time, les choses n’ont pas avancé aussi bien qu’on le voulait. ? Mais ce n’est pas terminé puisque nous irons voir le ministre des Outre-mer… »
Lisa Rodriguez, Canal 10
« C’est la première fois que le CSA nous écoute et qu’on a en face de nous Outre-mer 1ère. Maintenant il faut savoir ce qu’il en sera des directions de Guadeloupe 1ère ou Martinique 1ère… Je ne suis pas sûre qu’il y ait eu la même écoute de la part de Canal Overseas. On n’a pas obtenu la gratuité de la diffusion et la TNT ne fonctionne pas du tout. Mais quand même, en général, c’est très positif. »
3 questions à Claude Esclatine, directeur général OM 1ère et France Ô
« Les télés locales privées et celles d’Outre-mer 1ère doivent se rapprocher »
Les échanges vifs entre privés et public, il y a deux mois, sont-ils apaisés ?
Les échanges qui ont eu lieu depuis deux mois étaient plutôt une communication des chaînes privées pour parler de concurrence déloyale et de pratiques anticoncurrentielles ; Je ne me situe en aucun cas dans un contexte comme celui-là. J’ai consacré une bonne partie de mes interventions à démontrer mon ouverture pour être côte à côte et non les uns contre les autres dans des territoires trop exigus. Leurs économies ne justifient pas que l’on soit en concurrence. Nous avons déjà la concurrence des 170 chaînes qui viennent par les opérateurs commerciaux et celle des 7 chaînes nationales de la TNT. En conséquence, les télés locales privées et celles d’Outre-mer 1ère doivent plutôt se rapprocher pour essayer de construire des coopérations.
De quelle manière ?
On a évoqué des problèmes de diffusion satellitaire et TNT terrestre, de distribution des produits à acquérir, comment on pouvait coproduire ponctuellement des événements ; comment on pouvait partager des moyens de production, comment on pouvait traiter les artistes locaux… On a évoqué tout cela mais dans un état d’esprit très constructif.
Vous êtes donc prêts à travailler avec tous les présidents de chaînes de télévision privée d’outre-mer ?
C’est évident. Moi qui vient du secteur privé et qui gère aujourd’hui une partie importante du secteur public, j’ai chevillé au corps l’idée d’être ouvert par rapport aux préoccupations et aux contraintes économiques que rencontrent les chaînes privées. J’ai la responsabilité des 9 chaînes de télés publique d’outre-mer (et des 9 radios) et de leurs personnels mais je suis dans un état d’esprit très ouvert, très constructif par rapport aux télés privées.
Propos recueillis par FXG