Fabrice di Falco, contreténor martiniquais
Fabrice Di Falco, du baroque au jazz
C’est lors d’une rencontre avec le pianiste Jean Rondeau, le batteur Aurélien Pasquet, le contrebassiste Erwan Ricordeau et la danseuse italienne, Cosetta Graffione, que le contreténor martiniquais, Fabrice Di Falco, a mis sur pied un quartet inédit de jazz baroque, le Di Falco Quartet.
Le Farinelli créole, Fabrice Di Falco, l’homme au timbre de voix magique et très particulier, a fait vibrer Paris, lundi dernier à l'espace Bernanos, par sa musique métissée et envoutante. Artiste lyrique internationalement connu avec sa voix chaude de sopraniste ou de baryton en interprétant des arias pour castrats, il a été une révélation pour la grande Barbara Hendricks.
Le trio en place joue un air de castrat de la plus belle de manière, et une voix profonde retentit du fond de la salle, obligeant un mouvement inverse du regard et, comme un seul homme, les têtes se retournent pour apercevoir le chanteur dans sa magnifique robe bleu nuit et son masque vénitien descendant les marches avant de prendre place sur son siège drapé de madras portant l’inscription de son pays natale, la Martinique. « C’est ma carte de visite », lance l’enfant de Fort-de-France.
Sur scène, sa voix fait merveille en mélangeant les compositions de Mozart, Haendel, Vivaldi avec du jazz, tout en ajoutant une dimension émotionnelle et fantastique à cette musique. Dans un bouillon culturel, il réconcilie la musique antillaise de sa mère et celle d’Italie de son père, des airs de zouk et de biguine. L’occasion est bien choisie pour rendre un vibrant hommage au Mozart noir, le chevalier de Saint George sans omettre de revisiter une chanson d’Edith Lefel, pour les dix ans de sa mort, et de terminer sur un « Adieu foulard, adieu madras », très original. Une fin de concert très couleur Caraïbes. « J’aime tellement la musique de chez nous, le zouk. Maintenant j’ai envie de mélanger ma voix avec le zouk. Je trouve que la musique d’opéra et la musique zouk sont la musique du peuple. Il faut rendre l’opéra au grand public ! » C’est son vœux le plus profond. Sa réputation grandissante lui vaut de clôturer, avec Barbara Hendricks, le 17 novembre, le «Forum d’Avignon » dans la salle du Conclave qui rappelle la grande époque des castrats. Puis en 2013, il jouera le rôle principal à l’opéra de Lyon dans « Le Claude » de Robert Badinter et Thierry Escaich. En attendant une tournée aux Antilles avec le Di Falco quartet, son rêve.
Alfred Jocksan (agence de presse GHM)
Fabrice Di Falco : « Je suis très content de voir que ce public qui aime le jazz, qui aime l’opéra, finit le concert avec les couleurs Caraïbes. Alors je peux être l’ambassadeur de mes îles pour que les touristes viennent visiter les Caraïbes en se disant qu’on ne fait pas que du zouk, mais qu’on aime tous les styles de musiques. Il n’y a pas que les Noirs américains qui savent remarquer la valeur de l’opéra et la valeur du jazz, nous aussi aux Caraïbes nous savons faire ça. »