Fallait-il immerger le Cosette au large de la Martinique ?
Les Robins des bois s'emparent du dossier du "Cosette"
"Le préfet est un menteur, un manipulateur et un colonialiste !" Garsin Malsa, président de l'Assaupamar, mais également du Conseil des rivages français d'Amérique, n'a pas mâché ses mots (et ne crains pas les procès, assure-t-il), lundi, au siège de l'association des Robins des bois pour dénoncer les conditions dans lesquelles le Cosette a été immergé au large de la Martinique, "au mépris des conventions internationales", dont celle de Bâle en 1989, née justement de l'errance de ce navire poubelle quand il s'appelait le Zenoobia. "Couler le cosette, c'était couler la convention de Bâle !" Jackie Bonnemains, porte-parole des Robins des bois, est revenu sur l'historique de ce navire construit en 1966, avant qu'il ne soit laissé à l'abandon dans le port de Fort-de-France fin janvier 2010. "En février 2014, poursuit M. Bonnemains, deux options étaient envisagées. La première était son recyclage dans le port foyalais et créer ainsi une filière antillaise de démantèlement des navires, tel que le prévoyaient le Grenelle de la mer; la seconde, l'océanisation après dépollution totale. Rien ne se passe jusqu'à la mi-octobre. une solution est soutenue alors par l'Assaupamar en convergence avec la CCI et une filiale du groupe Véolia qui propose son démantèlement en Martinique. Un vif débat s'installe jusqu'à ce que le préfet Fabrice Rigoulet-Roze annonce qu'un navire chameau va venir le remorquer pour l'emmener dans l'Hexagone où il sera déconstruit. Le ministère de l'Outre-mer assure que les fonds étaient débloqués et la réservation du navire spécialisé effectuée. Mais le lendemain même de cette annonce, arguant d'une importante voie d'eau signalée par les autorités portuaires, changement de programme : le Cosette est remorqué à 14 milles des côtes, à l'ouest de la Martinique pour être immergé par 2700 mètres de fond. "On nous a parlé de péril imminent, souligne Jackie Bonnemaisons, mais il a résisté à huit heures de remorquage et il a fallu le dynamiter pour qu'il coule..."
Persuadés que cette décision vient des autorités portuaires tout à leur projet d'extension du terminal container de Fort-de-France, les associations sont décidées à ne rien laisser passer. Les Robins des bois ont demandé le 13 novembre les délibérations du port, les rapports des divers experts, bref tous les documents relatifs à la gestion du Cosette depuis 2010. Et si le préfet a indiqué que ces documents étaient disponibles en préfecture, les associations déplorent qu'elles ne soient que consultables et non communicables. Sans réponse au 15 décembre, l'Assaupamar, les Robins des bois et, selon Garsin Malsa, la commune du Prêcheur, ont décidé de saisir la justice. D'abord la commission d'accès aux documents administratifs. "S'il s'avère qu'il n' y a pas eu de réel suivi, déclare M. Bonnemains, nous attaquerons devant le tribunal administratif de Fort-de-France l'arrêté préfectoral autorisant l'océanisation du Cosette. S'il nous donne raison, ça ne remontera pas le Cosette, mais ce sera un atout pour le prochain maillon de la chaîne, le Lady Grâce II." Celui-ci est non remorquable parce que couché dans le port, et serait le parfait cobaye pour la filère de démantèlement tant désirée par les associations plaignantes. Selon les Robins des bois, l'océanisation du Cosette, "aux limites des eaux territoriales françaises", en plein coeur du futur sanctuaire mammifère marin de la Caraïbe (AGOA), est "une atteinte à l'image de la Martinique", et participe à "décrédibiliser la France" quand quelques jours seulement avant l'immersion, Ségolène Royal était en Martinique pour installer son comité de pilotage. Le but étant de préserver toute forme de pollution.
FXG, à Paris