Foire de Paris, Guadeloupe
Affaires tièdes à la Foire de Paris
Rarement on a vu autant de moulins à sorbet à la Foire de Paris ! Au moins une vingtaine dans les 8000 m2 du hall Terre de tropiques… C’est que les sorbets et les bokits restent les produits phares. Les Guadeloupéens qui tiennent ces stands ne connaissent pas la crise ! Même succès pour la kassaverie de Siméone Cyrille. Mais tous les exposants reconnaissent une moindre affluence et une moindre propension à dépenser. « Les autres années, il y avait la queue devant les bokits et les sorbetières », reconnaît Gervaise Pommier, élue de la chambre de métiers et d’artisanat, par ailleurs maitre-artisan coiffeur à Basse-Terre. La chambre participe à la Foire de Paris depuis sept ans. « Un choix politique », déclare Gervaise qui confie qu’un budget de plus de 100 000 euros a été voté pour cette présence. Cette somme sert à financer la venue de 25 artisans en participant à 90 % de la valeur de location de leurs stands. Les artisans qui viennent sont à 80 % les mêmes d’une année sur l’autre. « Meme si on ne les aidait pas, nombre d’entre eux viendraient de toute manière car ils peuvent faire à Paris jusqu'à 80 % de leur chiffre d’affaires annuel. Dans les travées, les avis des exposants sont mitigés selon qu’ils sont dans la coiffure, l’alimentation, la couture, l’artisanat d’art ou la construction. Patrick Guimbeau d’AwMony aux Abymes, a vingt-cinq ans de Foire dans les pattes : « C’est calme par rapport aux autres années », soupire-t-il en ce vendredi, journée pourtant dédiée à la Guadeloupe. Sans l’aide de la chambre de métiers et d’artisanat, il ne viendrait plus, assure-t-il. Mais il sait bien qu’une présence à la Foire de Paris est bonne pour l’image et permet de tester ses nouveaux produits à la clientèle. Il concède d’ailleurs un chiffre d’affaires de 10 000 €. Agathe Jolo qui tient le stand des produits à base de groseilles pays ne se plaint pas. Son stand est, pour beaucoup de visiteurs, une nouveauté qu’ils découvrent avec plaisir. Quant aux connaisseurs, ils viennent directement la voir pour acheter ! C’est sa deuxième Foire de Paris apres son passage en février dernier au salon de l’agriculture. « Je me sens plus à l’aise a la Foire où tout le monde vient et trouve ce qu’il veut ! » Non loin d’elle, se trouve le stand de Joëlle Davrain qui tient à Perrin, Morne-à-l’Eau, le restaurant La Grillade piquante créole. Elle estime que dans les deux semaines de foire, elle aura fait et vendu un demi-millier de bokits (à 5 ou 6 euros pièce). C’est sa troisième année à la Foire. « Ma sœur qui habite à Paris m’a suggéré de venir… » Elle indique avoir mis 5000 € dans le stand. « La chambre nous aide à couvrir 25 % des dépenses. Elle prend en charge les 200 kilos de fret et négocie les tarifs des stands. » Elle ne voit pas où sont les 90 % d’aides de la chambre… « On rentre juste dans nos frais, mais on est là pour l’image. Je fais connaître aux futurs touristes mon restaurant. » Pendant l’entretien, Gregory, son frère, debout sur son moulin à sorbet, a vendu trois grands gobelets de sorbet coco à de jeunes et gourmands martiniquais. 4, 5 ou 6 euros selon le format. Vivement le week-end et le retour de la foule et de la chaleur.
FXG, à Paris
Succès continu pour les Kassaves
« Bien sûr qu’il faut revenir a la Foire ! » Siméone Cyrille de la Kassaverie Saveur ne saurait manquer à ses clients. « Ils attendent le produit et nous, on sait qu’ils viendront ce week-end. » L’année derniere, elle s’était retrouvée en rupture de stock au bout de dix jours. Cette année, elle a donc chargé la mule ! Elle a fait venir 1200 kilos de fret, chaudière comprise ! Petite nouveauté, les clients commencent à lui demander de pouvoir acheter la préparation. « Ils veulent essayer de faire les kassaves chez eux, explique Siméone. On y réfléchit sérieusement… »
Dure, la vie d’artistes…
Thierry Prosper est habituellement situé sur le pavé de la rue piétonne de Pointe-à-Pitre pour vendre ses peintures, sur toile ou sur tee-shirt… Le voilà dans une allée de la Foire, sur un stand qui n’a rien à envier aux ateliers d’artistes montmartrois. Il a emmené avec lui Jimmy Nabal, peintre lui aussi, mais qui s’expose à Lapwent du coté du carrefour Legitimus. « C’est notre première fois, signale Thierry, on tâte le terrain… En quatre jours de Foire, on a très peu vendu… » « On entend beaucoup de c’est beau, peu de j’achète », ajoute Jimmy qui, ironie du sort, peint selon la technique du couteau, avec une carte bleue ! Ils ont beaucoup travaillé pour etre là : ils ont peint un stock de 350 tee-shirts qu’ils vendent pour une somme raisonnable : 25 €. Mais ils restent philosophes : « On voyage et on montre au public ce qu’on sait faire. » Pour Jimmy, de toute façon, « ce n’est pas la crise, c’est un changement d’ère ». Alors ils logent dans la famille ou chez des amis en région parisienne. « Il y a du plaisir à prendre, mais Paris est une machine à fric ! » Alors, forts de cette première expérience, reviendront-ils ? Jimmy est partant, Thierry plus circonspect. « J’ai investi 5000 € et je ne sais pas si je vais rentrer dans mes frais. Mais les deux garçons reconnaissent qu’il est trop tôt pour tirer un bilan et veulent bien encore laisser leur chance quelques jours aux Parisiens