François Hollande et les Antilles Guyane à la veille du second de la primaire
ITW François Hollande
« Notre rhum est le meilleur du monde »
Quelles seront vos trois premières mesures concrètes pour l’outre-mer ?
Votre question est extrêmement difficile tant les outre-mers sont différents. Les mesures valables pour la Guyane ne le sont pas forcément pour la Nouvelle-Calédonie. Ce qui vaut à Saint-Pierre-et-Miquelon n’a souvent aucun sens à Wallis et Futuna !
Mais s’il fallait citer trois mesures parmi toutes celles qu’il faudra prendre, je dirais que je relancerais la construction de logements sociaux pour permettre aux jeunes de s’installer dans la vie, que je reviendrais sur l’application de la réforme territoriale en Guadeloupe et à La Réunion et que je m’attaquerais sans délai aux monopoles qui rendent la vie chère !
Et une quatrième : je porterais immédiatement le RSA mahorais à 50% du taux national !
Faut-il maintenant en finir avec l’indexation des fonctionnaires ?
La vie est plus chère outre-mer. Les fonctionnaires ultramarins se sont battus pour obtenir les mêmes avantages que leurs collègues métropolitains qui venaient travailler outre-mer. Tant que les prix resteront significativement plus élevés outre-mer, il n’y a pas de raison de revenir sur une mesure qui permet aux agents publics de vivre décemment. Il ne faut pas oublier non plus qu’avec le chômage qui sévit outre-mer, le salaire d’un fonctionnaire fait souvent vivre davantage de personnes que dans l’Hexagone, les enfants restant plus longtemps au foyer. Les majorations de traitement permettent aussi aux parents de financer les études de leurs enfants dans l’Hexagone.
Arnaud Montebourg a réalisé un score surprise en métropole, cela modifie-t-il votre position sur la défiscalisation outre-mer, sachant que les niches fiscales sont souvent pointées du doigt pour profiter aux plus riches ?
Ma priorité est la jeunesse et singulièrement l’emploi des jeunes. Outre-mer, l’emploi des jeunes est une question cruciale. Pour créer les emplois de nos jeunes, il faut aider les entreprises à investir. La défiscalisation est une forme d’aide à l’investissement productif. Il convient, bien sûr, de veiller à ce qu’elle ne devienne pas le moyen pour certains d’échapper complètement à l’impôt. En cela Arnaud Montebourg a raison d’être vigilant.
Mais en matière de développement économique, il faut rester pragmatique et ne pas sacrifier les dispositifs de défiscalisation qui ont montré leur efficacité.
Aux Antilles et en Guyane vous avez terminé nettement en tête devant Martine Aubry. Quelle en est la raison ?
Je veux remercier tous les Guadeloupéens, tous les Guyanais et tous les Martiniquais qui se sont mobilisés pour moi. Franchement, quand j’ai vu tomber les résultats de ces départements, j’ai été profondément touché par ces témoignages de confiance venus de l’autre côté de l’Atlantique. Cela m’a encouragé !
Et puis, je crois aussi avoir choisi de bons représentants pour porter ma parole outre-mer !
Doit-on continuer à soutenir la banane et la canne à sucre au détriment des cultures vivrières ?
Vous savez, en Europe, la plupart des grandes spéculations agricoles sont soutenues. Les grands céréaliers des plaines d’Europe ne vivraient pas sans les aides européennes. Il est normal de soutenir l’agriculture européenne car il est de la responsabilité de la puissance publique de veiller à la sécurité alimentaire des populations. Aux Antilles, c’est la même chose. Les cultures traditionnelles doivent être soutenues par l’Europe pour les mêmes raisons. D’abord parce qu’elles créent de la richesse et des emplois. Ensuite parce qu’elles contribuent à l’entretien des terres et des paysages. Enfin parce qu’elles assurent des productions de qualité. Nos bananes sont les plus saines du monde et les plus « commerce équitable ». De plus aujourd’hui, nous en maîtrisons la qualité et la commercialisation dans l’Hexagone. Notre rhum est le meilleur du monde. Il serait absurde d’abandonner tout cela ! D’autant plus que la culture de la banane et de la canne ne se fait pas au détriment des cultures vivrières. Il n’y a pas d’incompatibilité. Il y a suffisamment de terres agricoles pour cela.
Du pétrole vient d’être découvert au large de la Guyane. Ferez-vous en sorte que la collectivité puisse bénéficier directement des dividendes de son exploitation ?
Oui. Je crois qu’il faudra trouver les aménagements juridiques nécessaires notamment au code minier et au code des impôts pour que la collectivité guyanaise qui a tant à investir pour assurer l’éducation de sa jeunesse et le développement de son économie bénéficie des retombées de cette exploitation.
Par ailleurs, il conviendra d’être extrêmement vigilants sur les conditions environnementales d’exploitation de ces gisements. Il n’est pas question de prendre de risques et qu’après la pollution de la forêt guyanaise par l’orpaillage clandestin, les eaux poissonneuses de Guyane puissent être polluées par une marée noire.
Agence de presse GHM
L’avenir de l’Outre-mer dans la République selon François Hollande
Je crois que les Français d’outre-mer perçoivent très bien qui s’intéresse à eux et à leurs problèmes. Chaque fois que je me rends outre-mer, je me sens bien et j’aime le contact sympathique, chaleureux et franc avec ces compatriotes qui donnent à notre pays une dimension planétaire. Les outre-mers, c’est la diversité, c’est la démonstration qu’on peut être Français aux quatre coins du monde au-delà des couleurs, des religions et des distances. J’aime cette idée de partage. Peut-être les ultramarins le sentent-ils ?