Franck Danican du quimbois a la haute-couture
Franck Danican fait des nœuds dans la haute couture new-yorkaise
Ce Mornalien d’une quarantaine d’années, marqué dans son enfance par le quimbois, vit à New-York une carrière de créateur renommé.
« Ce n’est pas parce que ta propre tante attache une photo de toi dans un torchon avec sept nœuds qu’elle enferme dans un placard, que la vie s’arrête. Kreyon bon Die pani gom ! » Celui qui dit ça est, depuis plus de dix ans, un créateur renommé dans la haute-couture à New-York. C’est Franck Danican, natif de Grippon, à la maison même, près du cimetière, « le plus beau du monde, selon les touristes », s’amuse-t-il à dire. De Morne-à-l’Eau, il retient d’abord sa grand-mère, Clotaire Rémilien, « une centenaire qui s’attache toujours la tête avec un foulard en coton madras », puis « la ville fleurie, l’éducation sévère, l’école et le dimanche, la messe. Croyant avant tout ! ». Du college Richeval, il a gardé en memoire une professeur : « Elle faisait trembler les murs avec son allure, ses talons de 18 cm et son parfum qui embaumait tout le college et qui aurait pu réveiller un mort ! L’élégance, de la tete aux pieds. » Sa mère, Marie-Ena, aimait « les belles choses » et avait une Singer… Elle avait aussi une sœur, section Salette. « Elle avait proposé à ma mère de me donner une langue de mouton à manger. C’est grave ! Les tantes donnent un jouet, une glace, un gâteau à un neveu… » Cette tante était mariée à un homme qui mettait des cadenas dans les gueules de crapauds, c’est elle qui mélangeait les photos, les noeuds et les torchons… Dont celle de Franck. Il saura s’en souvenir plus tard quand il gagnera le concours « le style Dior » avec une robe portant sept noeuds. « La mode, c’est le talent, pas les bougies et les poupées ! », clame-t-il.
Après le lycée au Lamentin, il part à 18 ans à Lyon où il obtient un BTS de styliste. Et tandis que son frère Hugues s’attaque au tour cycliste de la Guadeloupe, il se forme à la maison Dior. Il continue cinq ans durant avec la chambre syndicale de la haute-couture de Paris jusqu’au départ pour New-York. « Ma tante, avec ses nœuds, pensait m’attacher à la Guadeloupe comme ses cinq enfants. Mais Dieu a dit : ce sera New-York. Ça a été New-York ! » Il s’inscrit au Fashion institute of technologie, le FIT, une des écoles de mode les plus en vogue de Big apple. « Je suis arrivé juste avant le 11 septembre… Big problem… »
Après sa « NY photo fashion accessories » en septembre dernier, où il exposait des bijoux tout en nœuds, Franck Danican prépare son « fashion show surprise ». Sa première collection homme au Showroom de New York. « Très sexy ! C’est un hommage aux Noirs qui se sont battus pour montrer que les Noirs ne sont pas qu’esclaves. » Il a dégoté lors d’un casting deux Guadeloupéens pour porter ses modèles et il promet une musique de Joëlle Ursull. Il se dit artiste, « fashion rebel ». Sa patte ? « Toujours un nœud ! Et une touche d originalité… J’aime bien une pièce de cuir dans les vêtements, les mélanges de tissus unis… » Ses clients sont des stars, des peoples de la télévision. Il est dans la presse new-yorkaise, Seek me, Relapse, Elle, Modelixir…
Au FIT, il a rencontré André-Léon Taylor de Vogue Bazar qui lui a présenté Janet Jackson. C’était il y a dix ans, à Miami, à l’occasion du défilé qu’il donnait au Nikki beach. Il a aussi rencontré Leny Krawitz… Son défilé rendait hommage à Joséphine Baker. « Je lui tire mon chapeau parce qu’avec rien que trois ou quatre bananes autour de la taille, elle est entrée dans l’histoire. » Le défilé suivant, celui qui devait consacrer son talent, s’appelait : « Les sept nœuds de foulards »… Il n’a qu’une seule explication pour un tel succès : « La curiosité est un talent caché. »
FXG, à Paris