Freddy Loyson et la Maison des Hauts de Seine de l'Outre-mer
Le procès de Freddy Loyson en appel
Freddy Loyson était jugé en appel, hier devant la cour d’appel de Versailles, dans l’affaire de la Maison de l’Outre-mer des Hauts de Seine.
« Pas un seul centime n’a été détourné et je suis fier d’être un Guadeloupéen qui a rendu service à son peuple. » Ces quelques mots ont été la ligne de défense de Freddy Loyson. En première instance, l’ancien directeur de la maison de l’outre-mer des Hauts-de-Seine (MDOM) avait été reconnu coupable d’abus de confiance et condamné à 2 ans de prison avec sursis, 5000 € d’amende, 5 ans de privation des droits de gérer et à verser la totalité des sommes détournées, soit 157 394 € de dommages-intérêts au liquidateur judiciaire de la MDOM et 1 501 € au conseil général, en réparation. « On me fait porter le chapeau ! », a déclaré Freddy Loyson pour justifier son appel. Nommé directeur général de la MDOM en 2002, ce proche de Charles Pasqua est alors à la tête d’une association financée quasi totalement par les Hauts-de-Seine (3,9 millions € sur 4 millions) et dont le président est l’artiste Gérard La Viny. La MDOM agit pour le rayonnement de l’outre-mer en Ile de France, organise des activités socioculturelles, des événements sportifs, des actions d’intégration et de l’hébergement pour les familles de malades ultramarins hospitalisés en Ile de France. Entre 2000 et 2006, les charges d’exploitation augmentent de manière considérable. En 2004, Nicolas Sarkozy remplace Charles Pasqua à la tête de la collectivité et l’année suivante, le conseil général, informé d’irrégularités comptables, commande un audit. Actionné le 8 février 2005, il est motivé par des problèmes de fonctionnement et d’organisation… Il révèle vite qu’à la fin 2005, le passif est de 870 000 €. Le conseil général l’abonde dans une ultime subvention en décembre 2006. L’ironie du sort veut qu’elle serve à payer les clauses du contrat de Loyson (70 000 €) et de son adjoint Binam (40 000 €), relaxé en première instance, ainsi que les honoraires du liquidateur amiable, enfui depuis à Maurice (70 000 €). La subvention ne suffit donc plus à apurer la dette.
« Un groupe à tendance électorale »
Les élections viennent, et Devedjian succède en 2007 à Sarkozy au conseil général. « Devedjian a indiqué qu’il avait trouvé une situation digne des écuries d’Augias, rappelle l’avocat du conseil général, et qu’il allait les nettoyer. » Il explique que la MDOM était « un groupe à tendance électorale visant à rassembler Martiniquais et Guadeloupéens ». Il ajoute même : « L’objet était de dépenser sans compter. » Devedjian a transmis l’audit au parquet de Nanterre. L’enquête de police a imputé à Freddy Loyson des opérations non justifiées. Il est suspecté d’avoir procédé entre 2003 et 2006 à de nombreux retraits d’argent en liquide au distributeur de l’agence bancaire voisine de son domicile à Paris et un certain nombre de frais de voyages, d’hôtel, de restaurant ou de représentation ne sont pas justifiés. 34 243 € ont été retirés entre le 6 février 2003 et le 9 mars 2004. Mais encore, 18439 € en quatre opérations… En tout, 157 394 €. « Et pendant ce temps, vous ne payiez pas les charges sociales de personnel », lance la partie civile. « Nous avons organisé 35 manifestations dans les Hauts de Seine, proteste le Guadeloupéen, elles justifiaient des artistes rémunérés en espèce parce que ça se fait comme ça. » Son avocat assure qu’ils ont porté les justificatifs manquant et que les comptes ont été certifiés… « Pourquoi cette unanimité contre vous, demande le président de la cour. Même Gérard La Viny parle de lui comme un président de paille. » « Gérard avait 80 ans… » répond Freddy Loyson. « Pourquoi avez-vous transféré 17 000 € à l’association des Guadeloupéens de France que vous présidiez ? » « C’était une avance, cela a été remboursé. » « Loyson est peut-être négligent, avance sa défense, Me de Boosère-Lépidi, mais ce n’est pas un délinquant… », Il attaque sur Charles Pasqua. « C’est lui qui est à l’initiative de l’association. Dès septembre 2000, un tiers des membres du conseil d’administration sont des élus. Ceux-là ne sont pas des hommes de paille. Ils ont participé et soutenu ce projet. Et La Viny, homme de paille ? Absurde. » L’avocate générale n’en crois pas un mot : « On essaie de nous égarer… M. Loyson a eu des activités quelque peu touristiques sur les fonds de l’association. La peine de première instance est adaptée. Je demande sa confirmation ». Me de Boosère-Lépidi plaide la relaxe. Délibéré au 3 mars prochain.
FXG (agence de presse GHM)
Une plainte pour faux intellectuel
Freddy Loyson a indiqué à la Cour que son avocat déposé une plainte au parquet de Nanterre pour faux intellectuel sur ce rapport d’audit qui a justifié les poursuites contre lui. Cependant, on ne dispose pas d’information quant à son éventuelle instruction. Freddy Loyson compte apparemment beaucoup dessus. « Je dois avouer, a-t-il indiqué à l’issue de l’audience, qu’entendre parler de caisse noire malgré les justificatifs remis à l’audit, prouve leur sentiment à notre endroit. Mais je me battrai pour gagner ce combats contre trois vauriens des Hauts-de-Seine qui ont instrumentalisé ce dossier. »