Ganer et K-Bo
Liens de Romain Ganer et Jean-Claude K-Bo
Deux Guadeloupéens, l’un de Marie-Galante (Romain Ganer), l’autre de Sainte-Rose (Jean-Claude K-Bo), exposent ensemble à l’espace Canopy à Paris 18. Sous l’intitulé des « Liens », les deux hommes croisent leurs travaux. La sculpture de K-Bo et la peinture de Ganer s’observent et se laissent observer. Les deux hommes se connaissent bien depuis longtemps. « Ce qui nous lie, témoigne Romain, c’est l’art, le boulot… » Romain Ganer a choisi de présenter une vingtaine d’œuvres. Des portraits sur carton inspirés des masques Punu. « Ce sont des masques tout blanc du Nigéria mais on les prend facilement pour des masques japonais, explique le Marie-Galantais. Je reproduis la façon d’implanter les cheveux et les regards dans ces masques. » Dans ses portraits sur bois, il exprime un travail sur le phénomène de diaspora (au sens générique) avec un symbolique forte exprimée par la présence d’objets insolites (corde, brosse de pont, montre…). C’est une « œuvre-témoin » des cultures oubliées. A cet art répond l’expressionnisme du sculpteur qui par ses majestueux et terrifiants totems, donne une résonance à ces mémoires oubliées. Le fils du charron de Viard à Sainte-Rose est né dans les copeaux, il a toujours manié les matières. Ses oeuvres sont faites bois, de mousse expansive qu’il maroufle avec un mélange de terre, du câble électrique, et même des fiches bnc… Son travail pourrait être une déclinaison de la poésie de Daniel Maximin quand il écrit qu’il a fallu quatre continent pour faire la Caraïbe… « Oui, mais c’est plus dans la façon de remonter le fleuve, corrige le sculpteur, pour mieux accrocher les éléments, pour mieux les capter. » L’exposition a ouvert ses portes hier et se prolonge jusqu’au 18 mai.
FXG (agence de presse GHM)
Romain Ganer
Le sculpteur K-Bo s’installe à Troyes
Son oncle était l’évêque de la Guadeloupe et son père était charron... « Tout le façonnage se faisait à la main, raconte le sculpteur K-Bo, car sans machine, c’était sans impôt ! » Jean-Claude Cabo, di K-Bo, est né en Guadeloupe, dans les copeaux. Il a toujours manié les matières.
C’est avec son père, dans son île natale, qu’il a appris à travailler le bois et c’est vers l’âge de 10 ans qu’il réalise ses premières sculptures. « C’était du modelage, avec de la terre... » En 1982, il débarque dans l’Hexagone. Il est alors versé dans la peinture quand il organise sa première exposition en 1986. « Un vieux monsieur m’a indiqué une pièce assez abstraite, de formes assez rondes, me proposant de pousser dans cette direction… Je n’aimais pas le format des tableaux alors je faisait des blocs de pierre, des tableaux en 3D, d’abord avec des angles… » A l’instar de ses enfants triplés, il fait surgir des visages dans des volumes tridimensionnels, érige des mâts-totems réhaussés de masques et de cheveux de bois ! Et il nomme « Esprit Cariba », « Racine Cariba »… Son travail pourrait être une déclinaison de la poésie de Daniel Maximin quand ce poète créole écrit qu’il a fallu quatre continents pour faire la Caraïbe… « Oui, mais c’est plus dans la façon de remonter le fleuve, corrige le sculpteur, pour mieux accrocher les éléments, pour mieux les capter. » Les œuvres de K-bo sont faites de bois, de mousse expansive qu’il maroufle avec un mélange de terre, de câbles électriques, et même de fiches bnc (pour son Totem connexion)…
Tous les jours, K-Bo se lève à 5 heures pour travailler dans son atelier de Saint-Léger-sous-Margerie où il vit depuis 22 ans, puis il va à son autre travail, à France 3 en Ile-de-France, à 150 km de chez lui. Le Guadeloupéen est devenu Champenois en suivant l’amour. Et le pays lui a rendu : en 2008, il a été élu conseiller municipal de Saint-Léger. Depuis, il est en charge de la culture ; « La brocante et le feu d’artifice, c’est moi ! », annonce-t-il fièrement. Il aimerait développer une galerie dans son village pour « faire bouger un peu » l’arrière-pays champenois. « On est au fin fond de la Marne, ici ! » Alors en attendant de faire venir des artistes à Saint-Léger, K-Bo s’exporte à Troyes avec ses œuvres. Il est à la galerie l’Arrivage à partir du 19 avril jusqu’au 2 juin.
FXG (agence de presse GHM)
Galerie L’Arrivage, 6 rue Larivey, Troyes.