Gaston Monnerville sur France 5 le 6 novembre
Gaston Monnerville sur France 5
France 5 s’intéresse au destin de l’un de ses plus dignes représentants, Gaston Monnerville. Brillant avocat, résistant, député, sénateur puis président du Sénat, ce grand serviteur de la République, originaire de Guyane, reste pourtant méconnu. Vingt ans après sa disparition, sa mémoire est enfin honorée, un buste à son effigie est d’ailleurs sur le point d’être inauguré dans les jardins du Luxembourg.
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La France a oublié Gaston Monnerville qui fut pourtant l’un de ses plus fidèles serviteurs. Issu d’un milieu modeste, il naît à Cayenne en 1897 puis rejoint la métropole et commence des études d’avocat à Toulouse. Très vite, il se distingue par ses brillantes plaidoieries, notamment lors du procès aux assises de Nantes, des émeutiers de Cayenne qu’il parvient à faire acquitter.
« Je n’avais jamais vu d’autres films sur cet homme, à l’exception des « Insurgés de Nantes », relate le co-auteur et producteur Alain Maline. Je tournais le film « Jean Galmot, aventurier », et j'avais rencontré Gaston Monnerville pour m'entretenir avec lui, notamment sur sa plaidoirie de Nantes. » De cette rencontre viendront les premiers germes de ce documentaire…
Membre du Parti Radical de Gauche, Monnerville est élu à deux reprises député de Guyane dans les années 1930. Lorsqu’éclate la guerre, il s’engage dans la marine et assite au désastre de Mers-el-Kebir. Il est le premier à comprendre que le salut de la France, pendant la guerre, passe par les colonies. A la veille de la guerre, il a déjà persuadé son ami Felix Eboué, autre Guyanais célèbre, d’accepter le poste de gouverneur au Tchad qui deviendra par la suite une terre d’accueil pour les troupes de la France libre. De son côté, Monnerville poursuit les combats dans les maquis d’Auvergne. Après la guerre, il entre au palais du Luxembourg en tant que sénateur du Lot, puis est élu président du Conseil de la République en mars 1947. Pendant vingt-deux ans, il est réélu à la présidence de cette seconde chambre parlementaire qui reprend officiellement le nom de Sénat en 1958.
« Son épopée, explique Alain Maline (photo), est relatée grâce à des images de famille inédites, des séquences et entretiens jamais montrés… Comment cet homme parti de Cayenne a réussi à atteindre l'un des sommets de l'Etat français et pourquoi dans notre mémoire collective, il fut oublié malgré un parcours exceptionnel, une intelligence humaine hors du commun, et une analyse de notre Histoire brillante... Pourquoi aussi, comme un autre Guyanais (Félix Eboué), il fut, sur sa terre natale, rejeté ou mal aimé... Une interrogation qui se prolonge encore aujourd'hui en France, même quand les regards préfèrent se tourner de l'autre côté de l''Alantique pour célébrer la victoire d'un président américain noir ! »
Car si Monnerville salue le retour de de Gaulle en 1958, il s’opposera au Général sur de nombreux points. L’abandon à leur sort des Etats africains, la réforme du mode d’élection du président de la République en 1965, ainsi que la volonté de réduire le Sénat à un rôle consultatif sont autant de déceptions pour Gaston Monnerville. Après le départ de de Gaulle, Monnerville s’efface également peu à peu du jeu politique en résiliant ses différents mandats. A partir de 1974, ce passionné de droit siège pendant neuf ans au Conseil Constitutionnel. Il s’éteint presque centenaire le 7 novembre 1991.
Pourquoi a-t-on relégué dans l’oubli cet homme d’Etat, petit-fils d’esclave, ce sang-mêlé né en Guyane, lui qui mérita de l’Outre-mer, de la nation et de la République ? « Ce qui me semble aujourd'hui important, conclut Alain Maline, c'est le regard de cet homme qui, pendant 22 ans, a été le deuxième personnage de l'Etat français et, l’on doit peut-être, faire un rapprochement entre ce qui s'est passé en 1969 et aujourd'hui au Sénat... »
FXG
Gaston Monnerville, la mémoire, un film de André Bendjebbar et Alain Maline, réalisé par André Bendjebbar.
Une production Taïnos avec la participation de France Télévisions.
Dimanche 6 novembre à 22h00 – La Case du Siècle, présentée par Fabrice d’Almeida