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Publié par fxg

George Pau-Langevin, la ministre déléguée à la Réussite éducative arrive de Guadeloupe et Saint-Martin dimanche. Au programme la problématique du décrochage scolaire et l’éducation prioritaire. Interview.

gpl.jpg« Le bilinguisme doit coexister avec l’apprentissage du français »

Vous voilà de retour en Guyane, un an après votre première visite ministérielle…

Je viens voir comment se déclinent sur place les premieres orientations qu’on a tracées de manière générale sur la refondation de l’éducation prioritaire. Dans l’Hexagone, les quartiers d’éducation prioritaire sont très souvent en liaison avec la politique de la Ville. Ici, on a des élèves en difficulté scolaire dans des endroits qui ne sont pas des grandes villes. Nous allons étudier cela.

Vous allez aborder aussi la question des rythmes scolaires. Les maires jouent-ils le jeu du retour de la semaine de cinq jours ?

A Cayenne, la maire est passée aux nouveaux rythmes et je vais aller voir une école pour comprendre comment ça se présente. Mais il y a des spécificités puisqu’une partie des écoles guyanaises ont déjà des horaires particuliers avec la journée continue le matin. Il faut donc faire attention à la faim qui tenaille les enfants, un phénomène qui me semble regrettable, puisque la restauration scolaire est souvent embryonnaire, surtout dans l’Ouest guyanais.

C’est pourquoi vous avez une séquence sur la « collation pour tous » ?

J’ai déjà constaté l’année derniere l’absence de restauration scolaire dans un certain nombre de communes. Et c’est souvent dans ces mêmes communes qu’il y a la journée continue. Depuis, je travaille pour mettre sur pied un service de collation à la mi-matinée. On a significativement progressé et je vais faire le point avec les élus et voir comment, concrètement, la généraliser. Il me semble difficile qu’un gamin qui part de chez lui à 6 heures et qui rentre à 14 heures, ne mange pas dans l’intervalle. La difficulté est que les familles sont souvent très modestes et les communes aussi, mais je pense qu’on approche du but.

Les classes d’enseignement bilingue français anglais que vous avez visitées à Saint-Martin peuvent-elles servir de modèles en Guyane où le français coexiste avec d’autres langues ?

Quand j’étais jeune, il ne fallait pas du tout que les enfants parlent créole pour qu’ils s’expriment correctement en français… Moi, par exemple, je n’ai jamais parlé créole ! Aujourd’hui, on essaie plutôt de partir de la réalité. Si les enfants sont créolophones, parlent le taki-taki ou le bushinengué, on essaie d’aider l’enfant à structurer son langage dans sa langue à la maternelle pour lui permettre de passer au français. On doit arriver à ce que le bilinguisme ne soit pas un obstacle et puisse coexister avec l’apprentissage du français.

Vous allez signer un contrat haute qualité éducative, de quoi s’agit-il ?

C’est un contrat préparé entre l’Etat et les autres acteurs de l’éducation. Mon ministère et celui des Outre-mer mettent noir sur blanc leurs engagements pour améliorer la lutte contre l’échec scolaire en outre-mer. Je le signerai en Guyane lundi.

Amener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat est un objectif, mais cela ne favorise-t-il pas une forme de décrochage quand une partie de cette classe d’âge serait plus à l’aise en apprentissage ?

Nous n’avons pas encore atteint ce taux de 80 % en outre-mer, mais il faut bien voir que parmi les bacs, aujourd’hui, un certain nombre qui sont techniques ou professionnels, prennent en compte les aptitudes différentes des enfants. Donc quand on a le bac, ce n’est pas forcément un bac littéraire ! Mais un baccalauréat reste indispensable puisque l’on s’aperçoit que les enfants qui ne l’ont pas, qui ont décroché, sont beaucoup plus frappés par le chômage que les autres. Par conséquent, se battre contre le décrochage scolaire, cela ne signifie pas aller contre les aptitudes de gamins qui seraient plus manuelles, mais c’est faire en sorte que, avec leurs aptitudes, ils soient d’un niveau suffisant pour avoir leur bac.

Propos recueillis par FXG, à Paris

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