Grand port maritime de la Guadeloupe
Le Grand port de Guadeloupe doit revoir son projet de dragage
L’Autorité environnementale du conseil général de l’environnement et du développement durable demande, dans un avis rendu le 23 octobre dernier, la révision du projet de dragage du port de Jarry.
L’aménagement et le développement des infrastructures portuaires, décidés par les autorités du Grand port maritime de Guadeloupe (GPMG) visent à l’optimisation des quais 12 et 13 du terminal conteneurs actuel de Jarry pour qu’il puisse accueillir des bateaux d’un tirant d’eau de 16 mètres et d’une capacité d’environ 12 000 EVP (équivalent 20 pieds) contre 11,5 mètres et 2 500 EVP actuellement. Pour cela, il est prévu le dragage du plan d’eau intérieur (chenal et cercle d’évitage) et la réalisation de 10 ha de terre-plein (non viabilisés) au sud du terminal actuel. Ce projet de dragage porte sur un volume très important de matériaux, estimés à environ 7 millions de m3 de sédiments, dont seule une partie (600 000 m3) sera réutilisée pour la réalisation du nouveau terre-plein. Le reste, soit 6,4 millions de m3, sera immergé au large de la baie de Pointe-à-Pitre. Les travaux sont prévus sur la période 2014 - 2016. Le nouveau terre-plein sera viabilisé, augmentant la surface totale du terminal de 12 ha.
L’objectif de ce projet, comme du programme dont il fait partie, est d’éviter que le GPMG ne devienne un port secondaire en raison de l’augmentation de la taille des porte-conteneurs naviguant dans les Caraïbes et des capacités d’accueil actuelles limitées des infrastructures portuaires en Guadeloupe. Ce projet étant soumis à étude d’impact, il nécessite l’avis de l’Autorité environnementale (Ae). La préfète a ainsi saisi l’Ae le 9 août dernier. Et celle-ci, dans son avis rendu mercredi dernier, recommande au GPMG de revoir sa copie.
Des sédiments potentiellement contaminés
Les enjeux environnementaux ciblés sont la mise en suspension, pendant les travaux de dragage et de clapage (immersion définitive), de sédiments dont la caractérisation n’apparaît pas clairement, et ses impacts potentiels sur la faune aquatique ; l’atteinte directe à des milieux marins présentant un grand intérêt écologique (herbiers, corail, grands fonds…) ; les impacts acoustiques des travaux sur les populations et sur la faune aquatique ; la prise en compte des risques naturels (séismes, cyclones) pendant les travaux et l’exploitation ; les évolutions du trafic maritime et les conditions de navigation dans la baie de Pointe-à-Pitre.
L’Ae a constaté des lacunes importantes et porte cinq principales recommandations. Tout d’abord, mieux présenter les raisons pour lesquelles le projet d’extension du port a été retenu dans le contexte des développements prévus à l’échelle des Caraïbes. L’aire d’étude, ensuite. Elle doit concerner l’ensemble du périmètre du projet et non pas aux seules zones directement concernées. Par ailleurs, le GPMG se doit de caractériser les sédiments potentiellement contaminés et justifier le choix d’immerger l’ensemble des matériaux issus du dragage et non réutilisés. Il lui appartient encore d’expliquer comment il s’assurera de l’absence d’impacts significatifs sur les milieux aquatiques lors de la remise en suspension et de l’immersion de ces sédiments potentiellement contaminés. Enfin, l’Ae demande au GPMG de préciser les mesures qui seront prises pour éviter, réduire ou compenser les impacts acoustiques des travaux pour la population et la faune.
FXG, à Paris