Greg Germain et l'agence de diffusion des cultures d'outre-mer
ITW Greg Germain, chargé de la création de l’agence de diffusion des cultures d’outre-mer
« La rencontre des mondes n’a jamais conduit à l’effacement »
Une agence de diffusion des cultures des outre-mer peut-elle être une priorité dans le contexte économique actuel ?
C’est vrai que nous sommes en pleine crise, TVA social, logement, le froid et ses victimes, la guerre en Afghanistan… Il n’en demeure pas moins que la culture est quelque chose d’important et je considère que c’est un produit de haute nécessité.
Cette agence était une idée développée avec vous lors des états généraux de l’Outre-mer. Le président vous a chargé de la mettre en place. Quel rôle entendez-vous jouer en son sein ?
Je dois aux ministres de l’Outre-mer et de la Culture mais aussi à l’ancien délégué Patrick Karam d’avoir porté ce projet que j’avais écrit lors des EGOM. Le président m’a confié la direction de la préfiguration de cette agence et je voudrais dire qu’au-delà de sa création, cela ne se fera pas sans moi. Je veux remercier le président de la République qui me fait confiance pour mener à bien cette mission qui m’honore et qui m’oblige aussi. Dès la fin des états généraux et dès lors qu’il a eu ce projet en main, le président a décidé qu’il devait répondre de manière forte à la nécessité républicaine d’offrir à toutes les composantes de notre Nation des perspectives d’égalité des chances s’agissant tout particulièrement du droit à cette diversité culturelle apportée par l’outre-mer et qui est une vraie chance pour la France.
Comment est née cette idée d’agence lors des états généraux de l’Outre-mer ?
Elle est le résultat d’un constat, un constat accablant pour notre République : à de rares exceptions près, la quasi absence des artistes et des imaginaires d’outre-mer dans presque tous les domaines culturels de la Nation, cinéma, audiovisuel, spectacle vivant, musique, littérature…
Quelles sont les raisons de cette situation ?
Cette faible présence, tant dans le secteur privé que subventionné, est due aux difficultés des artistes d’outre-mer à se faire reconnaître et programmer par les diffuseurs et à assurer convenablement leur promotion en raison de l’éloignement. Elle est aussi due à l’absence d’un réseau susceptible d’accueillir régulièrement les productions des créateurs ultramarins dans l’Hexagone. Mais il y a encore la condescendance amusée ou méprisante avec laquelle les opérateurs culturels de l’Hexagone considèrent ce que font les créateurs d’outre-mer.
Quel rôle devra jouer cette agence ?
Cette agence est destinée à insuffler un nouvel élan à la création, à la diffusion, à la formation et donc au développement des cultures ultramarines et de leurs diasporas dans l’Hexagone et au-delà. L’agence permettra aussi que l’originalité et l’identité des imaginaires de l’outre-mer soient véritablement reconnues comme des éléments de la richesse culturelle de la France d’aujourd’hui et non pas comme des éléments d’exclusion implicites ou explicites.
Enfin, elle adressera la question de la relation entre les populations de ce pays, les œuvres qui les représentent, les imaginaires qui les traversent et les femmes et les hommes qui les incarnent.
Vous avez cité Edouard Glissant pour brosser votre future action, si vous êtes, comme vous l'entendez, à la tête de l'agence ?
« La rencontre des mondes n’a jamais conduit à l’effacement. Il y a tant de présences dans une ronde de tambours, tellement de langues dans un chœur de reggae ou une phrase de Faulkner, tellement d’archipels dans une envolée de jazz, et combien d’énormes rires de libération, de jubilation quand tout cela se rencontre. »
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)