Greg Germain et le risque FN sur le Off
Greg Germain s’inquiète d’un maire FN en Avignon pour le festival Off
A la veille du second tour dans la ville d’Avignon où le FN est en tête, Greg Germain, président du festival Off, s’interroge dans une tribune : « Le spectacle vivant doit-il abandonner Avignon ? » Le festival Off rassemble des compagnies de toutes les régions d’Hexagone et d’Outre-mer, et l'année dernière, 111 compagnies étrangères représentaient 25 pays venus de tous les continents. Alors que faire en cas d’élection d’un maire FN ? « Le OFF doit-il émigrer, avec les 110 millions de retombées économiques qu’il génère chaque année sur la ville et la région ? » Greg Germain refuse d’abandonner la place. Face à la menace du FN, le « parti qui combat ou simplement dédaigne la culture (…) nous, artistes, devons nous engager à assumer, résolument, le défi que nous poserait l’arrivée du Front National à la Mairie d’Avignon. Devrions-nous, avec l'emblématique Cité Papale, abandonner Hénin-Beaumont, Perpignan, Béziers, Fréjus, Saint-Gilles ? Puis, pourquoi pas, ville par ville, les quartiers mal-votants ? » Greg Germain préfère « se coltiner au monde, à ses difficultés, à ses contradictions ». Il propose deux réponses. La première est une ouverture : « Nous devons partout recréer les conditions du dialogue, sans tricher avec la réalité ou la juger trop basse pour mériter notre intérêt. Alors peut-être aurons-nous une chance de faire émerger une réelle culture populaire, la plus "miraculeuse des armes" contre l’enfermement. »
Sa deuxième réponse est un cri : « La résistance à toute forme d’oppression est un droit naturel et aujourd’hui, plus que jamais, il est urgent de le crier. » Il anticipe sa crainte d’être confronté à cette terrible réalité ». Et il imagine « les centaines de milliers de spectateurs, les milliers d'intermittents, artistes et techniciens, les professionnels de la presse et de la diffusion qui hésitent ou refusent de venir dans une ville dans laquelle ils ne se sentiraient pas bienvenus ».
Alors oui, il en appelle au « dialogue, sans tricher… ». En attendant dimanche, Greg Germain serre les dents très fort, invoque Edouard Glissant (« la poésie est le plus haut degré de la politique ») pour que les électeurs avignonnais donnent « avec fierté leurs voix aux forces de l’ouverture et de l’espérance plutôt qu’à celles du repli sur soi ». Quant aux, artistes, il les invite donner aux affaires publiques « leur pleine part d’artistes afin qu’ils mêlent leur voix personnelle aux voix du monde ».
FXG, à Paris