Greve dans les pompes des DOM jeudi
Les gérants annoncent la fermeture des pompes dès jeudi
Gérard Lebon, président du syndicat des gérants de stations-service de la Réunion a promis « des manifestations dures, des non-ouvertures de stations-service jeudi ».
Le dernier round de concertation entre les gérants des Antilles, de la Guyane et de la Réunion, trois représentants des pétroliers, et ceux des trois ministères (Economie, Ecologie et Outre-mer) s’est mal passé, hier à Bercy. Un premier set de deux heures s’est achevé sur un constat d’ « irritation », selon Patrick Collé, président de l’intersyndicale des gérants des DOM. Le second, sur une menace de fermeture des stations…
A l’ordre du jour de cette réunion, il y avait l’examen des propositions de modifications rédactionnelles que les gérants ont adressées, le 16 janvier dernier. Ces amendements faisaient suite à la première réunion technique qu’ils avaient eue le 9 janvier après-midi. Mais plutôt que d’examiner ce qui pouvait être intégré et ce qui restait en débat, les gérants sont revenus sur le calendrier de la concertation et ont demandé aux trois ministres de s’engager par ecrit à ce que les arrêtés de méthodes ne soient pas publiés le 1er février. Une demande considérée comme un ultimatum côté gouvernement.
Après la pause déjeuner et le deuxième set d’une heure, c’est le clash : « Pas une goutte d’essence ne coulera dans les DOM, a déclaré Patrick Collé. Le gouvernement ne peut pas prendre d’engagement quant à la date du 31 janvier. Le gouvernement nous dit de venir discuter alors que de toute façon, il sortira ses arrêtés ?! Les gérants sont révoltés. » Cette révolte se manifestera donc par une fermeture des stations dès jeudi matin.
« On a la certitude que le ministère des Outre-mer veut passer en force et faire sortir ses projets d’arrêtés de méthodes pour la fin du mois, poursuit-il. C’est inacceptable parce que nous nous étions mis d’accord le 9 janvier sur une méthodologie et un calendrier de concertation et jusqu'à aujourd’hui, il n’y a pas eu de calendrier ni de réelles discussions… » Cette ultime réunion ne serait donc pour les gérants qu’une « vaste mascarade ». « Depuis le 9 janvier, poursuit M. Collé, nous ne nous sommes vu que ce matin (hier, ndlr) et nous ne sommes pas d’accord. » Les gérants assurent que leurs propositions de modifications rédactionnelles sont restées sans réponse. « S nos problèmes peuvent etre levés avant cette date du 31 janvier, ajoute Gérard Lebon, ceux des pétroliers, non ! Et c’est toute la filière qui sera alors en déséquilibre » Les représentants des compagnies pétrolières présents ont estimé eux aussi que ces discussions ne menaient à rien. « Nous ne subissons aucune pression des pétroliers, enchaîne M. Lebon, mais nous sommes liés dans un modèle où l’Etat fixe un prix administré et des marges, où les pétroliers mettent en location-gérance des stations, où les gérants embauchent des gens pour les faire tourner. Si un des partenaires ne s’y retrouve pas, c’est toute la filière qui tombe. » Voilà pourquoi les gérants estiment nécessaire de prendre le temps de la discussion et d’obtenir des ministres cet engagement de report qu’ils n’ont pu arracher.
« On va en discuter en assemblée générale, a précisé M. Collé mais si les projets d’arrêté passent à la fin du mois, il faut bien comprendre qu’on ne pourra pas l’accepter. Les chefs d’entreprises que nous sommes vont disparaître et les emplois aussi. Les compagnies pétrolières ont toujours été claires et l’ont encore été [hier]. »
En quittant le parvis du ministère pour s’engouffrer dans la bouche de métro, les représentants des gérants semblaient surchauffés. L’un d’eux, au téléphone avec son père, jurait qu’ils allaient « mettre le feu à la Réunion ».
FXG, à Paris