Hollande s'adresse aux Outre-mer sur France O et les chaines 1ere
Hollande ne lâche pas les Outre-mer
Pour la deuxième fois depuis son élection en mai 2012, le président de la République a adressé ses vœux aux Outre-mer sur les antennes des chaînes Outre-mer 1ère, hier soir. L’émission de 30 minutes a été enregistrée hier matin à l’Elysée. Face au président, les journalistes Laurence Théatin et William Kromwel, chef du service politique de la rédaction parisienne de France Ô.
« Je ne lâcherai pas cette affaire. » D’emblée, sur le dossier de la vie chère, François Hollande s’est montré offensif, à l’occasion des ses vœux aux Outre-mer, hier soir sur les chaînes d’Outre-mer 1ère. Le chef de l’Etat a salué les baisses obtenues par son ministre des Outre-mer dans les télécommunications, le fret maritime, les tarifs bancaires et les produits de première nécessité avec le bouclier qualité prix. « C’est déjà difficile d’avoir un travail, d’avoir une rémunération compatible avec ce qui se passe en Hexagone, si en plus il y a un prix plus élevé, ce n’est pas acceptable, donc la lutte contre la vie chère, c’est toujours la priorité. » Il n’a pu en dire autant pour le prix des billets d’avion, tout en souhaitant « qu’on aille plus loin » au nom du « principe d’égalité ».
Sur la question du prix des carburants, objet d’une discussion âpre, le président est venu apporter son soutien à Victorin Lurel face à « la pression des pétroliers ». Il a ainsi fait savoir aux pétroliers et aux gérants (auxquels il a dit que ce n’était pas à eux à subir les conséquences des baisses des marges des pétroliers) que Lurel restait maître de la concertation : « Ce compromis, j’ai bon espoir qu’il sortira après la concertation à la fin du mois. » A bon entendeur, salut !
« Je suis bien conscient de la situation du chômage en outre-mer et notamment celle du chômage des jeunes », a ensuite déclaré François Hollande alors qu’on l’interrogeait sur la baisse de dotation des collectivités et ses conséquences sur la consommation des emplois d’avenir, l’Etat ne finançant que 75 % de la rémunération, laissant le reste à la charge des collectivités. « Je vais voir si on ne peut pas, avec la même enveloppe améliorer le financement des emplois d’avenir avec une participation un peu plus forte pour l’Etat, avec moins d’emplois proposés, mais des emplois d’encadrement. »
Pacte de responsabilité
François Hollande a indiqué que l’on ne pouvait répondre au chômage endémique que par des emplois aidés ou publics. « Néanmoins les recrutements pourraient être davantage ouverts aux ultramarins lorsqu’il s’agit de postes locaux et les concours pourraient aussi être adaptés tout en restant dans les lois de la République. » Mais c’est sur le plan de l’emploi privé que le président était attendu depuis l’annonce de son pacte de responsabilité. Il a donc proposé « un volet spécifique pour l’outre-mer » : « La baisse des charges existe déjà en outre-mer ; si je la propose pour l ‘ensemble des entreprises, ça ne va pas faire un avantage significatif pour les entreprises ultramarines. Donc, pour que les jeunes aient des possibilités d’entrer plus facilement sur le marché du travail et, notamment, dans les entreprises privées, je suis prêt à adapter avec les employeurs le pacte de responsabilité à ces territoires. » La sobriété de sa réponse sur ce sujet montre que le ministre Lurel a pas mal de marges pour élaborer sa loi compétitivité emploi.
Sur les problèmes de délinquance, au-delà des agressions contre les personnes, il a parlé « d’agression contre la République et le vivre-ensemble » avant de rappeler qu’il avait demander le renfort des moyens de la gendarmerie et des zones de police.
François Hollande a enfin confirmé qu’il se rendrait à Wallis-et-Futuna et en Nouvelle-Calédonie après le mois de mai, à l’occasion du G20 qui se déroulera en Australie. « Si je dois me rendre ailleurs avant, en fonction des circonstances, je le ferai. »
FXG, à Paris
Hollande et Lurel
Le président est arrivé accompagné de son ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, qu’il a appelé en aparté « Toto », parlant de son « ami », et de « l’un de ses meilleurs ministres ».
Les municipales à Cayenne et le PS local
Concernant les campagnes municipales à venir, le chef de l’Etat assuré qu’il n’était pas en campagne électorale. Néanmoins, la citation à deux reprises de Georges Patient, mais surtout celle de Marie-Laure Phinéra-Horth n’ont pas été faites au hasard. Selon un proche, Hollande n’a pas oublié le soutien qu’elle lui a apporté en 2012 alors que c’est une proche de Rodolphe Alexandre qui, lui, soutenait Nicolas Sarkozy. Quand il est allé à Cayenne, il a choisi sa mairie pour recevoir le monde économique plutôt que la CCI. Il faut donc voir cette citation comme un soutien sans ambiguite face aux velleites d’Alex Weimert. D’aileurs, le simple fait que la section PS de Guyane ait décidé de n’investir personne est parlante. Léon Jean-Baptiste-Edouard, actuel dirigeant de la fédération PS locale, pourrait justement laisser sa place rapidement : Georges Patient, Chantal Berthelot, David Riché et peut-être bien Marie-Laure Phinéra-Horth un peu plus tard, devraient refonder cla section locale du PS.
Affaires Dieudonné et Taubira
Le président est revenu sur les affaires Taubira et Dieudonné. « Elles ne sont pas de même nature. Je ne reviens pas sur Dieudonné qui a proféré des propos antisémites… A travers Christiane Taubira, ce sont les Noirs qui se sont sentis attaqués et nous ne laisserons rien passer. » Alors, Dieudonné – Taubira : deux poids, deux mesures ? « La seule mesure, c’est la République ; le seul poids, c’est celui de la justice. »
Transition énergétique
« Nous pouvons faire de l’Outre-mer l’avant-garde de la transition énergétique et ce sera dans la loi qui va être portée sur la transition énergétique une de nos priorités territoriales. L’Outre-mer va inventer les sources d’énergie de demain. »
Francophonie
Faut-il s’inquiéter pour la francophonie que les Etats-Unis construisent des écoles en Haïti ? « Il ne faut jamais interdire à d’autres pays de promouvoir leur langue… Ce serait un combat difficile à gagner. En revanche, nous devons promouvoir le français. » C’est alors qu’il a salué le choix de l’Académie française d’accueillir Dany Laferrière, un grand auteur haïtien francophone. « Je suis tres attaché aà la francophonie, pas simplement pour des raisons de fierté nationale, mais a travers la langue, c’est la culture, les valeurs, les principes et c’est aussi l’économie et le commerce. Donc, n’empêchons pas les autres de faire parler leur langue, mais défendons la nôtre et donnons lui le meilleur aspect, l’aspect le plus ouvert, le plus vivant, le plus culturel. »