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Publié par fxg

Jacquot de Ouaco, un film sur le père de la Nouvelle-Calédonie moderne

Jacques-Lafleur-1970.jpgFrance Ô diffuse le 21 janvier Jacquot de Ouaco, l'autre histoire de Jacques Lafleur, un documentaire de Pascale Poirier, mardi 21 janvier à 22h35 dans Archipels.

A la fin du XXe siècle, les départements et territoires d’Outre-mer ont quasiment tous connu (et pour certains encore) leur figure tutélaire : Gaston Flosse en Polynésie, Paul Vergès à la Réunion, Aime Césaire en Martinique, Lucette Michaux-Chevry à la Guadeloupe et Jacques Lafleur en Nouvelle-Calédonie. C’est sur ce dernier que la réalisatrice Pascale Poirier a jeté son dévolu (elle réalise en ce moment un documentaire sur Victorin Lurel). Loin de l’hagiographie ou de la caricature, son film retrace, à travers l’histoire personnelle de Jacquot de Ouaco (non du pays où se trouve la mine de nickel familiale), celle de la Calédonie. Les archives super 8 de la famille Lafleur, le témoignage de ses proches (ses femmes, sa maîtresse, son fils…), de ses compagnons de route et des acteurs d’une des dernières guerres coloniales françaises (Jean-François Merle, Walles Kotra, Roch Wamytan, Elie Poingoune…) éclairent la figure de celui qui fut à la fois despote et, avec Jean-Marie Tjibaou, père de la Nouvelle-Calédonie moderne.

Issu d’une famille protestante venue d’Alsace, fils du sénateur Henri Lafleur et d’une mère dépressive qui s’est suicidee, le jeune Jacques a fait ses études à Paris où il fréquente alors le cinéaste Jean Becker.

Le film va ainsi montrer les trois facettes de Jacquot de Ouaco, le petit mineur du Nord : le militant politique du RPCR à partir de 1977, « le chef de guerre qui sait amplifier le débat », selon Alain Christnacht, et qui a sa milice armée contre les Kanaks, et l’homme de la poignée de main de Matignon… Le témoignage de Michel Rocard sur la signature des accords de paix avec Tjibaou, qui a réchappé à plusieurs tentative d’assassinat, Lafleur, qui vient de faire un infarctus et subir un énième pontage et Rocard, paralysé par des coliques néphrétiques, est épique :  « La mort était à Matignon… »

Jacques Lafleur tribunL’homme de paix prend le pas sur le chef de guerre. Mais derrière le généreux donateur de la mine familiale aux Kanaks (qu’il a en fait vendue 20 millions de francs), se dessine la silhouette d’un parfait salopard. Séquence avec Thierry Dutailly, journaliste du Chien bleu qui écoute son répondeur : « Allo Thierry, c’est Jacquot. Tu te souviens de la branlée qu’on t’a mise ? Ben j’t’appelle pour te rappeler de ne pas oublier si tu ne veux pas en prendre une autre… » De même, le témoignage terrifiant du PDG de la Société minière du Sud Pacifique qui gère la mine de Ouaco pour la province du Nord aux mains des kanaks indépendantistes, alors que Lafleur espérait que son fils en garde la direction ! Et paradoxalement, cet homme touche, émeut...

Mais Lafleur, c’est aussi cet élu paternaliste, débonnaire, chiraquien et à l’ancienne et qui va rater sa sortie en menant le combat électoral de trop. Après 30 ans de carrière, un nouvel infarctus le fauche, à 78 ans, en Australie. Pas même sur la terre pour laquelle il s’est battu, qu’il était prêt à mettre à feu et à sang et qu’il a contribué à ressusciter à l’instar d’un Frederik De Klerk en Afrique du sud. La réalisatrice Pascale Poirier a usé d’une bonne formule pour résumer son propos : « Le père on peut s’en passer, mais à condition de s’en servir ».

FXG, à Paris

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