Embrouilles au SNETAA
Questions de fonds au sein du syndicat national des enseignants techniques (SNETAA)
Après Strasbourg, Rennes, Bordeaux, Amiens et Nice, les Réunionnais du SNETAA dénoncent le manque de probité de leurs dirigeants nationaux. Le secrétaire académique du SNETAA-EIL de la Réunion (Syndicat national de l’enseignement technique Action autonome, majoritaire dans l’enseignement professionnel), Michel Paumier a payé cher son engagement syndical. Traduit devant la commission des conflits du SNETAA le 11 mai dernier à Paris, il s’est vu retiré tous ses mandats eu égard à « de graves manquements à l’éthique syndicale ». Quels sont donc ces « manquements graves » reprochés à l’homme qui a pris en charge la section réunionnaise du syndicat en 2005 et fait grossir le nombre de ses adhérents de 76 à 248 (rapportant ainsi 30 à 40 000 euros aux instances nationales chaque année) ? Il s’est tout simplement inquiété des finances du SNETAA. Il n’était pourtant pas le premier… Laurent Piau, ancien juriste du syndicat avait publié sur son blog des informations relatives à de supposées dérives financières. Le secrétaire national du SNETAA, Christian Lage, a poursuivi l’auteur du blog mais le tribunal correctionnel de Paris a refusé de prononcer une peine le 11 mai. Une association de défense des intérêts matériels et moraux des adhérents du SNETAA, le secrétaire académique de Strasbourg (mandaté par son congrès académique) ont déposé une plainte près du parquet de Paris pour abus de confiance… Quel rôle a donc joué la section réunionnaise ? Lors de son congrès académique qui s’est déroulé le 6 avril dernier à Saint-Paul, la présence du trésorier national a permis aux adhérents cotisant d’obtenir certaines confirmations sur ce qui n’était alors que quelques suspicions… « A quoi servent le 150 euros (sur une cotisation annuelle de 172 euros) que garde le national ? », demande un congressiste. Une autre : « Lors de la venue ici de Christian Lage avec sa femme, le billet d’avion a coûté 5 000 et quelques euros, soit d’après Air France, deux billets AR en classe affaire. Je souhaite voir la facture de leur séjour au Novotel de Saint-Gilles... » Le trésorier national n’apprécie guère cet « interrogatoire », se demande s’il est « dans un commissariat »… Les congressistes adoptent une motion constatant « le manque de probité » du secrétaire général et de son adjoint, « exigeant le remboursement immédiat de toutes les sommes indument perçues par ces deux personnes au détriment de l’organisation (…) et leur « démission immédiate ». Par la suite, Michel Paumier a écrit au procureur de Paris pour dénoncer « la perception par certains dirigeants de sommes mensuelles conséquentes (1 200 à 1 800 euros) (...) non déclarées et (...) non autorisées (...) ». Les comptes du SNETAA affichent un déficit de plus de 146 000 euros en 2007 et de plus de 236 000 euros en 2008 et font état de nombreuses « indemnités forfaitaires de défraiement ». Ainsi, pour un déplacement en Guyane, le SNETAA a déboursé 2 700 euros, pour un déplacement en Martinique, 4 400 euros, pour la Réunion, 5 379 euros et pour des frais de déplacement vers les Antilles et la Nouvelle-Calédonie, les comptes affichent 13 280.51 euros ! Voilà dans quelles conditions, Michel Paumier a été destitué de ses fonctions de secrétaire académique de la Réunion et viré de son syndicat (il n’a pas encore été avisé officiellement) comme ses homologues de Bordeaux, Rennes, Amiens, Strasbourg, Lille et Nice, alors que ce 17 mai débute à Bussang (Vosges) le congrès national du SNETAA. Michel Paumier est amer, car il a le sentiment que cette affaire, au final, nuira hélas au syndicat, c’est-à-dire à tous ceux qui se battent avec lui pour « soutenir en toute circonstance l’importance du rôle éducateur des enseignements techniques et professionnels », ainsi que définit l’article 2 du SNETAA.
FXG (agence de presse GHM)