L'agence de promotion et diffusion des cultures d'Outre-mer et son directeur
Une agence pour accompagner les artistes ultramarins dans les réseaux culturels français
Daniel Carcel reçoit dans un bureau sans âme du ministère de l’Outre-mer. Les futurs locaux de l’agence de promotion et de diffusion des cultures d’Outre-mer sont en travaux. Ils ouvriront vers la mi-juin, rue Richelieu, tout près du ministère de la Culture, dans un bâtiment appartenant au Conseil d’Etat.
Nommé à la tête de l’agence depuis le 1er mars, Daniel Carcel est en train de bâtir la structure créée il y a un an, par Marie-Luce Penchard et frederic Mitterrand, pour donner corps à une idée née pendant les états généraux de l’Outre-mer. Le champ d’action de l’agence doit toucher tous les arts : l’audiovisuel, le patrimoine, la littérature, l’art vivant… Pour autant, l’agence ne doit pas se substituer aux programmateurs. Son rôle est de donner de la visibilité et du rayonnement aux artistes des Outre-mer. « L’activité culturelle de chaque outre-mer doit être mieux connue, explique Daniel Carcel. Il faut l’inscrire dans les réseaux nationaux et internationaux mais aussi entre les territoires d’outre-mer et favoriser une conscience de la France d’Outre-mer qui a une vraie richesse et la revendiquer. » Les réseaux hexagonaux sont denses et les artistes doivent pouvoir circuler dans les régions. Pour les aider, Daniel Carcel va s’appuyer sur un comité de parrainage et sur le personnel de l’agence qu’il est en train de recruter. Ce seront ses têtes de réseaux. A ses côtés, il y aura un responsable administratif et financier, un responsable communication, promotion et animation des réseaux nouveaux medias. « Ce sera quelqu’un qui a l’habitude de partager l’information en apportant une plus-value à son animation. » Et il y aura les chargés de mission pour accompagner les porteurs de projets. « Leur rôle sera de démarcher et de circuler dans des réseaux qui sont les leurs et auxquels nos artistes ont du mal à accéder. » C’est ce que Daniel Carcel appelle de « l’ingénierie de projet » (recherche de financements, montage des dossiers, aide logistique et accompagnement). Dans les outre-mer, ses relais sont les directions des affaires culturelles qui connaissent bien leurs acteurs culturels, mais aussi les pôles régionaux de musiques actuelles, les centres chorographiques, les centres d’art dramatique…
Aujourd’hui, l’agence en est au stade de la préfiguration. L’agence existe pour l’heure sous une forme associative sous l’impulsion de deux ministères, la Culture et les Outre-mer. Son budget a été fixé à 700 000 €. « Nous allons proposer aux collectivités territoriales de nous rejoindre pour constituer avec l’Etat l’agence opérationnelle. Nous devrons pallier le problème de l’éloignement et donner à nos compagnies les mêmes armes que celles de l’Hexagone. » La professionnalisation sera aussi une des mission de l’agence avec le soutien des directions des affaires culturelles d’Outre-mer qui aident déjà les porteurs de projets à se structurer, s’organiser.
Daniel Carcel vise une agence 100 % opérationnelle pour la fin 2014. « Mais, dès que les chargés de mission seront recrutés, précise-t-il, l’accompagnement des projets va commencer. On va aller au rythme des collectivités d’Outre-mer. » D’ores et déjà, les porteurs de projets peuvent contacter l’agence en écrivant à son directeur, daniel.carcel@outre-mer.gouv.fr
FXG à Paris
L’homme des réseaux culturels
Daniel Carcel est un natif de Saint-Denis de la Réunion. Son père était militaire de carrière et sa mère, aide-soignante, originaire du Port. Daniel Carcel a grandi, à partir de l’âge de 7 ans, en région parisienne avec ses quatre frères et sœurs. Il reste très attaché à son île (où l’un de ses frères est revenu s’installer) et depuis qu’il travaille dans le secteur culturel, il revendique d’être un défenseur de la cause réunionnaise. D’abord formé aux Arts et Métiers, il est devenu ingénieur avant de se consacrer à la culture en se formant à l’ingénierie culturelle. En 1989, il crée un centre de formation aux métiers du spectacle à Lorient (Morbihan) où il dirige une salle de spectacle. Il y organise des festivals et s’occupe de programmation. Il devient ensuite directeur de l’action culturelle dans la Mayenne, pour un syndicat de pays, Le haut Maine et Pail, qui regroupe une quarantaine de communes. Il gagne ensuite La Roche-sur-Yon pour y diriger une salle de musiques actuelles. En 2005, il déménage dans la banlieue d’Angers, à Pont-de-Cé, où il devient directeur du développement culturel. Sa mission est de bâtir des équipements culturels : un théâtre, une médiathèque, une maison des arts, une école de musique, une salle des fêtes et un festival de musiques actuelles, Les traversées musicales, qui a accueilli beaucoup d’artistes ultramarins. C’est à Pont-de-Cé qu’il repère l’annonce passée par Greg Germain qui recherche un directeur pour l’agence de promotion et de diffusion des cultures d’Outre-mer. « J’ai répondu à l’annonce… Je suivais l’actualité d’outre-mer depuis longtemps et j’avais entendu parler de la création de cette agence. » Il a le profil, la légitimité et les compétences et sa candidature émerge parmi la centaine reçue. « J’avais croisé Greg Germain au théâtre d’Outre-mer en Avignon (TOMA) où je me rendais pour des repérages de spectacles et rencontrer des équipes artistiques, mais je n’avais pas de relations particulières avec lui. » Daniel Carcel est un homme de réseaux et ses compétences s’étalent sur plusieurs secteurs allant de la création à la formation d’artistes. Ce qu’il sait très bien faire, c’est l’accompagnement de la création et des projets émergents. Il a travaillé au sein de plusieurs réseaux : celui des salles de diffusion des musiques actuelles en France, des festivals ; celui des théâtres de villes, comme le réseau du Chaînon manquant (les centres culturels des villes de 10 000 habitants) ; et encore le réseau des offices départementaux de la culture. Il s’est impliqué dans la création théâtrale et cultive une passion pour la danse et la création chorégraphique. « Je suis un développeur, aime-t-il dire. Je travaille pour que les artistes avancent dans leurs projets. »
FXG