L'ANACT et le carburant aux Antilles et en Guyane
L’ANACT défend le maintien de la SARA
Le relevé de conclusions de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT) sur l’approvisionnement des carburants aux Antilles et en Guyane a été rendu public, mercredi, par la ministre de l’Outre-mer aussitôt après sa réunion mensuelle avec les préfets. Il ressort que sur les trois scénarii envisagés (fourniture depuis Trinidad, fourniture depuis l’Europe ou maintien de l’activité de la SARA), c’est le statu quo qui semble avoir retenu l’attention des rapporteurs et du ministère.
L’approvisionnement depuis Trinidad « semble le moins probable à court terme », « il ne répond pas à l’enjeu de la sécurité d’approvisionnement », car « aucune raffinerie ne produit de carburant aux normes européennes sur la zone » et les investissements nécessaires au passage aux spécificités européennes semblent improbables face à l’étroitesse du marché des DFA, seuls consommateurs locaux de carburants aux normes européennes…
L’hypothèse européenne, fragile
Quid d’un approvisionnement européen ? « L’arrêt de l’activité de raffinage de la SARA semble périlleux du point de vue de la sécurité d’approvisionnement des DFA. » Le rapport justifie ce péril en avançant que « la disponibilité de produits en provenance d’Europe sera limitée (…) et que la capacité à s’approvisionner en carburants spécification « été » durant la période hivernale mérite d’être approfondie ». Enfin et surtout, l’ANACT estime qu’un scénario d’approvisionnement alternatif européen nécessiterait pour « sécuriser les flux », des contrats de fourniture et le développement de stockages supplémentaires spécifiques aux DFA qui en limiteront l’intérêt… » L’économie attendue d’un approvisionnement depuis l’Europe, mentionnée par le rapport Boliet, était de 15 à17 cents par litre pour l’essence et 7 à 9 cents par litre pour le gazole. Cette économie serait affectée par des surcoûts liés aux coûts de fermeture et de transformation du stockage de brut en stockage de produits. « Ce coût pourrait atteindre 250 M€ (chiffre à affiner), soit 50 M€ par an. » Dans l’hypothèse d’un étalement sur cinq ans, « cela représenterait un surcoût d’environ 7 cents/l de carburant ».
Le rapport estime encore que « l’impact sur les emplois directs et indirects du raffinage, au-delà des emplois induits en Martinique », pourrait donc être « le double de celui évoqué par le rapport des inspections (1 000 emplois au total contre 520) ». Enfin, « la baisse du prix « sortie SARA » ne garantit pas une baisse du prix à la pompe significative, notamment sur le long terme, comme le montre l’exemple réunionnais (où la SRPP importe son carburant de Singapour).
Le maintien de la SARA
Le troisième scénario est celui du statu quo. Les rapporteurs « la création d’un Conseil de surveillance permettant de renforcer la transparence et le contrôle par les élus des territoires. Ce scénario suppose aussi de rechercher avec la DGCCRF des mécanismes permettant d’atténuer les effets retard à la hausse ou à la baisse. Il faudrait encore une « meilleure péréquation des coûts entre les trois territoires » et une « meilleure pédagogie sur la composition des prix associant les détaillants et les associations de consommateurs, via un affichage à chaque pompe de la structure des prix ».
Enfin, si le rapport plaide pour cette troisième solution, « le statu quo, précise-t-il, ne doit pas figer les territoires au regard des évolutions des marchés pétroliers (disponibilité de carburants aux normes européennes sur la zone caraïbes, par exemple). Les textes peuvent faire apparaître explicitement cette possibilité, notamment pour la Guyane ».
Au final, on se demande si la guerre de l’essence enclenchée à Cayenne en décembre 2008 et qui a connu d’énormes prolongements en Martinique et Guadeloupe au début 2009 a bien été utile puisque, si l’on en croit l’ANACT, la SARA reste le meilleur fournisseur dans l’état actuel des normes en vigueur dans la Caraïbes française.
FXG (agence de presse GHM)
Le ministère justifie son choix
Pour bien appréhender les enjeux qui s’attachent à chacun de ces trois scénarios, Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer, a, selon un communiqué de presse du MOM, reçu successivement les représentants des pétroliers, les trois préfets directement concernés ainsi que l’intersyndicale de l’entreprise SARA. Elle a aussi pris acte de l’avis des trois présidents de région réunis le 17 juin dernier au sein de l’Union régionale Antilles-Guyane, en faveur de la préservation de l’outil industriel SARA.