L'audit du CEGOM
Les ultramarins préoccupés par la paupérisation
« Nous voulons mettre à la disposition de tous les véritables expressions des uns et des autres. » Pierre Pastel, sociologue et président du collectif des états généraux de l’Outre-mer (CEGOM), a présenté, vendredi au Sénat, l’audit des politiques conduites par l’Etat en direction des Français d’outre-mer. C’est la deuxième année que le CEGOM procède à un tel audit. Pour ce faire, il a sollicité les 65 000 personnes inscrites dans sa base de données et leur a demandé de soumettre leurs ressentis. 423 personnes ont répondu. 43% sont des personnes vivant en outre-mer, 57 % dans l’Hexagone. Dans le détail, 21 % sont guadeloupéennes, 22% martiniquaises, 13 % guyanaise et 12 % réunionnaises, les autres se répartissent de façon plus marginales dans les autres territoires des outre-mer L’ensemble de leurs contributions ont été collectées entre le 29 octobre et le 18 decembre derniers. La synthèse de ces contributions révèle que les préoccupations principales des ultramarins sont la paupérisation et ses conséquences en matière de santé et de violence. Une sacrée évolution par rapport à l’an dernier quand les sondés ne s’inquiétaient encore que de leur pouvoir d’achat… Cette fois, ils ne sont plus dans la crainte, mais dans le concret et dans la pauvreté !
En second lieu, ce qui ressort, c’est le chômage et le manque de perspectives pour les jeunes. Pierre Pastel evoque une certaine « désespérance ». D’ailleurs, une des phrases qui revient de façon récurrente dans cette enquête est : « Ce sera pire pour nos enfants. » L’audit révèle aussi que la question du racisme, avec l’affaire Taubira, a été « ravivée ».
Autre nouveauté, cette année, les sondés n’interpellent plus seulement l’Etat pour leurs problèmes d’éducation ou de modes de consommation inadaptés aux réalités locales, mais ils en appellent aussi à leurs collectivités territoriales dont ils semblent désormais attendre davantage.
En conclusion, cet audit laisse apparaître un moral en baisse même si, paradoxalement, la note moyenne de satisfaction est en hausse, à 8 sur 20, contre 5 sur 20 l’an passé.
L’audit est destiné aux décideurs. Avec lui, le CEGOM veut agir en lanceur d’alertes et en force de propositions, notamment en termes de santé publique et d’emploi.
FXG, à Paris