L'Elysée et Claudy Siar
L’Elysée défend le choix de Claudy
L’Elysée n’a jamais affirmé au Point.fr, ni à quiconque, « ignorer » les facettes de la personnalité de Claudy Siar, le nouveau délégué interministériel. Les services du Château ont même pondu antérieurement « deux ou trois notes sur Claudy Siar ». Olivier Biancarelli, conseiller du président de la République, indique que les contacts sont anciens avec le patron de Tropique FM, depuis la crise LKP aux Antilles, quand après avoir été tenté par le mouvement social, il a fini par adopter une « attitude raisonnable, républicaine »… Les deux hommes se sont rencontrés et ont appris à se connaître jusqu’à ce que Patrick Karam fasse savoir sa décision de quitter la délégation. L’Elysée devait penser à son remplaçant. Il y avait Jacques Martial en n°1, Claudy Siar en n°2 et deux ou trois autres. Comme Jacques Martial n’a pas voulu y aller, l’option Siar était de plus en plus sérieuse. Après avoir pris des renseignements, car « un délégué est plus qu’un préfet », sont apparus les éléments liés à son amitié avec Dieudonné ou ses soutiens à la Tribu Ka. Siar et Biancarelli se sont encore revus, plusieurs fois, et Claudy Siar a pu s’expliquer. L’Elysée l’a averti : « Nous allons nous faire attaquer. » Il a répondu en faisant valoir ses positions fermes publiées entre autres par l’Express. Pour le Château, ce qui compte, c’est l’expression publique et le replacement des choses dans leur contexte. « Il est sincère dans sa démarche et tout le monde, jusqu’au président, a été informé. » C’est donc en toute connaissance de cause que l’arbitrage validant sa nomination a été rendu. « On ne lui demande pas d’adhérer à l’UMP mais d’avoir une action républicaine au service des intérêts des Ultramarins de métropole. » Pas question donc pour Siar de devenir un militant UMP, mais plutôt de « montrer sa loyauté au chef de l’Etat au même titre qu’un préfet »… « C’est un choix républicain, préparé et pas un choix partisan. Il sera soutenu et je trouve dommage, indique Olivier Biancarelli, que des personnes dans la communauté ultramarine cherchent à l’affaiblir alors qu’il va travailler pour cette communauté. C’est un procès d’intention qu’on lui fait ! » Voilà pour expliquer le choix de l’Elysée. Maintenant, se pose le problème de la radio, Tropique FM, au sujet de laquelle Le Canard enchaîné écrivait : « Du tout bon pour Sarko dans la perspective de 2012. » Et au sujet de laquelle, certains salariés et nombre d’auditeurs s’interrogent. Réponse du Château : « Tropique FM entre dans la moulinette des nouvelles normes au sujet des conflits d’intérêt. Que l’on écoute Tropique FM, France Inter ou Europe 1, le matin, on ne peut pas dire que ce soit la Sarkofolie, mais plutôt la Sarkophobie en ce moment ! » Il faut donc entendre l’Elysée affirmer qu’il n’y pas de volonté de « faire main basse sur la radio, mais qu’il y a un homme, Claudy Siar, qui a une connaissance de la communauté ultramarine et qui est prêt à travailler avec nous à ce stade. Il a vu qu’au-delà de la caricature, Nicolas Sarkozy a un bilan sur l’Outre-mer dans les actes de l’Etat pilotés par l’Elysée (LODEOM, réformes institutionnelles en Martinique et en Guyane, engagement en Nouvelle-Calédonie, départementalisation de Mayotte) et qui ne sont pas les choix spontanés de son camp d’origine ». Pour l’heure, Claudy Siar s’attèle à monter son équipe. « Elle n’est faite ni par l’Elysée, ni Matignon. Il fait son choix en patron et le fait valider par sa tutelle qui est Matignon. Son budget doit être revu et il pourra actionner le levier du ministère de l’Outre-mer. On attend de lui qu’il travaille de manière plus étroite et plus en confiance avec Marie-Luce Penchard, elle-même très demandeuse. » Et ça, c’est vraiment nouveau.
FXG (agence de presse GHM)