L'Europe veut-elle la peau de sa banane ?
Victoire "décisive mais pas conclusive" pour les bananiers européens
La commission Agriculture du Parlement européen a voté, hier soir, à Strasbourg, une augmentation de 70 M€ pour l’enveloppe financière du POSEI dédiée au soutien de l’agriculture des RUP. De cette enveloppe de 70 M €, votée à une très large majorité, 30 M € ont été consacrés à la banane des Canaries, de Guadeloupe, de Madère, et de la Martinique (14 M€ pour la Martinique et la Guadeloupe). « C’est un acte décisif, mais pas conclusif », explique le Martiniquais Gérard Bally d’Eurodom, spécialiste de la chose européenne. Depuis deux ans, en effet, la Commission européenne est rétive à toute aide supplémentaire vis-à-vis de la banane et s’efforce de le faire savoir au Parlement. « On a contrattaqué, poursuit M. Bally en présentant un modèle économique très sérieux et, à force, on a su convaincre les députés européens. » En fait, ils ont convaincu les quatre commissions du Parlement en charge de la modification d’une disposition du POSEI. Car si c’est la Commission européenne qui a la main et qui décide du menu de ce que les parlementaires doivent voter en plénière, elle doit consulter sur le fond la commission agriculture et, pour avis, les commissions budget, commerce et politique régionale. Et ces quatre commissions ont voté pour une augmentation de 30 M€ pour la banane. Logiquement, cela devrait être repris, le 12 décembre, lors de la séance plénière de l’Europarlement. « En obtenant ce vote, explique Gérard Bally, on a donné la possibilité aux ministres de l’agriculture français, espagnol et portugais de s’adresser à la Commission européenne dans un rapport de force plus favorable. Le commissaire à l’agriculture, Dacian Ciolos peut toujours maintenir sa position, mais c’est acte politique fort qu’il devra justifier devant les Parlementaires. » Pour autant, la victoire des bananiers européens n’est pas encore décisive mais ils ont pris une bonne option pour qu’elle le soit. A condition d’agir vite car se profile déjà la réforme de la Politique agricole commune dont les travaux débutent le 12 octobre. Il faudrait idéalement qu’un compromis soit acté entre le parlement, le conseil des 27 ministres et la Commission, avant même le 12 décembre, date de la réunion plénière du Parlement. L’idéal est que ce compromis soit trouvé avant le 15 novembre. Après, on ne donnerait plus cher d’une peau de banane européenne !
FXG (agence de presse GHM)