L'Outre-mer et la FFF
La sphère ultramarine s’empare de l’affaire Blanc
Une semaine après les révélations de Mediapart sur les choix des hautes instances de la FFF en matière de sélection, une première voix officielle ultramarine s’exprime à travers une tribune du délégué interministériel à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer, Claudy Siar. Cette réaction (intitulée Petit racisme entre amis) intervient après celle, largement médiatisée, de Lilian Thuram, et celle du président de la Fédération des associations africaines et créoles (FAAC), Franck Anretar, auteur lui aussi d’une tribune intitulée Quand Blanc veut laver les couleurs). Sans le citer, Claudy Siar fait référence aux propos de feu Georges Frêche, alors président de la Région Languedoc, « qui vitupérait l’équipe de France « black-black-black », qui poussait le zèle arithmomane à compter le nombre des joueurs noirs en équipe de France ». Ces propos, écrit-il, « trouvent un écho dans ces échanges au sein de la plus haute instance du sport français le plus populaire ». Claudy Siar évoque la force du symbole de Jesse Owen devant Hitler pour rappeler que « le sport transcende l’exploit physique (…) pour porter des valeurs politiques et humanistes universelles » mais aussi que « le sport est un formidable vecteur de reconnaissance et de promotion sociale (…) et que la réussite des Noirs a eu un effet d’entraînement extrêmement positif ». Il cite pour exemple nos athlètes : Marie-Jo Perec, Marius Trésor, Christine Aaron, Basile Boli, Gérard Janvion, Simon Jean-Joseph, Maryse Ewanje-Epée, Stéphane Diagana, Yannick Noah... Tous des modèles pour les jeunes Français noirs.
Franck Anretar ne dit pas autre chose lorsqu’il écrit : « Les jeunes noirs ou arabes issus des classes populaires qui cherchent comme tout français quelle que soit leur couleur, à s’élever socialement, (…) ont donc tout naturellement investi massivement le sport, domaine où l’ascenseur social n’est pas (encore) tombé en panne... » C’est une atteinte au modèle républicain qui est donc dénoncée. Et Claudy Siar se demande qui d’autre que la ministre des Sports, Chantal Jouanno, est prêt à « condamner aussi fermement ce quarteron de dirigeants irresponsables qui met à mal les principes d’égalité et de fraternité de notre pays ». Franck Anretar prend la précaution de rappeler qu’il faut attendre les résultats des enquêtes en cours (celle diligentée par le ministère des sports, l’autre interne à la fédération française de football), mais estime insupportable des propos qui laissent l’intelligence au seul Français blanc et la force physique au « Black ». Le créateur des « Césaire de la musique » se demande si « pour les instances de football, la puissance de la pensée d’un Senghor, d’un Aimé Césaire, tout juste « panthéonisé », d’un Frantz Fanon ou d’un Edouard Glissant, tout juste éteint, n’est qu’un accident de l’histoire… » Et Claudy Siar conclut en citant Berthold Brecht : « Cette affaire de foot vient rappeler que le ventre est encore fécond d'où est sorti la bête immonde du racisme. »
FXG (agence de presse GHM)