L'UGPBan oppose l'agriculture de préservation au tout bio
L'Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et Martinique (UGPBan) organise un débat sur l’agriculture de préservation au Muséum de Paris le 3 avril prochain.
Interview. Philippe Ruelle, directeur général de l’UGPBan
« On ne produira pas contre l’avis de la population et de la Région »
Qu’est-ce que l’agriculture de préservation ?
C’est une agriculture durable mais différemment, située entre l’agriculture intensive et le bio, elle respecte l’environnement et la productivité. Elle préserve les sols, l’environnement, l’économie et la société. Nous organisons ce débat pendant la semaine du développement durable pour inscrire la banane dans une vision de l’agriculture qui permet de préserver tout cela. En 10 ans, nous avons diminué de 70 % les pesticides et notre productivité a connu une hausse de 30 %.
Le Monde a révélé la liste des « produits phytopharmaceutiques autorisées ou en cours d'évaluation par l'Anses* », objets de dérogations sur l'interdiction de la pulvérisation aérienne des pesticides. La banane est concernée…
On s’inscrit dedans. On ne sait pas produire de la banane bio en Guadeloupe et en Martinique. Mais on a payé, déjà ! La filière a payé avec le chlordécone. Le préalable n’est pas d’interdire l’utilisation des produits. Il faut d’abord les cibler, mieux les utiliser... Le traitement aérien comporte une difficulté double : les moyens d’action pour le traitement foliaire et le type de produit à utiliser. On ne produira pas contre l’avis de la population et de la Région.
Le produit que vous utilisez est visé par cette dérogation…
Ca dépend si vous parlez du support ou du fongicide. Le support est une huile dans laquelle est diluée le fongicide. On a pu montrer l’inocuité de l’huile après un débat de spécialistes organisé par la Région Martinique ; il est clos maintenant.
N’existe-t-il pas des alternatives à l’épandage aérien et aux produits potentiellement dangereux ?
L’alternative est engagée mais nous ne sommes pas prêts. Nous ne savons pas prévenir autrement la cercosporiose… Nous travaillons sur de nouvelles variétés, des traitements terrestres, voire sur des interventions au niveau du bananier. En fait on recherche l’adéquation entre l’efficacité et l’impact. L’impact, c’est la préservation de l’environnement, de l’économie et de l’emploi. Mais est-ce que le consommateur est prêt à payer ce coût en ayant connaissance de nos pratiques vertueuses ?
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)
De 9h30 à 14 heures, le 3 avril, auditorium du musée national d’histoire naturelle. Paris 5
* Agence nationale de sécurité sanitaire