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Publié par fxg

Misère antillaise à Paris

Queue-a-la-case-sociale-photoAJ--2-.jpgMercredi après midi, plus de quatre-vingts personnes, en majorité des femmes et quelques hommes, quasiment tous d’origine antillaise, ont trainé leur caddies et porté leur sacs à provision, sous la pluie et dans le froid, pour recevoir une ration de nourriture au local de la Case sociale antillaise, à Paris.

La communauté antillaise, d’habitude réservée, sort de sa discrétion et montre sa misère. C’est du jamais vu !  « Depuis l’arrivée du froid, le nombre de personnes a considérablement augmenté », constate Jacqueline qui vient chaque mercredi prêter main forte à la dizaine de volontaires en charge de la distribution des repas. «  Il y a beaucoup plus de gens de la communauté, ajoute le président de l’association, Gaston Calife. C’est quelque chose qu’on ne voyait pas avant. Maintenant, ils mettent leur fierté dans leur poche parce que leur ventre est vide. » Pour ces nouveaux pauvres, plus l’hiver approche plus les besoins en nourriture se font ressentir.

700 kilos de nourriture par semaine

Distrubution-de-nourriture-a-la-case-sociale-photo-Alfred-J.jpgMarie-France, une jeune femme d’une cinquantaine d’année, est arrivée dans l’Hexagone en 1976 par le biais du BUMIDOM. Elle témoigne : « Je résiste pour ne pas me retrouver dans la rue. L’hiver comme l’été, je  me débrouille. Ma famille m’aide un peu, mais c’est dur. » A la vue de l’appareil photo, peu de gens veulent parler ; ils baissent la tête.  Béra, venu de la Martinique, a dans son sac de quoi tenir quelques jours. il accepte de parler : « Après cinq ans d’activité, on n’a pas renouvelé mon contrat, depuis plus de boulot ! Et voila le résultat… Pourtant ma femme travaille. Je tire mon chapeau pour ce que fait la Case sociale. Il y a beaucoup des gens dans les rues… »

Dans la salle, c’est assez électrique mais les gens, à l’appel de leur nom, avancent avec leur caddies devant chaque distributeur de produits frais ou en conserves. Un jeune homme d’une trentaine d’années maugrée dans son coin : «  Il faut bien réfléchir avant de venir. Ici, il n’y a pas d’aide pour les Antillais… » Mais il refuse d’en dire plus.  Maryse avance avec le sourire. Elle a connu  beaucoup de problèmes de santé et aujourd’hui, elle tente de garder la tête hors de l’eau. Distrubution-de-nourriture-a-la-case-sociale-photo-copie-1.jpgElle encourage les siens à sortir du silence : « Quand on a des problèmes, il faut venir. Ici, c’est la communauté ! Parmi nous, il y a beaucoup de gens qui ont honte, qui se cachent, qui ne se veulent pas parler… La situation n’est pas facile à vivre. » Maria est originaire de la Réunion : « C’est grâce à monsieur Calife que j’ai pu me sortir de mes problèmes et avoir à manger. Suite à un arrêt de maladie, j’ai perdu mon travail et tout a basculé. Je me suis retrouvée à zéro. »  

La case sociale distribue chaque semaine 700 kilos de denrées alimentaires pour les familles en grande difficulté. Chaque jour, ce sont une douzaine de repas, en moyenne, qui sont servis aux plus défavorisés, pour une valeur de 7 €.  Souvent, leur unique repas. Ils arrivent très tôt pour ne pas trop attendre et avoir un petit café.

Alfred Jocksan (agence de presse GHM)


Le prix de la solidarité

Gaston-Calife-et-Sylvain-Selise-de-la-Case-sociale-photo-A.jpgLa Case sociale paie une cotisation annuelle de 70 € à la banque alimentaire d’Arcueil et 3000 € pour être fournie en nourriture. Malgré cela, à l’approche de l’hiver, ce n’est plus suffisant pour faire face à la demande et avoir une distribution correcte pour chaque personne. « Nous sommes obligés de faire un complément de 150 à 200 € de courses en plus chaque semaine à  la supérette du coin pour satisfaire tout ce monde », avance le président de la Case sociale, bien agacé. « Nous n’avons pas de subventions de la mairie de Paris pour aider les gens les plus démunis », regrette-t-il.

La Case sociale antillaise

62 rue de la Chapelle 75018 Paris

Tel : 0899964073 (appel taxé)

Fax : 0142050353

 

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F
<br /> Tres bon reportage !!!!<br />
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T
<br /> "Pour ces nouveaux pauvres, plus l’hiver approche plus les besoins en nourriture se font ressentir. "<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il n'y a pas de saison pour avoir faim...<br />
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