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Publié par fxg

La situation des détenus de Rémire dénoncée au Sénat

dominique-monget-sarrail.jpgUn colloque, organisé par l’observatoire international des prisons et la commission nationale consultative des droits de l’Homme, intitulé « défendre en justice la cause des détenus », s'est tenu vendredi et samedi au Sénat. Parmi les intervenants, Me Dominique Monget-Sarrail des barreaux de Créteil et Cayenne est venue témoigner de la situation en Guyane. Son intervention a été perçue par l’auditoire comme un récit sorti tout droit d’un pays irréel où « l’exercice de la justice est original »… Pourtant la situation y pourrait paraître égale voire meilleure que celle que l’on connaît dans l’Hexagone. 600 détenus à la prison de Rémire et un taux d’occupation de 122 %. « Les gardiens et l’administration pénitentiaire sont très conciliants et compréhensifs, déclare l’avocate en préalable, mais 80 % des détenus sont étrangers et nous avons beaucoup de difficultés à trouver des interprètes en taki-taki ou en sranan-tongo. » 95 % des justiciables sont assistés par des avocats de permanence. « Sur 70 avocats inscrits au barreau de Cayenne, six sont de permanence chaque jour, souligne Me Monget-Sarrail. « Quasiment aucune mesure d’aménagement de peine ne peut être engagée faute de temps et d’avocats disponibles… » Elle en tire la conclusion que c’est en Guyane que les détenus effectuent le plus longuement leur peine. « Inutile de songer aux promesses d’emploi vu le taux de chômage, regrette l’avocate. Même les services pénitentiaires d'insertion et de probation ne parviennent pas à assurer les démarches administratives pour les détenus sans papier… » Autre problème pour les prisonniers, l’absence de visite. « Les familles ne se déplacent pas car elles sont souvent trop éloignées et les transports sont chers. » Et en prison, il n’y a rien : peu de parloir, une bibliothèque vide ou presque et pas d’occupation, pas de travail… « Un détenu dont je m’occupe m’a dit qu’il s’ennuyait, qu’il en devenait fou. » Même les fenêtres du centre pénitentiaire ont été obstruées de lattes métalliques horizontales pour qu’on ne puisse jeter des épluchures dans la cour… « Pas d’air, peu de lumière mais ils n’ont rien à lire ! » Dans les cellules, aux deux lits superposés, on a ajouté un matelas au sol… « L’administration a même envisagé d’installer des hamacs pour mettre une quatrième personne ! »

En 2007, à la suite d’une action intentée au nom de quinze détenus par Me Monget-Sarrail, un expert est venu de Fort-de-France. En 2011, la cour administrative d’appel de Bordeaux a alloué à chacun des quinze détenus une indemnité de 300 € par mois… Me Monget-Sarrail est une des seules avocates en Guyane à s’occuper des conditions de détention. Elle a indiqué qu’une cinquantaine de prisonniers de Rémire avaient contacté l’observatoire international des prisons pour intenter une procédure. Pour l’heure Me Monget-Sarrail assure qu’elle veille toujours à ce qu’on n’installe pas de hamacs dans les cellules.

FXG, à Paris

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