La loi anti-sucre adoptée au Palais-Bourbon
La loi sur la qualité de l’offre alimentaire dans les Outre-mer adoptée
C’est un texte complété et enrichi, par rapport au texte proposé par le député Lurel et rejeté par l’UMP en octobre 2001, que les députés ont adopté hier soir. Il ne s’agit plus seulement de « la prohibition de la différence de taux de sucre outre-mer », dans les sodas et yaourts produits ou commercialisés dans les outre-mer, mais plus largement d’un texte de loi relatif « à la qualité de l’offre alimentaire dans les Outre-mer ». La proposition de loi d’Hélène Vainqueur-Christophe, députée de la Guadeloupe, a rencontré l’adhésion de tous les députés présents (très peu nombreux dans l’hémicycle), à l’exception d’une élue UMP, Véronique Louwagie, qui a repris les arguments qui avaient abouti au rejet du texte de Victorin Lurel, il y a deux ans. Elle a plaidé pour privilégier les chartes avec les industriels et pour intégrer cette problématique dans une loi de santé publique. Elle s’est donc abstenue au nom de son groupe politique. Mais cela n’a pas été le choix de Daniel Gibbes, l’autre député UMP présent, celui de Saint-Martin, qui a reconnu l’urgence de la cause eu égard aux 54% de personnes en surpoids dans sa collectivité et des 11% d’enfants obèses. Les députées réunionnaises Huguette Bello (GDR) et Monique Orphé (SRC) ont indiqué des chiffres aussi éloquents en matière de surcharge pondérale et de diabète, tout comme Gabrielle Louis-Carabin (Guadeloupe – app SRC), Philippe Nilor (GDR) et Serge Letchimy (SRC) pour la Martinique. Les taux de sucre, a-t-il été rappelé, sont de 20 à 48% plus élevés dans les boissons, et de 8 à 26% dans les yaourts.
La loi prévoit aussi d’interdire le double étiquetage des dates limites de consommation des produits laitiers frais. Il a été jugé par l’ensemble des orateurs comme une atteinte à la concurrence. « Un scandale, un trucage », selon M. Letchimy. Un quatrième article a été ajouté, prévoyant l’ouverture aux marchés publics de la restauration collective pour les productions locales de produits frais. Philippe Nilor a salué cet article pour mieux stigmatiser « la macdoisation de l’alimentation de notre jeunesse… Une alimentation occidentolâtre ». Chantal Berthelot (Guyane – app. SRC) y voit là une opportunité pour offrir une alimentation de qualité aux Guyanais et un vecteur de développement économique pour la Guyane. Serge Letchimy a vu dans cet article « une nouvelle dynamique économique pour nos pays ». Gabriel Serville (Guyane - app.GDR) a insisté pour dire que « seule une loi nationale serait à même d’abolir cette discrimination entre les territoires, cette inégalité entre les citoyens, et de préserver la santé publique ». C’est donc le règlement d’une injustice et d’une inégalité qui a été salué, de même que l’initiation d’une dynamique économique de filière, par ce vote. Tous les parlementaires se sont également exprimés sur la nécessité pour les écoles et les agences régionales de santé d’accompagner cette loi par des campagnes d’information en direction des jeunes.
Le texte de loi prévoit que ses dispositions seront opérationnelles dans les outre-mer six mois apres sa promulgation. Il reste désormais aux sénateurs de se prononcer. Aucune date n’est pour le moment programmée.
FXG, à Paris