La panthère noire sur France Ô
Pierre-Just Marny sur France Ô
« La Martinique s’est réveillée ce matin dans un climat de terreur. Pierre-Just Marny, la panthère noire, a causé cette nuit des crimes d’une rare violence… » C’est la voix du speaker de Martinique Inter qui ouvre le film que Jerôme Gluzicki consacre à Pierre-Just Marny, samedi 17 mars sur France Ô. Le film présente l’avantage de revenir sur ce qui fit la genèse du mythe de la panthère noire, ainsi surnommé par France-Antilles (les archives du journal son abondantes dans ce documentaire). Comment le petit voleur de voitures oeuvrant dans une bande en 1963 va-t-il devenir le symbole de la révolte, le « Pierrot le fou » de la Martinique, presqu’un héros politique ? Avec les témoignages de Léon Valère, Camille Chauvet, Léon Larcher, Alexandre Cadet-Petit, Pierre Jean-Gilles, Corinne Boulogne Yang Ting et Franck Zozor, Marthe Malidor et Pierre Aliker, le film retrace l’histoire du plus ancien condamné de France. Comment un multi-assassin qui a causé la mort d’un enfant de 2 ans, qui a passé 48 ans de sa vie en prison a-t-il pu susciter autant d’admiration chez les siens ? Tourné à la façon des nouvelles enquêtes policières et judiciaires (sur le modèle de Faites entrer l’accusé), le film alterne séquences de témoignages, archives (pas toujours contemporaines des faits) et scènes de reconstitution. Si le documentaire restitue les éléments de contexte et les faits qui valurent à Marny ses condamnations, il ne parvient pas à pousser la réflexion au-delà de celle qui interroge la simple fascination qu’a exercé Pierre-Just Marny, la panthère noire. Trois ans après les événements de décembre 1959, alors que l’OJAM comme le Front antillo-guyanais sont naissants, le feuilleton Marny captive les Martiniquais. Si les témoignages son abondant, l’analyse sociologique laisse sur sa faim. Et même si Marny passionnait toujours autant les Martiniquais l’année de son retour au pays, le film ne fait qu’effleurer le phénomène sociétal qu’il a été. Il ne fait que contribuer à entretenir le mythe de la panthère noire alors qu’il y avait là matière à étudier la société des années 1960 à travers le prisme de la révolte d’un jeune homme, d’un voyou martiniquais.
FXG (agence de presse GHM)
Samedi 17 mars à 20 h 30, suivi de Mai 1967, un massacre oublié