Laura Flessel porte-drapeau au JO de Londres
Laura Flessel-Colovic en tête de la délégation à Londres
La Guadeloupéenne Laura Flessel, escrimeuse, 41 ans, 5e olympiade, trois médailles olympiques, 15 ans de carrière en haut niveau, est la troisième femme à être désignée comme port-drapeau aux jeux olympiques, après Christine Caron à Mexico en 1968 et Marie-José Pérec à Atlanta en 1996. Un dernier tour pour Laura.
L’épéiste s’apprête à vivre ses cinquièmes jeux olympiques en tant que porte-drapeau de l’équipe de France. Un honneur qui la rend fière et qui la remplit de bonheur. « Quand j’ai commencé l’escrime, j’étais un garçon manqué. Aujourd’hui je suis fière d’être une femme », lance la championne avec le sourire. La Guadeloupe aussi est fière de sa deuxième fille porte-drapeau de la délégation tricolore sur une piste olympique. Après la gazelle en 1996, c’est au tour de la guêpe d’avoir cette responsabilité. C’est une émulation pour la native de Petit-Bourg, sa commune natale. Elle a franchi l’obstacle victorieusement car elle n’était pas la favorite, bien loin derrière la star de la NBA, Tony Parker, le chouchou du monde sportif parisien. Mais, voila, après sa défaite, il y a quatre ans, sa légitimité sportive et olympique a parlé. Un beau cadeau pour sa dernière participation olympique, qu’elle est allée chercher avec ses trippes en se qualifiant le 21 avril dernier. L’obstacle était levé, le voyage était assuré. La voilà porte-drapeau, c’est du bonheur.
Elle est désignée par le comité olympique français, à la suite d’un vote à bulletin secret et le résultat n’a pas été divulgué. C’est un huissier qui à remis l’enveloppe au président du CNOSF, Denis Masseglia. « Nous sommes très fiers d’avoir eu l’embarras du choix (5 candidats) et quelques que soit l’identité du porte-drapeau, je savais qu’on aurait un très beau porte-drapeau. Je veux dire à Laura, avec elle, on sait qu’on a une très belle représentante qui conduira la délégation française sur la piste du stade olympique le 27 juillet 2012. »
En 1996 l’or avait souri à Marie-José Pérec à deux reprises à Atlanta (400 et 200 mètres). Souhaitons, ce grand bonheur à Laura Flessel à l’épée pour sa dernière participation aux jeux et son premier défilé avec le drapeau tricolore au vent. « Je suis juste contente, fière et émue…» Après elle mettra son masque et ce sera une autre affaire.
Alfred Jocksan (agence de presse GHM)
INTERVIEW
Ses premiers mots…
Je suis très contente et très fière et honorée de porter une délégation dans un stade olympique. Je l’ai toujours fait en deuxième ou en troisième ligne, maintenant, je vais pouvoir le faire en première ligne. Mais avant toutes choses, j’ai envoyé un petit message à Tony (Parker). Je pense très fort à lui et nos téléphones portables ne vont pas s’arrêter.
Comment avez-vous appris la décision ?
J’étais sur ma terrasse au soleil en buvant du thé. Je ne peux dire qu’il n’y avait pas de stress... Quelque part c’est une belle reconnaissance. Il est vrai que j’avais un goût de revenir. Il y avait un petit rayon de soleil qui me disait, il faut y aller, laisse toi rêver. C’est une grosse fierté et une immense responsabilité. Amener autant de personnes sur les jeux, c’est quelque part essayer de briller. Après quatre années de travail, j’ai gagné ma sélection très tardivement. Pour moi, l’enjeu est très intéressant. C’est aussi dire merci à ma famille qui m’a supporté, merci à mes amis, à mon club, à mes partenaires. Là, c’est une réelle et belle opportunité pour dire merci. Avant de me voir le 27 juillet sur la piste de Londres.
Vous êtes la troisième femme désignée comme porte-drapeau. Que pensez-vous ?
Je suis la sportive qui va amener et encourager une grosse équipe de France. Nous sommes plus de trois cent quarante sportifs. Je répondrais qu’aujourd’hui, c’est la parité, c’est la mixité. Mais, c’est une équipe de France issue de divers horizon. C’est l’esprit bleu pour aller gagner des victoires.
Quel message voulez vous adresser à vos supporters en Guadeloupe ?
On pil mési… J’ai débuté en Guadeloupe à l’âge de six ans. Si aujourd’hui je suis parmi vous, c’est parce que les dix-huit premières années de ma carrière ont été faits au pays. Un grand merci à mon club de Petit-Bourg, à ma mère et mon père qui n’est plus. C’est un beau message de joie. Aujourd’hui, il n’y pas de larmes, il y a que du bonheur. Sachant que la mission est très importante... La mission est d’aller chercher ces fameuses médailles sur toutes les compétitions avec une équipe de France très costaud.
Votre prédécesseur, Tony Stanguet, il y a quatre ans a raté son jeu. Est-ce une inquiétude pour vous ?
Je n’ai peur de rien. Je suis dans le défi, dans le challenge. C’est ma personnalité. Je m’inspire de ce qu’il a pu nous remonter comme information. Mais, c’est une immense responsabilité. On se doit de bien cadrer, de bien gérer. Je ne suis pas seule, tout le mouvement sportif français est avec moi. En plus de cette responsabilité, je vais redoubler d’intensité pour travailler. Je suis une bosseuse et sur ce plan là, je n’ai aucune peur. Il n'y a que de l’envie. L’objectif, ce n’est pas de participer, mais de réussir. C’est toute une équipe de France qui sera à Londres, je ne suis pas seule.
Avez-vous eu l’occasion de parler avec les anciens porte-drapeaux ?
L’équipe de France est une grande famille et toutes les informations ont été intégrées. J’ai eu la chance de pouvoir parler avec plusieurs sportifs qui ont porté, comme, Jackson Richardson, Marie-José Pérec et bien d’autres, le drapeau tricolore. Il y a cette excitation de porter le drapeau, de la responsabilité, la peur de mal faire. Moi, je suis dans le plaisir. Cette année a été particulièrement dure. Mon rayon de soleil est venu paradoxalement à Saint-Maur (94) sur une défaite. A partir de là, il y a eu cette envie de se transcender qui s’est décuplée. Aujourd’hui, la peur n’existe pas dans mon vocabulaire. C’est vraiment du plaisir, de la combativité et maintenant, la responsabilité de drainer et de motiver toute une équipe de France. En amenant, l’humilité, l’abnégation, le sourire et le travail. Je dirai, il faut qu’on reste solidaires, groupés et confiants.
Propos recueilli par Alfred Jocksan