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Publié par fxg

Hollande s’invite à la journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavagearrivee hollande et protocole3959

On se souvient de cette image forte des deux présidents, Chirac et Sarkozy encadrant la mère du réalisateur martiniquais Lucien Jean-Baptiste. C’était le 10 mai 2007 au jardin du Luxembourg… Cette fois, le président sortant s’est dispensé de l’exercice. « Il n’en a plus rien à faire de l’esclavage Sarkozy, ironise un quidam dans la foule, surtout que les Antilles se sont montrées bien ingrates avec lui… » Alors que l’on pensait commémorer l’abolition de l’esclavage avec la simple présence de ministres et du président du Sénat, François Hollande a fait savoir, la veille au soir qu’il serait présent. La cérémonie n’est accessible que sur invitation et nombreux sont les descendants d’esclaves qui restent bloqués à l’extérieur des grilles du jardin. negrophobie 4458Mais au moins, cette année, les militants des « brigades anti-négrophobie, violemment refoulés l’an passé, ont été admis. Dans le public, on reconnaît tous les pipols habituels de la communauté afro-antillaise de Paris (artistes, sportifs, associatifs, politiques, médiatiques…), mais aussi d’anciens ministres comme Renaud Donnedieu de Vabre, les sénateurs d’opposition (Christian Poncelet, Jean-Pierre Raffarin), le préfet d’Ile de France, le préfet de police de Paris, Lilian Thuram, quelques députés (Christiane Taubira qui n’a jamais manqué un seul 10 mai, ou Victorin Lurel). Au premier rang, Claudy Siar est entre George Pau-Langevin et Angèle Louviers.

Hollande à l'écoute

scene-entiere_4101-copie-1.jpgPeu après 11 heures, le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, la présidente du comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, Françoise Vergès, et le président Hollande rejoignent le kiosque situé non loin de la sculpture installée en 2006 pour la première commémoration nationale, Le cri, l’écrit. Derrière eux, le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand et la ministre de l’Outre-mer. C’est leur dernière sortie publique ; le gouvernement a présenté collectivement sa démission le matin même. hollande 4390François Hollande prend le temps de serrer les mains de toutes les personnes devant qui il passe. Au kiosque, attendent les comédiens Greg Germain et Nicole Dogué. Autour d’eux prennent place les officiels. Le sénateur Serge Larcher est à côté de Marie-Luce Penchard et des représentants des sept pays européens ayant eu une histoire esclavagiste. Au centre, Bel et Hollande encadrent les comédiens. Et de l’autre côté, Frédéric Mitterrand côtoie le maire de Paris. Un temps de recueillement et les acteurs lisent des extraits tirés des œuvres de Césaire, Glissant et Chamoiseau. dennedieu de vabre 3732« Trois voix, trois poètes pour une conversation au bout du petit matin », entame Greg Germain… Le nouveau président de la République, les mains croisées, paumes orientées vers le sol, impassible, écoute la voix des chantres de la révolte de l’homme noir. « De la colonisation à la civilisation, la distance est infinie… », clame Nicole Doguet. Les poètes se font amers et s’en prennent au « bourgeois du XXe siècle », « Hitler l’habite »… MJA 4257Greg Germain évoque les villes-monde que sont Sarajevo et Beyrouth, puis « les intégristes de tout bord, les racistes de tout pays »… François Hollande n’a pas bougé ; il écoute tout son soul. « Nous commémorons les mémoires partagées qui forment, toutes ensembles, notre mémoire nationale. » Jean-Pierre Bel a pris la parole. Hollande est toujours attentif, silencieux et concentré. La foule aussi. « L’histoire de l’esclavage et des résistances à l’esclavage a trop longtemps été oubliée. (…) Combler ce vide, c’est regarder la France dans sa diversité, (…) c’est aider à notre unité nationale et au rassemblement du peuple de France. » scene-entiere_4163.jpgChacun attend une parole du chef de l’Etat. Elle ne vient pas, mais contrairement à son prédécesseur ou à Marie-Luce Penchard qui s’en va aussitôt la cérémonie terminée, François Hollande reste, se montre disponible auprès des journalistes comme des badauds. Poignées de mains, photos, échanges, François Hollande savoure. Il est d’ailleurs resté déjeuner avec Jean-Pierre Bel au Sénat, mais pour un tout autre menu, la composition de son futur gouvernement.

FXG (agence de presse GHM)

 


hollande_3985-copie-1.jpgTrois questions à François Hollande, président de la République

" Le devoir de mémoire"

Quel sens donnez-vous à votre présence à cette journée nationale de commémoration des abolitions des traites négrières et de l’esclavage ?

Elle renseigne sur ce que sera mon attitude comme président à l’occasion de ce 10 mai. Le 10 mai évoque pour nous aussi un autre souvenir… Je me rappelle que François Mitterrand, après le 10 mai 1981, avait déposé une rose sur la tombe de Schoelcher comme pour, finalement, lui-même, anticiper sur ce que serait cette cérémonie du 10 mai.

Quel sens donnez-vous à cette cérémonie ?

Elle nous rappelle le devoir de mémoire que nous devons diffuser, entretenir mais également transmettre aux générations qui sont les plus jeunes et qui étaient rassemblées. J’ai trouvé que c’était un très bel esprit.

Avez-vous un commentaire à faire sur le fait que vous soyez là mais pas votre prédécesseur ?

Peut-être a-t-il pensé que c’était désormais ma place.

Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)

 


Réactions

 

Victorin Lurel, député et président de la région Guadeloupe

lurel 4494Je trouve que c’est un très bel acte que le président élu soit là alors qu’il aurait pu respecter très scrupuleusement les institutions républicaines et considérer qu’il n’était pas encore en fonction. Le président sortant étant absent, il aurait pu s’abstenir. Il a quand même fait le geste en étant présent mais en ne prenant pas la parole. Il est arrivé à 11 h 10, après la proclamation officielle de son élection par le Conseil constitutionnel. Donc, à l’invitation de son prédécesseur, il était présent. Il faut aussi se réjouir de la présence des sept autres Etats européens et notamment ceux du nord de l’Europe. Le Danemark a aboli la traite en 1803. Il était bien inspiré et je pense que l’an prochain il faudra inviter Haïti qui a joué un rôle considérable avec les conventionnels Pol-Verel et Santhonax. Il serait de belle et de bonne politique que d’inviter le précurseur de l’abolition et l’un des acteurs majeurs de l’universalisation de la belle déclaration du 26 août 1789.

 

Christiane Taubira, députée de la Guyane

taubira 4694La présence de François Hollande est une marque de respect de la part du nouveau chef de l’Etat, le président élu qui n’est pas encore en fonction. Il a marqué une présence digne, debout pendant toute la cérémonie. Il a tenu à nous faire savoir le respect avec lequel il approche cette journée de commémoration nationale, le respect avec lequel il écoute les enseignements de cette histoire et ce qu’il va en tirer pour faciliter le lien social.

 

Georges Patient, sénateur de la Guyane

C’était une grande fierté d’y être d’autant plus qu’en l’absence de mon confrère Jean-Etienne Antoinette, je représentais la Guyane et d’autant plus de fierté que nous avons apporté d’importants suffrages à ce président. 62 % alors que jusqu’alors, nous étions dans une spirale droite ! J’assiste à cette cérémonie depuis deux ans. Elle mérite d’être répétée même si nous fêtons déjà l’abolition de l’esclavage en Guyane. Mais la célébrer à Paris, en présence du chef de l’Etat avec en plus des représentants d’autres pays européens qui ont connu la traite négrière et avec une assistance très diverse, ça donne une image encore plus universelle de cette manifestation et, également, de ce problème qui a eu pour conséquence des ravages sur le plan identitaire, notamment au niveau de nos colonies.

 

GPL Claude Valentin-MarieGeorge Pau Langevin, députée de Paris

On s’attendait à ce que soit comme le 8 mai avec le président élu et le président sortant. Il se trouve que Nicolas Sarkozy a préféré ne pas venir. L’essentiel est que cette tradition républicaine de célébrer le 10 mai l’abolition de l’esclavage soit reprise par le nouveau président et tous ceux qui étaient là se réjouissent de voir que cela va continuer.

 

larcher 4581Serge Larcher, sénateur de la Martinique, président de la délégation outre-mer du Sénat

La cérémonie était très belle et il faut signaler que la parole du président du Sénat était forte après d’autres paroles très fortes aussi que celles de monuments que sont Césaire, Glissant et Chamoiseau. Par ailleurs, le président de la République est venu. Il n’était pas obligé d’être là et en venant, il a permis de montrer cette cérémonie au monde entier. Ceci signifie qu’il est proche des problématiques de la diversité en métropole au moment où l’on stigmatise – on l’a vu pendant la campagne électorale – ceux qui sont différents de par leur religion, leur couleur de peau, leur origine. Cela signifie que la France est forte lorsqu’elle est unie et que nous y avons toute notre part. C’est aussi le signe d’une attention particulière pour l’outre-mer et ses problématiques. Je pense que, là, nous n’avons pas été seulement entendus mais compris et nous, parlementaires, nous veillerons à ce que tout ce qui a été promis soit respecté. Mais nous sommes confiants.

 

Maurice Antiste, sénateur de la Martinique

Cette première sortie officielle du président Hollande est une annonce. Il nous dit : « Oui, ce monde ultramarin m’intéresse, oui ce monde ultramarin a un certain nombre de problèmes. » En écho, nous lui répondons : « Oui, mais nous ne vous demandons rien, simplement d’aider nos volontés mais ne pas faire pour nous. » Il y a un deuxième signal, celui qui m’amène à espérer que cette cérémonie ne soit pas qu’un affichage. J’espère aussi que l’occident pourra se dire à travers une telle manifestation : c’étaient des hommes et non des sous-hommes. C’était la grosse question du 16e siècle. Ce sont donc des hommes et, à ce titre, changeons ! Parce que nous ne les avons pas découverts, nous les avons rencontrés.

 

JJ Bicep 4661Jean-Jacob Bicep, maire-adjoint du XXe arrondissement

J’ai beaucoup apprécié que le président élu vienne à cette cérémonie. Mais la cérémonie en elle-même m’a franchement déçu. Pour un hommage national rendu aux abolitions des esclavages, je pense que ça n’a pas été à la hauteur. Une fois que le gouvernement sera en place, le prochain ministre réparera ce que je considère comme étant une faute envers les ultramarins.

 

siar greg germain 4588Claudy Siar, délégué sortant à l’égalité des chances des français d’outre-mer

Cette histoire, même si elle est partagée, si les uns et les autres le disent, si les politiques le répètent dans toutes les cérémonies autour de la mémoire de l’esclavage, dans les esprits et au sein de la société française, ce n’est pas une histoire suffisamment partagée. Il faut aller beaucoup plus loin parce qu’aujourd’hui, pour nous tous qui, dès les années 1980, avons mené un combat pour la reconnaissance, les territoires où a été perpétré l’esclavage ne sont pas représentés dans l’incarnation de ce qu’est la France et qui est limitée à l’Hexagone et la Corse. On voit bien le décalage. Nous avons des territoires qui sont des régions départements au même titre que les autres et qui ne sont pas représentés. Et on rappelle ces histoires douloureuses qui sont des histoires partagées. Pour que la mémoire soit réellement, totalement partagée, il faudrait que désormais la France se présente comme étant un archipel : l’Hexagone, la Corse et l’ensemble des régions et départements d’outre-mer. Et là, même sur cette question mémorielle, on aurait fait un grand pas.

 

Greg Germain, comédien, président de l’agence de promotion et de diffusion des cultures d’outre-mer

Ce sont des retrouvailles avec François Hollande parce qu’il est venu à Avignon et qu’il y a considéré son passage comme un marqueur de sa campagne précédant les primaires au parti socialiste.

 

daniel dalin 4674Daniel Dalin, président du Collectifdom

Je ne peux que déplorer l’absence de l’ancien président. Cela aurait été républicain qu’il soit présent, qu’importe. J’ai trouvé la cérémonie trop intimiste. Il aurait mieux valu, je pense, ouvrir cette cérémonie à l’ensemble de la nation puisque c’est une fête nationale, mais la cérémonie proprement dite était très bien. Le chef de l’Etat s’est montré très disponible, on l’a vu serré des mains, des mains et des mains, signé des autographes… Je pense que ça inaugure une présidence ouverte, proche de ses concitoyens et c’est une bonne chose pour la France.

 

 

lilian thuram 3839Lilian Thuram, président de la fondation Lilian Thuram

Je pense que le discours qui est aujourd’hui prôné, c’est revenir peut-être à des valeurs humanistes, c’est-à-dire un discours qui amène à la construction d’une plus grande fraternité. La fraternité se construit, elle ne se décrète pas. Il faut des discours apaisants pour qu’on puisse se regarder intelligemment.

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C
<br /> j'étais sur place et j'ai assisté à un véritable vaudeville: entre siar qui tourne sa veste et courtise tout ce qui bouge à gauche comme il le faisait il y a peu à droite et Claude ribbe qui se<br /> déploie pour un poste qu'il dispute à siar; Angèle louvier qui regarde tout cela en se disant que c'est son tour car elle a fait la campagne de hollande et tous les autres qui ont tous une bonne<br /> raison. Tous ces comiques vont couiner dans les couloirs et se battre pour un poste. A vos marques, prêts, ah ils sont déja partis...<br />
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T
<br /> Lilian, un corps sage ne porte pas de corsage (ah,ah,ah) il faut que tu change de tailleur ou demande des conseils à ta femme....<br />
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M
<br /> vide ??<br /> <br /> <br /> volontaire ou pas<br />
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T
<br />   <br />
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