Le Bonheur d'Elza de Mariette Monpierre
Le Bonheur d’Elza sur les écrans
Enfin un film guadeloupéen actuel. Depuis Neg marron, ça commençait à manquer. En signant ce film initiatique sur une jeune négropolitaine, Elza (Stana Roumillac) qui va redécouvrir son pays et son père, Mariette Monpierre plonge le téléspectateur dans une histoire contemporaine ancrée dans la réalité guadeloupéenne. Bien sûr, la dimension des deux rives de l’océan est présente puisque Stana, contre l’avis de sa mère (incarnée par la réalisatrice Mariette Monpierre), décide de quitter sa banlieue pour revenir au pays. Là, elle va aller dans un café dont la patronne s’appelle Mariette… Ce genre de détail n’est jamais gratuit. Après la phase de redécouverte, sorte de séquence tourisme où l’on prend plaisir à reconnaître les lieux, on s’installe dans la fiction au contact du méchant mulâtre (Vincent Byrd Le Sage), l’homme après qui Elza court… En 1 h 20, Mariette Monpierre offre une fiction guadeloupéenne contemporaine de qualité qu’elle a mis six ans à monter. Pour surmonter sa propre histoire…
« Je suis Antillaise, élevée à Paris et je n’ai pas connu mon père, raconte Mariette Monpierre (photo). Il fut pour moi un étranger et je brûlais du désir secret de le rencontrer. C’était une obsession dont je devais me libérer. Un jour, j’ai osé aller vers lui et cette rencontre m’a transformée. » C’est un peu le pitch du Bonheur d’Elza… Enfant, la plupart de ses amis antillais étaient de père inconnu. Il y avait une certaine solidarité entre elle et ses amis. « L’absence du père est un thème qui interpelle beaucoup le peuple caribéen. Je voulais donner la parole à une femme antillaise ; seules nous-mêmes pouvons honnêtement nous mettre à nu et ouvrir notre coeur pour révéler au monde ce que nous ressentons, subissons, acceptons et exposer les émotions et les douleurs de notre culture. » L’histoire d’Elza est la sienne : « Avant mon retour au pays natal, je ne connaissais pas mon histoire. La Guadeloupe n’est pas seulement un petit paradis comme j’en rêvais à Paris, dans les murs de mon HLM, mais une terre complexe et remplie de défis. » Comme Mariette Elza va redécouvrir qu’elle est tout simplement Antillaise. « Il m’a fallu faire ce chemin de retour pour comprendre et accepter mes différences, mon originalité. En apprenant la vérité sur mon passé, mes ancêtres, mon père et pourquoi il m’avait abandonnée, j’ai entamé une phase de reconstruction de moi-même. Désormais concernant mon père, je peux donner une autre définition au mot abandon. » C’est tout le sens des dernières images du film.
FXG (agence de presse GHM)
Le bonheur d’Elza de Mariette Monpierre, 1 h 19 production Aztec, Tu vas voir, Overeasy. Sortie le 22 avril.