Le jardin d'acclimatation et l'année des Outre-mer français
Kali’na au Jardin d’acclimation : la polémique continue
Les échanges vifs se poursuivent au sujet de la décision de certains Kali’na de boycotter le jardin d’acclimatation qui doit accueillir le jardin d’outre-mer du 8 avril au 8 mai. Après la réponse de Marie-Luce Penchard, jeudi dernier au courrier de Christiane Taubira qui dénonçait le choix d’un lieu où avaient été déshumanisés des peuples du monde, la députée de Guyane a renvoyé une flèche acerbe. « Je soutiens son choix ! Daniel Maximin a suffisamment écrit sur l’esclavage pour qu’on ne lui fasse pas ces griefs. Il a multiplié les rencontres avec les populations locales… Si un maire s’est exprimé, il faut expliquer mais personne n’est dupe de cette polémique à quelques jours des cantonales. » Réplique de Taubira : « Sans forcément sortir de votre tropisme électoral, vous auriez pu vous renseigner. Je ne suis pas candidate aux cantonales et mon parti politique Walwari ne présente aucun candidat dans les communes de populations amérindiennes. Sans doute avez-vous du mal à percevoir nos compatriotes amérindiens tels qu'ils sont : des citoyens libres, responsables, instruits de leur histoire et de nos histoires, soucieux, pour faire destin commun, de ne pas laisser nier leur dignité ni piétiner leurs meurtrissures. Vous vous seriez honorée à débattre en présentant vos meilleurs arguments, plutôt qu'à vous défausser par l'invective. » La polémique commence à enfler et d’autres voix s’élèvent. Greg Germain s’interroge sur « l’émoi que soulève l’année des Otre-mer dans la communauté et notamment cette affaire de jardin d’acclimatation, une mauvaise idée qui rappelle l’exposition coloniale… Comme si dans commémoration juive, on allait faire une fête à Drancy ou au Vel d’Hiv. » Daniel Maximin, commissaire de l’exposition et donc responsable de ce choix, a sorti sa plume pour expliquer que ni lui, ni les actuels responsables du Jardin n’ignorent que « des actions passées au XIX° siècle et jusque dans les années 30 ont laissé des traces ô combien douloureuses »… Mais aussi qu’il était « temps pour l’Outre-mer de réinvestir ce Jardin , de répondre aux errements passés en y affirmant la vitalité de cultures dont nous ne pouvons qu’être immensément fiers ». Reste que si samedi Daniel Maximin était heureux qu’Alain Juppé l’aide à donner plus d’écho à l’année des Outre-mer français, une polémique de niveau national ne serait pas pour lui déplaire. « Au moins, on parlera de l’Outre-mer ! »
FXG (agence de presse GHM)