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Publié par fxg

Le « Starting black » de Pascal Légitimus

_MG_6288retouche_copyright-Philippe-GUEGUEN.jpg« Si tu ne sais pas où tu vas, arrête-toi et regarde derrière toi. » Ce proverbe africain, prononcé sur la scène du théâtre du Palace (Paris) par Pascal Légitimus, est la pierre angulaire de son nouveau spectacle, Alone man show. Dos au public, il tient dans sa main gauche une petite valise blanche et, dans la droite, une autre marron. Elles sont son bagage, ses racines, sa mère arménienne et son père antillais… Pascal Légitimus a délibérément mis en scène son métissage. Malle blanche côté jardin, malle marron côté cour et, entre les deux, une chaise mi-blanche, mi-marron… Après trois ans au théâtre avec Mathilda May (Plus si affinité, mis en scène par Gil Galliot), l’ex-Inconnu semble avoir eu besoin de s’arrêter, se retourner, se retrouver, de savoir qui il était et de le faire savoir. Dans cet Alone man show où le comédien est terriblement touchant, Pascal Légitimus revient sur sa vie, son enfance, sa carrière... « Métis », le mot est au cœur de son spectacle comme pour mieux rappeler quelle place le show biz laisse habituellement aux gens issus des « minorités visibles ». Lui, il préfère les « majorités risibles ». Alors, il se raconte comme il raconte l’histoire des Noirs, et un peu des Arméniens. Le spectacle démarre sur une séquence vidéo montrant les personnages noirs dans le cinéma des années 30 : Tarzan et les porteurs noirs chutant dans des précipices ou bouffés par les crocodiles, « façon kebab » ; les « bons nègres », danseurs ou musiciens, façon Ya bon Banania, tout sourire avec de grands yeux naïfs… «  Il y avait peut-être le grand-père de Roselmack parmi eux ! » Auparavant, il est entré sur scène avec une sagaie, vêtu d’un pagne nanti d’un étui pénien…

Le métis illégitime

_MG_6397retouche_copyright-Philippe-GUEGUEN_MD.jpgLe public s’inquiète. Mais l'acteur revient tel qu’on l’attend, en Pascal Légitimus, celui des Inconnus, l’improvisateur talentueux au comique musclé. On est rassuré et on rit. Pascal a encore envie de faire rigoler même s’il utilise par nécessité l’autodérision en se moquant de lui au petit Théâtre de Bouvard dans les années 80. Mais quel talent quand il joue la dame patronnesse du catéchisme, l’ami d’enfance tendance droite popu heureux de retrouver « Kinder Bueno, son pote des inconnuls », sa tante marie-galantaise et ses lâchers de gaz mâtinés de bondieuseries, son oncle arménien qui n’avait pas l’adresse pour se rendre au mariage des ses parents, Barry White et sa voix orgasmique ou l’Arabe de service, seul rôle qu’on lui offrait à ses débuts… Mais le spectacle transpire aussi la rage. Rage contre le racisme ordinaire, contre l’ignorance. Dieudonné (même le maudit !) n’est  jamais loin, mais toujours hors champ… Pascal Légitimus invoque les grandes figures de Martin Luther King, Malcolm X, évoque crument la traite négrière… Mais toujours avec humour. Pascal rit de tout car il rit de lui ! Il est touchant, émouvant, grave et pourtant comique. Façon Chaplin à qui il rend d’ailleurs un discret hommage… En sortant du théâtre, on a acquis la conviction que Pascal Légitimus n’a jamais eu la carrière qu’il aurait voulu et l’on se prend à l’imaginer interpréter au cinéma un notaire assassin de sa fille ou qu’importe, mais un rôle grave, un personnage tragique. Est-ce illégitime pour un métis ?

FXG (agence de presse GHM)

Photos : Philippe Gueguen

Alone man show, un spectacle écrit par Pascal Légitimus et coloré par Gil Galliot, Rémy Caccia et Arnaud Gidoin, mis en scène par Gil Galliot. Au théâtre du Palace, rue du faubourg Montmartre du mardi au samedi à 20 h 30, en matinée, le samedi à 17 heures. Jusqu’au 7 janvier 2012.

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