Les bonus Bino et Cospar prolonges par l'Assemblee nationale
Les bonus salariaux prorogés à l’unanimité à l’Assemblée nationale
Sur 44 votants (même s’il n’y avait pas plus de quinze députés dans l’hémicycle, hier après-midi), 38 ont soutenu la proposition de loi du senateur Vergoz (PS-Réunion) pour proroger jusqu'à fin décembre le régime social du bonus exceptionnel outre-mer. Le Sénat l’a adopté le 2 avril dernier avec l’abstention de l’UDI. Cette fois, aucune voix ne s’est portée contre ; les centristes ont voté pour. Mais leur porte-parole, Yves Jégo, en a profité pour décocher une flèche au ministre des Outre-mer, l’invitant à changer de cap, à avoir une « vision stratégique pour un développement endogène ». « Ca manque de souffle ! », a-t-il réitéré. Mais il n’est pas resté écouter la réponse, non sans véhémence, de Victorin Lurel… Ce dernier a donné l’avis favorable du gouvernement au nom « de la compétitivité des entreprises et du pouvoir d’achat des consommateurs ». L’Etat, a développé le rapporteur de la commission des affaires sociales, Gabrielle Louis-Carabin (app. SRC-Guadeloupe), prendra en charge sur le budget de la mission outre-mer les 12 millions d’euros nécessaires pour compenser le manque à gagner des caisses sociales. Les quatre DOM sont concernés par ce dispositif de bonus salarial d’un montant annuel maximum de 1500 € (50 a 60 par mois) touchant les trois-quarts des actifs (ceux n’excédant pas en moyenne 1,2 SMIC). Ils seraient 51 600 en Guadeloupe, 24 400 en Guyane et 94 400 a la Réunion. Les chiffres de la Martinique n’ont pas été fournis, ni lors du débat au Sénat. « Cette ultime prolongation est indispensable », a lancé Mme Carabin. Et pour mieux en montrer l’urgence, Ary Chalus (RRDP-Guadeloupe) n’a pas hésité à convoquer devant la représentation nationale les fantômes de mai 1967 et l’esprit de Jacques Bino, ce syndicaliste des impôts mort par balle, le 18 février 2009, et qui a laissé son nom à l’accord interprofessionnel et à ce bonus déchargé. « Si on supprimait ce bonus, a prévenu le député maire de Baie-Mahault, 8000 entreprises et 20 000 emplois sont menacés. Ça va relancer le mouvement social. » Pour justifier cette « obligation de prolongation », Patrick Lebreton (SRC-Réunion) s’est fait un malin plaisir de brocarder « les grandes fortunes d’Outre-mer qui avaient alors l’écoute de l’Elysée en 2009, tandis qu’Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer ne l’avait pas »… Monique Orphé (SRC-Réunion) a déclaré : « L’urgence est devenue permanente »… Elle a rappelé que 8000 entreprises réunionnaises devaient 1,2 milliard aux caisses des organismes sociaux et que 50 % des ménages vivaient avec moins de 850 € par mois. Ericka Bareigts (SRC-Réunion) a dit le prix du bonus Cospar : « 20 policiers blessés, 20 interpellations, tous dus à une frustration non contenue » Elle a aussi signalé l’écart de 21 ans entre l’indice de développement humain de la Réunion et celui de l’Hexagone.
« Ce qui a permis ce bonus exceptionnel, a déclaré Alfred Marie-Jeanne (GDR-Martinique), c’est l’exceptionnelle mobilisation des peuples en 2009. Le bonus résulte de la revendication cristallisée autour de la vie chère, du chômage et de l’attitude provocatrice de certains patrons… » Et comme les accords professionnels ont été repris dans l’article 3 de la LODEOM, le Martiniquais conclut : « La nécessité a fait loi. » Bruno-Nestor Azérot (GDR-Martinique) est resté dans le registre des « outre-mer poudrières » et a plaidé pour une grande loi globale de développement économique des outre-mer.
En 2014, lorsque s’éteindra le dispositif Cospar, le crédit d’impôts et le RSA devraient en prendre le relais. « Je ne suis pas persuadé que les 4% du crédit d’impôts compenseront la perte du bonus et le passage du RSTA au RSA va susciter bien des déceptions », a averti Yves Jégo, se faisant Cassandre.
FXG, à Paris
Jean-Philippe Nilor fustige Air Caraïbes
Le député Jean-Philippe Nilor du Mouvement indépendantiste martiniquais a profité de la séance de questions au gouvernement pour fustiger « la désinvolture » d’Air Caraïbes à l’occasion de sa promotion du 1er avril. Le député a commenté son intervention : « Trop longtemps qu’on se fait balader sur la question de la continuité aérienne avec des tarifs abusifs. » Il a aussi regretté que les Domiens de l’Hexagone soient exclus des dispositifs d’aide. Et c’est en pensant à eux qu’il a ciblé la compagnie régionale : « Ce qui s’est passé le 1er avril à Orly avec la supercherie d’Air Caraïbes montre l’acuité du problème et la désinvolture dans laquelle certaines compagnies gèrent ce problème. Sans parler de la baisse de moitié de la franchise bagage. Ça va a l’encontre de la logique du développement économique. »
Le 1er avril dernier, Air Caraïbes lançait une promotion de 50 billets à 100 euros pendant cinq jours pour les premiers à se rendre au nouveau comptoir de vente de la compagnie à Orly sud. L’affluence a été telle ce lundi de Paques que les CRS ont dû intervenir… La promotion s’est transformée en loterie sur Internet.
FXG