Les Kali'na de Guyane et le jardin d'acclimatation
Les Kali’na refusent de revenir au zoo humain de leurs ancêtres dans le cadre de l’année des Outre-mer
« Le jardin d’acclimatation, appelé également jardin colonial, a été un des sites d’accueil des expositions coloniales des 19 et 20e siècles en France (…) Des Kali’na du bas Maroni furent exposés entre 1882 et 1892 (à trois reprises) dans ce jardin d’acclimatation. Ils y avaient reconstitué un village et devaient vaquer à leurs occupations, dites traditionnelles, sous les yeux des visiteurs. » Ces quelques mots écrits par Jean-Paul Fereira, le maire de la commune guyanaise d’Awala Yalimapo, adressés à la députée Christiane Taubira, justifient le refus des Amérindiens Kali’na de venir participer, comme c’était prévu, à l’opération Un jardin en outre-mer qui doit se tenir du 8 avril au 8 mai, dans le cadre de l’année des Outre-mer français… C’est un des points forts des événements de cette année 2011 consacrée à nos outre-mer et ce rappel historique du maire d’Awala Yalimapo tombe plutôt mal. Christiane Taubira s’en est fait l’écho en alertant la presse et en demandant à la ministre de l’Outre-mer de « modifier le lieu de cet événement ». Pas sûr toutefois que cela suffise à remettre en cause l’opération. En effet, les Amérindiens français n’ont jamais bénéficié dans l’Hexagone du moindre intérêt, y compris quand leurs enfants se faisaient (se font ?) empoisonner par le mercure des orpailleurs. On peut imaginer la réaction des Kanak si une telle opération avait été organisée au parc de Vincennes (où des Kanak tel que le grand-père de Karembeu y avaient été exposés en 1931) ou celle des descendants d’esclaves si l’on avait organisé un tel salon de l’artisanat et de l’excellence ultramarine au Fort de Joux, lieu d’enfermement de Toussaint Louverture, celui à qui l’on doit la première abolition de l’esclavage en 1791 !
Au ministère de l’Outre-mer, on relativise la portée de l’événement car, assure-t-on dans l’entourage de la ministre, « il y aura des explications ». « L’objectif de l’année des Outre-mer est de changer le regard et il y aura des colloques et des moments de réflexion pour faire le lien entre présent et passé. On n’est pas là pour nier ces faits mais pour en parler. » Plus incisif, par rapport à ce que Marie-Luce Penchard qualifie de polémique, le même entourage assure que « l’année des Outre-mer ne doit pas être l’occasion pour certains de refaire l’histoire ». « Je soutiens son choix ! » Marie-Luce Penchard a vigoureusement défendu le commissaire de l’année des Outre-mer, Daniel Maximin qui a « suffisamment écrit sur l’esclavage pour qu’on ne lui fasse pas ces griefs ». La ministre a rappelé que le commissaire avait multiplié les rencontres avec les populations locales. « Si un maire s’est exprimé, a-t-elle ajouté, il faut expliquer mais personne n’est dupe de cette polémique à quelques jours des cantonales. »
FXG (agence de presse GHM)