Les nouveaux députés martiniquais découvrent l'Assemblée nationale
Nilor et Nestor-Azerot entrent à la Chambre
Les deux nouveaux députés de la Martinique, Nilor et Nestor-Azerot, ont fait leur entrée, hier, au palais Bourbon.
« Je voyais ça plus grand… » « Moi aussi. » Jean-Philippe Nilor et Bruno Nestor-Azerot n’ont pas caché leur étonnement quand ils sont entrés dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale alors qu’ils foulaient pour la première fois, en tant qu’élus, les marbres du palais Bourbon. Leur arrivée à Paris a été à l’égal de leur départ, la veille au Lamentin, puisque les deux nouveaux parlementaires ont été réceptionnés chaleureusement par un comité d’accueil populaire à Orly. A l’assemblée, c’est un huissier en queue-de-pie qui les a accueillis et guidés dans le parcours des formalités obligatoires (inscription, transports, photo, sécurité sociale, remise de la valise avec l’écharpe tricolore, l’insigne et le règlement de l’Assemblée…). Tout émus, les deux hommes avaient tenu à partager ensemble ce moment. « Nous sommes tous les deux conseillers généraux depuis 2004, raconte Jean-Philippe Nilor, et Bruno m’avait prédit que nous entrerions ensemble à l’Assemblée nationale. » Les deux élus sont d’abord des amis même s’ils n’appartiennent pas aux mêmes formations politiques. « Nous sommes contraints de travailler ensemble », lâche Bruno Nestor-Azerot. Celui-ci ne dit pas encore dans quel groupe il veut siéger, mais il penche pour le groupe PS. « J’ai été approché et je n’ai pas encore décidé. ». Jean-Philippe Nilor a choisi de siéger, comme son mentor Alfred Marie-Jeanne, dans le groupe du Front du gauche (s’ils arrivent à en monter un car pour l’heure, ils ne sont que 14 avec la Réunionnaise Huguette Bello et le Guyanais Gabriel Serville et il en faut 15). « Il faut, explique M. Nilor, faire partie d’une groupe qui nous laisse toute l’indépendance nécessaire pour exprimer les positions les plus fermes pour défendre les intérêts de la Martinique. » Les deux hommes reconnaissent en Victorin Lurel, le nouveau ministre des Outre-mer, un « homme de qualité ». « C’est un homme qui connaît bien les dossiers de l’outre-mer et c’est un bosseur », estime l’élu RDM. « Il a une grande valeur, reprend son collègue du MIM et je lui souhaite toute la réussite ; il aura besoin de beaucoup de courage. Mais ce n’est pas un ami politique. » Bruno Nestor-Azerot a indiqué qu’il souhaitait siéger à la commission des affaires sociales, Jean-Philippe Nilor veut prendre un temps de réflexion.
« J’ai déjà, indique Bruno Nestor-Azerot, fréquenté cet hémicycle et les couloirs des ministères en tant que maire de Sainte-Marie, mais cette fois c’est différent, c’est une autre dimension. Je vais voter des lois, contrôler le gouvernement, voter le budget et il y a des attentes fortes. » Alors, ce 22 juin, Bruno Nestor-Azerot a pensé à son père. « Il est mort le 29 février 2008 et il m’avait toujours prédit un avenir politique. Il n’était plus là quand je suis devenu maire et aujourd’hui, là où il est, il doit être fier de moi. J’aurai besoin de son soutien. » Jean-Philippe Nilor pensait à un vieil ami, lui aussi décédé, Raphael Longchai, un marin pêcheur de Sainte-Luce, mais aussi à ses deux grands-pères… « C’est un élan qui nous porte à incarner un espoir pour la Martinique », lâche-t-il presque lyrique avant de redevenir plus pragmatique, tout comme Bruno Nestor-Azerot, lorsqu’on leur pose la question du prochain rendez-vous. Ils répondent à l’unisson : « L’assemblée unique ! »
FXG (agence de presse GHM)