Les péniches de Jocelyn Golitin
Les péniches de Jocelyn Golitin
Le Guyanais Jocelyn Golitin est un chef d’entreprise parisien et, à 54 ans, il lève le pied ! C’est-à-dire qu’il n’achètera pas de nouveau bateau. Patron d’une flotte de deux péniches, l’Alizé et Le Mistinguett, il a cédé le fonds de commerce de son troisième navire, le Boer 2, à deux anciens collaborateurs, Serge Bonheur et Nina Melliot. « Le Boer 2 est amarré au pied de la bibliothèque François-Mitterrand et 50 000 ultramarins passent une soirée dessus chaque année ! » Jocelyn est heureux de passer la main après avoir hissé sa société au top des dîners croisières spectacles de Paris quand aujourd’hui ce sont des groupes tels Accor ou Sodexo qui s’intéressent à ce marché… « Nos compatriotes des Antilles ou de la Guyane se disent qu’un chiffre d’affaires de 300 ou 400 000 €, c’est trop de zéros pour eux ! Or, on peut le faire avec l’éducation et la formation. » Jocelyn Golitin est un ancien membre des Comité de diversité républicaine (il n’a jamais compris pourquoi il avait été passé à tabac à 22 ans dans un commissariat) et un des piliers du réseau Outre-mer Network. Il s’est d’ailleurs mis en tête d’aider une jeune Guadeloupéenne qui voudrait ouvrir un restaurant haut de gamme dans son île. « Je la fais travailler avec mon chef, Arsène Ammoff, qui l’a présentée au chef pâtissier de Ritz… » Jocelyn Golitin estime qu’il faut savoir redonner quand la vie lui a permis d’en arriver là.
Mais quel parcours pour cet enfant du Bumidom ! Fils d’un fonctionnaire de police, il a débarqué à Paris avec ses quatre frères et sœurs à l’âge de 5 ans. Et s’il a gardé des liens forts avec sa famille en Guyane, il est devenu un vrai titi parisien. Au sortir de ses études, il est micro-technicien sur les instruments de bord d’avion, athlète de haut niveau et danseur. A la fin des années 1980, contre 150 000 Francs, il achète avec un associé une vieille péniche pour en faire un atelier. « On voulait fabriquer des ailes d’ULM pour l’épandage… » Très rapidement, on leur demande s’ils peuvent louer l’atelier pour une soirée.
Outremer network en Guyane
« C’est alors qu’on s’est rendu compte de ce qu’on avait en main… » Ils commencent à aménager la péniche, installer une sono… Mais très vite, ce Guyanais et sa péniche dérangent dans le paysage fluvial parisien. « Le port autonome de Paris m’a fait couler. » Il repart de zéro en 1994 en créant l’EURL Joce. Il fait de l’événementiel et de la location de salle avec ses bateaux. Ses clients sont General Motors, KPMG, Banque de France ou Jean-Jacques Goldmann. Grâce à son activité d'entrepreneur du spectacle, la compagnie a tissé un réseau solide d'artistes et de comédiens. Elle évolue ainsi dans le secteur du spectacle vivant et du tourisme fluvial francilien en développant ses propres concepts de spectacles en navigation (Paris Caraïbes, Paris Cancan, Paris romantic show, Paris en chanson). Jocelyn Golitin qui a aussi développé avec succès les concepts de restaurants événementiels (notamment à la Foire de Paris) a bien pensé à exporter ses idées en outre-mer avec des bateaux qui accueillent le public à quai, dans les marinas des Antilles ou dans l’embouchure des fleuves en Guyane, mais « c’est un projet à 11 millions € » pour lequel il hésite à se lancer. Si Serge Létchimy lui a réaffirmé plusieurs fois son intérêt, il hésite avec la Guyane où il a été échaudé quand il a voulu y produire des spectacles en 1997… « J’envisage un retour au pays, plus par conviction, pour aider les jeunes qui ont la niaque ! » C’est ainsi qu’il annonce la création d’Outre-mer network en Guyane pour développer des axes de formation haut de gamme pour les jeunes dans le management hôtelier en liaison avec les organismes nationaux de formation…
FXG (agence de presse GHM)